Drame de Melilia : l’Espagne n’a pas respecté les droits des migrants, juge le Défenseur du peuple

L’Espagne n’a pas respecté les “garanties légales” des migrants lors du drame de Melilia, où 23 clandestins sont décédés fin juin lors d’une tentative d’intrusion massive, a estimé vendredi le Défenseur du peuple espagnol.

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Des migrants au Centre temporaire pour immigrés et demandeurs d’asile (CETI) à Melilia après avoir franchi la barrière frontalière séparant l'enclave espagnole et le Maroc, le 2 mars 2022. Crédit: El Faro TV / AFP

La mort des 23 migrants a découlé d’une “situation de risque prévisible”, compte tenu “de l’évolution initiale des événements”, a estimé Ángel Gabilondo, le Défenseur du Peuple, qui a rendu publiques les premières conclusions de son enquête sur ce drame.

Les autorités espagnoles, qui ont refusé ce jour-là l’accès à la frontière de “470 personnes”, n’ont par ailleurs pas pris en compte “les garanties légales nationales et internationales” dont bénéficient les migrants, a ajouté M. Gabilondo.

Selon lui, le refus d’entrée sur le territoire espagnol doit en effet se faire sur des bases “individualisées”, et avec un “plein contrôle judiciaire”, ce qui n’a pas été le cas ce jour-là, dit-il.

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Une analyse contestée par le ministère de l’Intérieur espagnol. “Tous les refus d’entrer survenus le 24 juin à la frontière entre Melilla et Nador ont été effectués dans la plus stricte légalité”, a assuré un porte-parole du ministère dans une déclaration transmise à l’AFP.

Le ministère, qui insiste sur le caractère “provisoire” des conclusions d’enquête rendues publiques vendredi, a réitéré son “ferme soutien” aux forces de sécurité espagnoles, tout en renouvelant ses “condoléances” aux familles des victimes.

Le 24 juin, près de 2000 clandestins originaires en majorité du Soudan, pays très pauvre miné par les conflits, avaient tenté de s’introduire en force dans l’enclave espagnole de Melilla en territoire marocain.

Cette tentative d’intrusion, précédée de violents heurts entre migrants et forces marocaines dans des campements clandestins installés aux alentours de Nador, avait fait 23 morts selon les autorités marocaines — 27 d’après l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH).

Ce drame, le plus meurtrier jamais enregistré lors d’une des nombreuses tentatives d’intrusion de migrants à Melilia et dans l’enclave espagnole voisine de Sebta, avait suscité de vives critiques de la part des associations de défense des droits humains, mais aussi de l’ONU et de l’Union africaine.

Trois enquêtes ont été ouvertes pour “faire la lumière” sur ces événements : une au Maroc par le procureur de Nador, une en Espagne par le ministère public, et une dernière — non judiciaire — par le Défenseur du Peuple, saisi par des ONG.