Le père de Brahim Saadoun : “Mon fils ne craint pas la mort”

Quelques jours après la condamnation de son fils à la peine capitale par la Cour suprême de la “République du Donetsk”, séparatiste de l’Ukraine, le père de Brahim Saadoun s’est livré ce 27 juin à la presse nationale. TelQuel y était.

Par

Taher, le père de Brahim Saadoun, lors d'une conférence de presse le lundi 27 juin 2022 à Rabat. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Taher Saadoun, père de Brahim Saadoun, l’étudiant marocain condamné à mort au Donetsk, a tenu ce lundi 27 juin à Rabat une conférence de presse afin de rendre compte de l’évolution de l’affaire. Cet ancien officier de la gendarmerie nationale a saisi l’occasion pour éclairer la situation de son fils ainsi que pour démentir plusieurs rumeurs circulant à son sujet.

La nationalité de Brahim en question

Hésitant, le père a affirmé que son fils détenait la nationalité ukrainienne, mais en se référant au communiqué de l’ambassade du Maroc à Kiev. “Personnellement, je n’ai pas vu son passeport ukrainien, mais je l’ai appris (qu’il était ukrainien, ndlr) de sources proches, même l’ambassade du Maroc en Ukraine l’a confirmé dans son communiqué”, a répondu Taher Saadoun aux journalistes.

Il explique que le contact avec Brahim est suspendu depuis l’année dernière, celui-ci évitant souvent tout contact avec son père afin de cacher son engagement dans les rangs des forces ukrainiennes.

à lire aussi

Contrairement aux rumeurs, Taher Saadoun assure que son fils a rejoint la marine ukrainienne en 2021, plusieurs mois avant l’enclenchement de la guerre. “Dès 2021, il a commencé à montrer un intérêt pour le domaine militaire, il se prenait en photo portant le treillis militaire. C’est sa sœur, vivant aux Pays-Bas, qui m’en a informé, mais il niait à chaque fois que je lui demandais”, a-t-il déclaré.

“Je ne l’ai su qu’après la signature de son contrat avec les forces de la marine ukrainienne en 2021, et pas avec les Blackwater (société militaire privée américaine, ndlr), comme le prétendent plusieurs rumeurs”, a démenti l’ancien directeur d’enquêtes à la gendarmerie royale, précisant que son fils s’est engagé dans les forces officielles du pays et sous les couleurs du drapeau ukrainien.

Taher Saadoun n’écarte pas la possibilité que Brahim ait été influencé par le métier de son père.

Appel à intervenir

S’agissant du processus d’appel du jugement de la juridiction séparatiste à l’encontre de son fils, Taher Saadoun a indiqué que ce dernier avait été finalisé par l’avocate désignée par la Cour, mais pas encore déposé. Par ailleurs, il a réaffirmé “sa confiance dans la justice”, ajoutant que son fils, depuis son adolescence, ne redoute pas la mort.

Les deux Britanniques (à gauche et à droite) et le Marocain Brahim Saadoun (au centre), condamnés à la peine de mort le 9 juin 2022 par les autorités séparatistes de Donetsk.Crédit: Capture d'écran - Euronews

Il a ensuite assuré que plusieurs ONG marocaines et internationales de défense des droits humains suivaient de près et soutenaient la position du jeune Brahim, dont l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), saluant également “l’initiative du CNDH (Conseil national des droits de l’Homme, ndlr) d’écrire à l’autorité russe chargée des droits humains”.

À cet égard, le père de l’étudiant condamné a appelé le “gouvernement du Maroc, pays qui a bougé une montagne pour sauver le petit Rayan il y a quelques mois, à intervenir” en vue de préserver le droit de Brahim à la vie.

Quant aux vidéos relayées récemment sur les réseaux sociaux dans lesquelles Brahim renonce à l’islam, Taher Saadoun a fait savoir que son fils avait nié son appartenance à la religion musulmane redoutant d’être accusé d’adhésion à l’État islamique ou à tout autre organisme terroriste.

Le compte Facebook du jeune homme avait d’ailleurs été piraté immédiatement après sa capture par les séparatistes du Donetsk.

Pour rappel, l’étudiant marocain à la Faculté des technologies aérodynamiques et spatiales de l’Institut polytechnique de Kiev (KPI) a été condamné à la peine capitale, le 9 juin, par la Cour suprême du Donetsk, république autoproclamée séparatiste de l’Ukraine. Le tribunal lui a donné droit, ainsi qu’à deux autres ressortissants britanniques capturés, à un mois pour faire appel.