Il s’agit de la première visite officielle par un chef d’état-major d’Israël dans le royaume. Au cours de son déplacement de trois jours, Aviv Kochavi, ancien chef du renseignement militaire, doit rencontrer Abdellatif Loudiyi, ministre délégué chargé de la Défense, le lieutenant-général Belkheir Al-Farouq, inspecteur général des Forces royales marocaines (FAR) ainsi que des responsables militaires et sécuritaires, selon un porte-parole israélien.
Le rapprochement entre le Maroc et Israël s’est accéléré depuis la normalisation diplomatique opérée en décembre 2020 dans le cadre des accords d’Abraham, un processus entre l’État hébreu et plusieurs pays arabes, soutenu par Washington.
Ainsi, pour la première fois, des observateurs militaires israéliens ont participé fin juin à l’exercice militaire African Lion 2022, le plus large sur le continent africain, coorganisé par le Maroc et les États-Unis. Fin mars, une délégation de hauts gradés israéliens avait effectué une visite discrète au Maroc — là encore une première qui avait abouti à la signature d’un accord de coopération, envisageant la création d’une commission militaire mixte.
En novembre 2021, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, avait signé à Rabat un protocole d’accord qui encadre les relations sécuritaires avec le Maroc. L’accord prévoit notamment une coopération entre services de renseignement, le développement de liens industriels, l’achat d’armements et des entraînements conjoints.
“La nouvelle OTAN du monde arabe”
Scellé avec la bénédiction de Washington, ce partenariat stratégique et militaire suscite la défiance de l’Algérie voisine, soutien de la cause palestinienne, qui a fustigé “l’arrivée à présent de l’entité sioniste à nos portes”. En début de soirée, une petite centaine de manifestants pro-palestiniens ont protesté, sans incident, devant le Parlement à Rabat contre la visite du chef d’état-major de “l’armée sioniste”.
“Il est là pour une réelle coordination dans ce nouvel axe militaire, cette nouvelle OTAN du monde arabe que les Israéliens, sous le parapluie américain, ont créé et dont Israël est le fer-de-lance, et qui se traduira par un risque de guerre accru”, a dit à l’AFP le militant associatif marocain Sion Assidon, un septuagénaire d’origine juive berbère.
Si la cause palestinienne continue à recueillir la sympathie de la population marocaine, elle ne mobilise plus les foules. La normalisation des relations avec Israël a été obtenue en échange de la reconnaissance par les États-Unis de la la marocanité du Sahara.
D’ailleurs, au plan civil, le partenariat entre le Maroc et Israël se poursuit à un rythme très soutenu dans les domaines technologique, économique, culturel et même sportif.
Selon le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid, cité par les médias israéliens, le Maroc devrait inaugurer son ambassade à Tel-Aviv pendant l’été.
(avec AFP)