Affaire Brahim Saadoun : des associations appellent à intervenir pour “sauver” le jeune Marocain condamné à mort

Des ONG marocaines ont appelé mardi les autorités de Rabat à intervenir pour "sauver" Brahim Saadoun, condamné à mort avec deux Britanniques pour "mercenariat" en Ukraine, où il combattait pour Kiev contre les forces russes.

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Les deux Britanniques (à gauche et à droite) et le Marocain Brahim Saadoun (au centre), condamnés à la peine de mort le 9 juin 2022 par les autorités séparatistes de Donetsk. Crédit: Capture d'écran - Euronews

Derniers jours d’un condamné ? La présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, a plaidé : « Le plus important maintenant c’est de protéger le jeune Brahim Saadoun, en tant que citoyen marocain, du danger d’être exécuté, ce qui nécessite une intervention urgente des autorités marocaines ».

« Le Conseil suit de près les détails et les développements du dossier », a déclaré Bouayach au site d’information Madar21.


De son côté, le Collectif marocain contre la peine de mort a exhorté dans un communiqué les autorités à « intervenir de toute urgence pour sauver la vie du citoyen marocain et exiger que la peine de mort ne soit pas exécutée ». Ce collectif, qui rassemble plusieurs associations marocaines de défense des droits humains, a demandé au gouvernement de « garantir le retour (de Brahim Saadoun) né dans son pays en toute sécurité ou qu’il puisse se rendre dans le pays de son choix ».

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Un groupe de représentants de la Chambre des conseillers a interrogé mardi le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita sur ce qui est fait pour « sauver la vie » de Saadoun.

Mais le ministre « n’a pas été en mesure de répondre à cette demande », a précisé un responsable du Conseil durant la séance des questions orales télévisée.

Neutralité du Maroc

Pour rappel, Brahim Saadoun, âgé de 21 ans, a été condamné à mort le 9 juin — en compagnie de deux Britanniques — par la cour suprême de ladite « République du Donetsk », pour « avoir participé aux combats comme mercenaires ».

Selon son père, Taher Saadoun, le jeune homme, qui a obtenu la nationalité ukrainienne en 2020, « n’est pas un mercenaire » et a été « victime d’une manipulation ». Toutefois, selon un ami du jeune Marocain, Dmytro Khrabstov, 20 ans, Brahim, connu par ses amis en Ukraine sous le nom de « Brian », a intégré l’armée ukrainienne l’été dernier et leur avait dit qu’il voulait « mourir en héros ».

Silencieux jusqu’à lundi soir, le gouvernement marocain a réagi par la voix de son ambassade en Ukraine en précisant seulement que Saadoun « a été capturé portant l’uniforme de l’armée de l’Etat d’Ukraine, en tant que membre d’une unité de la Marine ukrainienne » et qu’il « se trouve actuellement emprisonné par une entité qui n’est reconnue ni par les Nations unies ni par le Maroc », sans autre commentaire.

Le position de neutralité adoptée par le Maroc à l’ONU vis-à-vis de la guerre en Ukraine a manifesté la volonté de Rabat de ne pas s’aliéner la Russie, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, sur la question du Sahara, priorité de la diplomatie marocaine.

(avec AFP)