L’ONG américaine Human rights watch a publié son rapport 2015 ce 27 janvier. Pour le Maroc, l’organisation note « un recul dans plusieurs domaines et des progrès dans quelques autres ».
Liberté d’expression : des reculs
Concernant la liberté d’expression, HRW ne trouve pas vraiment d’avancée. Elle revient sur le cas Ali Lmrabet, confronté à des « obstacles administratifs » pour l’ « empêcher de lancer son hebdomadaire satirique », les deux journalistes français expulsés en février ou encore le fait que les journaux indépendants sont « victimes de harcèlement s’ils critiquent le roi ou ses conseillers », selon l’ONG. A noter que Ahmed Benchemsi, nommé directeur communication et plaidoyer à HRW en juillet 2015, avait été en procès alors qu’il était journaliste face à Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi.
Liberté de réunion : pas pour Al Adl Wal Ihsan
L’ONG félicite le fait que des manifestations de protestation ont souvent été autorisées, mais pointe du doigt que celles organisées dans le Sahara sont « systématiquement interdites » (bien que 2015 ait été marquée par la première reconnaissance d’une association sahraouie de défense des droits de l’Homme) quand elles sont hostiles à l’intégrité territoriale. Le rapport rappelle que les autorités ont à plusieurs reprises dispersé des rassemblements pacifiques par la force. Le document revient sur la décision judiciaire de dissoudre l’association Mémoire et droits d’Ifni pour avoir porté préjudice à l’intégrité territoriale du royaume. L’ONG regrette que beaucoup d’associations n’aient pas pu s’enregistrer parce que leurs dirigeants sont des membres d’Al Adl Wal Ihsan.
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L’ONG revient ensuite sur sa propre expérience. D’après elle, pendant 25 ans, aucune entrave n’a été imposée à Amnesty International ou bien à HRW pour qu’elles puissent travailler au Maroc. Mais en 2015, deux chercheurs d’Amnesty International ont été expulsés et le gouvernement marocain a demandé à HRW d’arrêter son action dans le royaume en attente d’une prochaine rencontre. D’après l’ONG, le Maroc n’a toujours pas répondu aux propositions de rendez-vous qu’elle a formulées.
Maâti Monjib et Hicham Mansouri et trois autres militants associatifs ont été accusés par les autorités d’avoir reçu des financements étrangers afin d’« atteindre à la sûreté intérieure de l’État ». Leur procès s’est ouvert le 27 janvier. HRW réclame l’arrêt des poursuites.
HRW revient aussi sur l’expulsion d’activistes, signalant notamment le cas d’une militante suédoise pro-Polisario.
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Système pénal, comportement policier et torture
Le mécanisme de protection nationale contre la torture n’a toujours pas été adopté. L’ONG regrette que des islamistes arrêtés au lendemain des attentats de Casablanca de 2003 continuent d’être emprisonnés alors qu’ils « n’ont pas bénéficié de procès équitables » et ont subi des « mauvais traitements » lors de leur détention provisoire. D’ailleurs, HRW estime que la justice a trop souvent recours à la détention provisoire. Cela concerne 40 % de la population carcérale.
Homosexualité et adultère : la vie privée toujours violée
Ce n’est pas une surprise. HRW a déjà publié des communiqués pour dénoncer la pénalisation de l’homosexualité et de l’adultère. Mais le rapport revient sur les cas de Hicham Mansouri et Mustapha Errik, respectivement militant pour le journalisme d’investigation et membre de l’organisation non autorisée, mais tolérée Al Adl Wal Ihsane.
Concernant la politique migratoire, l’ONG a un regard plutôt positif. Une carte de séjour a été donnée à 500 réfugiés. Et des milliers de migrants économiques ont profité de la campagne de régularisation exceptionnelle. En 2014, HRW était beaucoup plus critique en la matière.
Et des pays alliés frileux
Human rights watch termine son rapport sur le Maroc par un réquisitionnaire à l’encontre des étrangers. L’organisation dénonce la France et les États-Unis, qui « n’osent pas critiquer les atteintes aux droits de l’Homme commises au Maroc » ou encore le refus de l’ONU d’élargir le mandat de la Minurso aux droits de l’Homme.
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