Drame de Melilia : les eurodéputés mettent fin à leur mission après avoir été empêchés d'accéder au Maroc

Le groupe de gauche du Parlement européen a mis fin ce mercredi 21 septembre à sa mission au Maroc après que les autorités locales ont empêché, la veille, deux députés européens d'entrer dans le pays pour y recueillir des informations sur les circonstances de la mort des 23 migrants qui tentaient de franchir la clôture lors du drame de Melilia le 24 juin.

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Un membre des forces de sécurité marocaines à la frontière séparant le Maroc de l'enclave espagnole de Melilia, le 26 juin 2022. Crédit: AFP

Les membres de la mission : Miguel Urbán (Anticapitalistas), Pernando Barrena (ancien député européen de Bildu) et l’Allemande Cornelia Ernst (Die Linke), ont pris contact avec la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, pour expliquer ce qui s’est passé et transmettre leurs plaintes, ont déclaré des sources du groupe à l’agence espagnole EFE.

Urbán a dénoncé sur les réseaux sociaux la manière dont les autorités frontalières marocaines ont empêché la délégation d’entrer au Maroc mardi 20 septembre. Les eurodéputés se rendaient dans la ville frontalière de Nador depuis Melilia, où ils se trouvaient depuis lundi pour visiter le centre de séjour temporaire pour immigrants et rencontrer la Commission espagnole d’aide aux réfugiés.

« Nous sommes à Melilia depuis deux jours et nous voulions aller au Maroc pour participer à l’enquête sur les événements, sur les meurtres. S’ils ne veulent pas que nous passions (…) alors ils ont quelque chose à cacher », a déclaré Urbán dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, où il a également prévenu que les eurodéputés exigeraient que le Parlement européen et le gouvernement espagnol « dénoncent ce qui s’est passé ».

Dans une déclaration, les eurodéputés ont expliqué qu’ils étaient accompagnés de différents membres d’ONG européennes et d’avocats, soit seize personnes au total, et que la police des frontières marocaine leur a refusé l’entrée « avant même » qu’ils puissent remettre leur passeport et « sans aucune sorte d’explication ».

La mission comprenait une visite de Nador et de l’hôpital qui s’y trouve, où certains blessés ont été traités le 24 juin, ainsi qu’une réunion à Rabat avec l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), une réunion avec des journalistes à Casablanca et des rencontres avec plusieurs migrants qui ont survécu au drame de Melilia.

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La mission qui s’est vue refuser l’entrée était une initiative indépendante du groupe de la gauche, mais la commission des libertés civiles du Parlement européen envisage également d’envoyer une mission d’enquête à Melilia dans les prochains mois, bien qu’aucune date n’a encore été fixée, afin de faire la lumière sur les circonstances de la tragédie du 24 juin.

Cette commission qui traite des questions de migration au Parlement européen, a demandé au ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, de se présenter devant les députés européens pour expliquer la gestion de cette « crise » par le gouvernement.

Des membres du groupe de gauche au Parlement européen ont déclaré qu’ils continueraient à demander au gouvernement espagnol d’autoriser Grande-Marlaska à se présenter devant les députés européens « pour savoir ce qui s’est réellement passé et qui est responsable de ces décès ».

En séance plénière du Congrès (chambre basse du parlement espagnol, ndlr) ce mercredi 21 septembre, le ministre espagnol de l’Intérieur a souligné que les événements du 24 juin étaient une « tentative intolérable et violente » d’entrée irrégulière de 1 700 immigrants, raison pour laquelle il a défendu la réponse « ferme, calme et proportionnée » de l’État.