Un an après le carnage de Melilla, les autorités espagnoles et marocaines continuent non seulement de nier toute responsabilité, mais empêchent toute tentative de recherche de la vérité » a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale de l’ONG, qui reproche entre autres aux autorités locales de ne pas avoir rapatrié les dépouilles des victimes, en plus de n’avoir fourni ni liste complète identifiant les décès et leurs causes ni vidéos de sécurité qui auraient pu servir aux investigations.
En novembre 2022 lors de sa deuxième comparution devant le Parlement, le Premier ministre espagnol de l’époque, Fernando Grande Marlaska, avait insisté : « Je l’ai déjà dit et je le répète de nouveau : nous parlons de faits tragiques qui ont lieu en dehors de notre pays. Il n’y a eu aucune perte de vie humaine sur notre territoire national ».
« Je peux avoir de l’empathie pour les causes » ayant poussé ces personnes à vouloir émigrer en Europe comme « les guerres (…), mais cela ne justifie pas l’attaque violente des frontières d’un pays », expliquait Marlaska en défendant de nouveau la réponse « proportionnelle » des forces de l’ordre
Un mois plus tard, soit en décembre 2022, un rapport sur les événements ayant eu lieu lors du drame a été rendu public par Amnesty et il n’a pas manqué de faire réagir la Direction interministérielle des droits de l’homme (DIDH) qui dénonçait alors « le manque d’objectivité et d’impartialité » de l’ONG, dont la première faiblesse résidait, toujours selon la DIDH, dans le fait que l’ONG a passé à la trappe d’une manière douteuse toutes les informations livrées dans la réponse des autorités publiques sur les incidents, publiée le 12 septembre 2022.
Le CNDH avait par ailleurs également publié, mercredi 13 juillet, un rapport dans lequel étaient présentées de nombreuses conclusions suite à une enquête préliminaire menée par des la mission d’information du conseil. Ledit rapport faisait donc état de 23 décès et de 217 blessées, dont 77 migrants, 140 membres des forces de l’ordre marocaines. S’agissant de la cause des décès, le rapport évoque l’ »asphyxie mécanique par suffocation provoquée par la bousculade » et l’« agglutination du nombre important de victimes dans un espace hermétiquement clos ».
« Les leçons de Melilla doivent être tirées sinon les pertes arbitraires de vies humaines, la violence et l’impunité aux frontières se poursuivront », a affirmé la secrétaire générale d’Amnesty, en faisant le lien avec le tout récent drame survenu sur les côtes grecques.