Facebook met sur pause une version d’Instagram pour les enfants vivement critiquée

Facebook a finalement plié face aux multiples critiques : le groupe va “mettre sur pause” son travail sur une version d’Instagram pour les moins de 13 ans afin de répondre aux reproches émis avant même son lancement au nom de la santé mentale des enfants.

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OLIVIER DOULIERY / AFP

L’entreprise se dit toujours convaincue de l’intérêt de concevoir une version différente du réseau social principalement basé sur les photos, baptisée pour l’instant “Instagram Kids”.

“Les enfants ont des téléphones de plus en plus jeunes, mentant sur leur âge et téléchargeant des applications destinées aux 13 ans ou plus”, rappelle lundi le responsable d’Instagram, Adam Mosseri, dans un billet sur le blog du réseau social.

“Nous croyons fermement qu’il est préférable pour les parents d’avoir la possibilité de donner à leurs enfants accès à une version d’Instagram conçue pour eux (…) plutôt que de compter sur la capacité d’une application à vérifier l’âge d’enfants trop jeunes pour avoir une pièce d’identité”, ajoute-t-il.

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Mais face aux multiples critiques appelant Facebook à abandonner le projet, le groupe souhaite désormais prendre plus de temps “pour travailler avec les parents, les experts et les décideurs politiques afin de démontrer la valeur et la nécessité de ce service”.

La décision de Facebook intervient quelques jours après la publication par le Wall Street Journal d’une série d’articles révélant que l’entreprise était, à la suite de ses propres recherches, bien consciente de l’impact potentiel d’Instagram sur la santé mentale des adolescents.

L’entreprise a contesté la présentation de ses travaux par le quotidien, assurant que ses recherches avaient montré des effets aussi bien positifs que négatifs sur les plus jeunes de l’utilisation des réseaux sociaux.

Il n’empêche : elle a conduit à l’organisation d’une audition au Congrès, le 30 septembre, baptisée : “Protéger les enfants en ligne : Facebook, Instagram et les dangers pour la santé mentale”.

Les procureurs généraux de 44 États avaient déjà adressé, en mai, une lettre au fondateur du groupe californien, Mark Zuckerberg, évoquant les recherches montrant une corrélation entre l’utilisation des réseaux sociaux et la “hausse de la détresse psychologique et des comportements suicidaires au sein de la jeunesse”.

Ils y mentionnaient entre autres les torts causés par la comparaison permanente avec ses pairs, comme les troubles de l’alimentation (anorexie, boulimie), ainsi que les dangers du harcèlement en ligne par d’autres adolescents ou par des adultes criminels.

Un collectif militant contre le marketing ciblant les enfants emmené par l’organisation FairPlay avait envoyé quelques semaines plus tôt une lettre à Mark Zuckerberg allant dans le même sens.

“Quand, il y a six mois, on a appris que Facebook prévoyait une version pour enfants d’Instagram, tout le monde est parti du principe que c’était un fait accompli parce que Facebook fait généralement ce qu’il veut”, a réagi lundi le directeur général de Fairplay, Josh Golin.

Il est désormais démontré “qu’en travaillant ensemble, nous pouvons demander des comptes à Facebook et donner de l’espoir à tous ceux qui pensent que le bien-être des enfants doit passer avant les bénéfices des géants de la Tech”, a-t-il ajouté.

La suspension de la mise en œuvre de l’“Instagram Kids” ne signifie pas que le groupe “reconnaît que le projet est une mauvaise idée”, assure de son côté Facebook.

L’idée est de construire une version pour les 10-12 ans qui soit différente de celle destinée aux plus âgés, sans pub, avec des contenus appropriés et requérant l’autorisation des parents.

En attendant de reprendre le développement de la version pour les plus jeunes, le réseau social dit vouloir continuer à installer de nouveaux outils pour “permettre aux parents de superviser les comptes de leurs enfants” sur Instagram, théoriquement réservés aux 13 ans et plus.

Le groupe prévoit de faire des annonces dans les mois à venir.