Sahara : les sénateurs colombiens rejettent la reconnaissance du Polisario par le président Petro

Après avoir décidé de rétablir les relations entre la Colombie et le Polisario, trahissant les “principes de base de la diplomatie colombienne”, le président colombien, Gustavo Petro, a vu sa décision rejetée catégoriquement par les sénateurs du pays.

Par

Le nouveau président colombien Gustavo Petro prononce un discours après avoir prêté serment lors de sa cérémonie d'investiture sur la place Bolivar à Bogota, le 7 août 2022. Crédit: Juan Barreto / AFP

A travers une pétition, les sénateurs colombiens ont catégoriquement rejeté la décision du président Petro, visant à renouer les relations avec le front séparatiste du Polisario. Avec les signatures de 62 sur 108 des sénateurs, ladite pétition comprenait les signatures de 9 partis politiques, y compris ceux constituant le gouvernement de Petro.

Lue mardi 25 octobre en séance plénière, par le secrétaire général du Sénat, Gregorio Eljach Pacheco, qui a lui-même signé la pétition, la pétition indique : “Nous, soussignés, membres du Sénat, exprimons notre rejet catégorique et notre désaccord absolu avec la position prise par le ministère des Relations extérieures le 10 août 2022, qui a confirmé la validité de la déclaration conjointe signée le 2 février 1985”.

Ainsi, les signataires de ladite pétition dénoncent, à travers cette dernière, la volonté de “rétablir des relations diplomatiques avec ce mouvement séparatiste qui se proclame pays, mais n’est en fait pas reconnu par la grande majorité des pays du monde ni par les Nations Unies”.

Le Maroc est “un grand pays ami et allié, qui représente pour la Colombie un partenaire stratégique et privilégié en Afrique et dans le monde arabe, au regard de son leadership et la reconnaissance dont il jouit au niveau régional, continental et mondial”, a soutenu la motion, qui a été remise à l’ambassadeur du Maroc en Colombie, Farida Loudaya et sera soumise par le Sénat à la Présidence de la République et au ministère des Relations extérieures.

L’ambassadrice du Maroc en Colombie, Farida Loudaya, lors de la présentation de ses lettres de créance au président Juan Manuel Santos Calderón, en février 2017. C’est la période où les rapports entre Rabat et Bogota se réchauffent.Crédit: AFP

“Depuis 1985, ajoute la motion, le monde a évolué, et le différend autour du Sahara aussi, une affaire qui a pris un tournant décisif en 2007, quand le Maroc a présenté l’initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara, en vue de sortir du statu quo et résoudre un différend régional qui dure depuis près d’un demi-siècle”.

À cet égard, les sénateurs colombiens ont fait observer que la Colombie a maintenu, pendant de nombreuses décennies, une position constructive, soutenant les efforts déployés par le Maroc en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable sur la base de cette initiative, dont la prééminence est consacrée par 18 résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies depuis 2007, et qui a été qualifiée de “sérieuse, crédible et réaliste”, tant par le conseil de sécurité de l’ONU que par la communauté internationale.

à lire aussi

Les sénateurs ont également relevé l’importance du Maroc en tant que porte d’entrée de l’Afrique et du monde arabe et un pays à l’avant-garde dans des secteurs clés pour les intérêts de la Colombie, ce qui en fait un partenaire stratégique dans de multiples secteurs d’une importance primordiale.

“C’est pour cette raison que, dans le cadre du respect total de l’intégrité territoriale des États membres de l’ONU, d’autant plus que cette question est d’une importance fondamentale pour le Maroc, puisqu’elle concerne son intégrité territoriale et sa souveraineté, les sénateurs de la République soussignés, exhortons le gouvernement du président Gustavo Petro et son ministère des Relations extérieures à procéder à une révision de la décision adoptée et de soutenir les efforts du secrétaire général des Nations Unies et du conseil de sécurité, pour parvenir à une solution politique, pragmatique, réaliste et durable à ce différend régional, conformément à la légalité internationale, et promouvoir la paix et la stabilité dans cette région du monde”, conclut la motion.

(avec MAP)