Majorel-Sitel : le projet de fusion suspendu

Malgré les efforts déployés pour conclure l’opération, il n’a pas été possible de parvenir à un accord sur la structure finale de la transaction entre Majorel et Sitel en raison du contexte économique actuel.

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Le 24 septembre 2021, Moulay M’Hamed Elalamy, CEO de Saham, et son partenaire Bertelsman font sonner la cloche de l’Euronext, à l’occasion de la première cotation du groupe maroco-allemand Majorel à la Bourse d’Amsterdam. Crédit: DR

Le projet de mégafusion annoncé en juin dernier entre Majorel et Sitel a été suspendu en raison d’une absence d’accord, indiquent les actionnaires majoritaires de Majorel, le Marocain Saham et l’Allemand Bertelsmann, dans un communiqué rendu public ce lundi 19 septembre.

Cette suspension a eu lieu malgré l’achèvement de l’audit préalable et la validation des synergies entre les deux sociétés, indique le même communiqué. “Il n’a pas été possible de s’entendre sur la structure finale de la transaction dans le contexte de l’environnement macroéconomique actuel”, a souligné la même source.

Une des raisons de cette suspension serait l’apparition de divergences de fond lors de la période de négociation, notamment lors de la phase de “due diligence” pendant laquelle les partenaires doivent ouvrir leurs livres de comptes. Est apparue une “asymétrie financière de la capacité d’endettement entre les deux entreprises”, selon une source citée par le magazine Forbes. En clair, l’une des deux parties serait très endettée, et l’autre pas, aliénant ainsi les chances de succès de la fusion, indique la même source.

Dans les faits, Sitel aurait financé une opération de croissance externe antérieure : le rachat de Sykes en septembre 2021, ce en ayant recours à 100 % à de la dette, explique le média spécialisé, qui précise que Sitel disposait de fondamentaux solides lui permettant de faire face à cette opération. Cependant, la banque anglaise qui aurait conseillé Sitel sur cette opération a négocié cet emprunt avec un taux variable, et depuis le déclenchement de la crise ukrainienne, ces derniers se sont envolés, ce qui ajoute plusieurs centaines de millions d’euros de taux d’intérêt à la balance du nouvel ensemble.

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Le 20 juin dernier, le groupe Saham, fondé par l’ancien ministre Moulay Hafid Elalamy (MHE), annonçait être arrivé à un accord sur les termes clés “en vue de la réalisation d’un projet de fusion entre Majorel et Sitel”, afin de donner naissance à un des leaders mondiaux de l’industrie de l’expérience client.

À cette période, les prévisions indiquaient que les actionnaires de Majorel, à savoir Saham et Bertelsman, ainsi que les actionnaires en Bourse et le management de Majorel, allaient se partager une distribution de cash de l’ordre de 4,5 milliards de dirhams, dont, selon nos calculs, à peu près 1,6 milliard uniquement pour Saham.

Ainsi, en l’espace de neuf mois, entre l’IPO de Majorel et la fusion avec Sitel, Saham aurait engrangé l’équivalent de 5,5 milliards de dirhams en numéraire, soit plus de la moitié de la somme empochée suite au deal du siècle réalisé en 2018, lorsque la cession des parts du pôle assurances de Saham Finances au Sud-Africain Sanlam pour 10 milliards de dirhams permettait à MHE de signer une transaction historique.