Un cap est désormais franchi avec l’Algérie. Pendant longtemps, le Maroc a multiplié les gestes envers un voisin qui multipliait les provocations. Désormais, plutôt que de tendre l’autre joue, le royaume a décidé de dénoncer les agissements d’un voisin qui semble privilégier le conflit armé plutôt qu’une résolution du seul et unique différend entre les deux pays : le dossier du Sahara.
Comme souvent, c’est le roi qui a ouvert la voie. Pas de manière directe, mais à travers un discours truffé de messages indirects à l’attention du pouvoir en place à Alger. Dans son discours du 6 novembre, Mohammed VI a dénoncé ceux qui “dans leur convoitise d’un accès à l’Atlantique, instrumentalisent l’affaire du Sahara”. Il a également suggéré que la passion, récemment ravivée, d’Alger pour le dossier du Sahara, ainsi que son animosité envers le Maroc, sont un “paravent pour couvrir leurs nombreux problèmes domestiques”.
Mohammed VI ne s’était jamais montré aussi ferme envers les dirigeants algériens. Il y a deux ans, en 2022, le roi avait même tenté de participer au Sommet arabe d’Alger pour relancer la relation entre les deux pays : cette époque est désormais révolue.
Alger ne cache plus ses intentions et semble vouloir se lancer dans une guerre ouverte avec le Maroc. La voie diplomatique est ignorée par notre voisin de l’Est, qui ne veut plus participer aux tables rondes sur le Sahara, ni à des discussions bilatérales avec le Maroc. Alger tente donc de mettre la pression sur notre pays à travers le militaire. Le budget de la défense algérienne a augmenté, année après année, et devrait ainsi franchir, en 2025, la barre symbolique des 25 milliards de dollars. Un chiffre qui évoque le budget d’un pays en guerre.
C’est ce qui explique sans doute les propos de Nasser Bourita devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Chambre des représentants. Le 8 novembre, le ministre a évoqué l’existence “d’indicateurs attestant de la volonté de l’Algérie de déclencher une guerre dans la région et une confrontation militaire avec le Maroc”.
Pour tenter d’entraîner le Maroc dans une guerre, Alger a décidé de miser à fond sur la capacité de destruction de son proxy. L’attaque perpétrée le 10 novembre par le Polisario du côté d’Al Mahbès en témoigne. Quatre ans après la rupture du cessez-le-feu, le mouvement séparatiste financé et armé par l’Algérie continue d’attaquer le Maroc tout en assurant vouloir faire la paix devant la communauté internationale. Un discours en contradiction avec les actes : “On ne peut pas être chef de guerre et faiseur de paix”, résume ce responsable de la diplomatie marocaine. Une punchline qui peut aujourd’hui s’appliquer autant au Polisario qu’à son sponsor algérien.
L’attitude belliqueuse d’Alger témoigne surtout d’une perte de vitesse dans le dossier du Sahara. La rupture du cessez-le-feu par le Polisario avait eu lieu en novembre 2020, suite à une intervention marocaine, saluée par la communauté internationale, à Guerguerat. L’attaque d’Al Mahbès est intervenue alors que la France vient de reconnaître la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud, et en amont de la première visite au Sahara d’un ambassadeur français, Christophe Lecourtier. Elle coïncide également avec le retour de Donald Trump aux affaires, sachant que le président américain avait initié la reconnaissance de l’intégrité territoriale marocaine par Washington.
Inefficace à l’ONU, l’Algérie tente de faire basculer le dossier par d’autres moyens, plus radicaux, et surtout dangereux. Le changement de cap initié par Mohammed VI témoigne d’une rupture dans l’approche traditionnelle avec Alger. L’heure n’est plus à la main tendue. Il s’agit de dénoncer haut et fort les agissements d’un voisin en roue libre. Une guerre n’est dans l’intérêt d’aucun des deux pays. Espérons que la raison prévaut.