Baptisée “Maroc digital 2030”, cette feuille de route, préparée par le cabinet Boston Consulting Group (BCG), est toujours en cogitation et concertation alors que le Maroc accueille la deuxième édition de la grand-messe technologique du continent Gitex Africa fin mai à Marrakech.
Au-delà des chiffres et des ambitions de la stratégie 2030 de Ghita Mezzour, publiés en exclusivité par TelQuel en octobre 2023, l’écosystème du digital a reproché à cette vision, concoctée en solitaire, un manque de concertation et une gouvernance qui marginalise délibérément les instances et les agences déjà existantes, telles que la CNDP, l’ANRT, l’ADD et la DGSSI.
En effet, cet écosystème déboussolé s’attendait à ce que l’arrivée de Mezzour au sein du gouvernement Akhannouch insuffle une nouvelle dynamique sectorielle adossée à une vision volontariste à l’horizon 2030.
Or, à date d’aujourd’hui, et après 32 mois aux commandes du département de la Transition numérique, le Maroc navigue à vue et sans stratégie claire capable de mobiliser les organismes publics et le secteur privé sur des thématiques déterminantes de l’avenir du digital, telles que le Cloud, l’IA, l’egov, le financement de l’innovation et les startups, le capital humain et la cybersécurité…
Une “errance digitale” aggravée par l’intervention du Chef du gouvernement et la création, en novembre 2023, d’une Commission nationale du développement du numérique, destinée à garantir une concertation élargie sur le montage d’une nouvelle version de la stratégie 2030 rejetée dans sa première mouture par la chefferie du gouvernement. En plus des lenteurs au démarrage, le début de mandat de Ghita Mezzour a été marqué par les turbulences causées par sa manœuvre d’appropriation d’une large partie des prérogatives de l’Agence de développement du digital (ADD) et de l’autorité de régulation (ANRT).
Une manœuvre jugée “cavalière” par les professionnels et qui s’est soldée par la création d’une direction de transition numérique qui peine à démarrer, malgré la publication sur le Bulletin officiel de son décret d’application en mai 2023, grâce à l’appui du Chef de gouvernement.
Certes, Ghita Mezzour participe activement à différents colloques et séminaires sur l’IA, le Cloud et l’e- gov au Maroc et à l’international. Son dynamisme est manifeste, également, sur le plan médiatique, dans les cérémonies d’inauguration des sièges des entreprises nationales et internationales qui décident de s’installer au Maroc ou de développer leur présence dans l’offshoring. Elle a récemment signé un accord avec Oracle pour l’installation d’un centre de R&D au Maroc. Mais dans l’attente d’une hypothétique stratégie tant promise, l’écosystème du digital, surtout le secteur privé, n’a d’autre choix que de continuer à frayer son chemin, en solo, avec assurance et persévérance, en attendant des lendemains meilleurs.
Retrouvez le spécial Gitex Africa 2024 de TelQuel Impact : GITEX.telquel.ma/special
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