Le Boualem et la police de l'estomac des footballeurs français

Par Réda Allali

Le ramadan est l’occasion, chaque année, de mesurer la popularité du Boualem et de ses congénères à l’international. Il traque un peu partout les signes d’amour qu’on lui envoie, car il est devenu un peu sensible avec l’âge… Hélas, ce ne sera une surprise pour personne, à ce petit jeu, la France s’est à nouveau signalée par le grand état de nerfs dans lequel la plonge le jeûne de ses ressortissants. Et, comme souvent, c’est par le football que le Boualem va aborder le sujet.

L’an passé, la fédération française s’était illustrée en interdisant la moindre interruption de ses matches à l’heure de la rupture du jeûne. Elle avait inclus dans cette affaire les divisions ténébreuses, c’est important à préciser. Il faut donc imaginer une obscure joute opposant nombre de Abdellah, de Mamadou, arbitré par un Noureddine, qui s’interdisent de s’arrêter de jouer une minute pour boire une gorgée d’eau et avaler une datte au nom d’une instruction fédérale.

Précisons que la même fédération impose, quand il fait trop chaud, un cooling break pour se rafraîchir, mais elle est laïque bien sûr, et ça change tout. Si le musulman veut boire, il doit le faire pendant cette pause-là, vous comprenez, et surtout pas pendant son moment islamique infâme avec des Allahou Akbar partout. Et si les horaires ne correspondent pas, eh bien, il n’a qu’à s’adapter, le lascar : c’est la République ici, elle n’a pas à faire d’effort pour se mettre à l’heure de Mahomet !

Cette fois, la fédération française ont tout simplement interdit aux joueurs sélectionnés en équipe de France de jeûner, et merci

Réda Allali

Voilà où était placée la barre l’année dernière, il fallait donc faire mieux en 2024. Hamdoullah, la même fédération a réussi dans cette entreprise. Cette fois, ils ont tout simplement interdit à leurs joueurs sélectionnés en équipe de France de jeûner, et merci. Soyons précis : ils n’ont pas refusé d’adapter les repas, ou les heures d’entraînement, au jeûne de certains musulmans de leur effectif, pas du tout. Personne ne leur a demandé pareil geste d’ailleurs, tout le monde sait à qui on a affaire.

Elle impose une sorte de police de l’estomac, chargée de vérifier qu’il est bien rempli à intervalles réguliers, on se demande bien comment

Réda Allali

Répétons-le : ils ont interdit aux joueurs musulmans de jeûner, c’est une initiative prodigieuse. Elle impose une sorte de police de l’estomac, chargée de vérifier qu’il est bien rempli à intervalles réguliers, on se demande bien comment. Ils pourraient s’inspirer des Castillans du 16e siècle, ces poètes, et imposer, entre un exercice aux buts et une séance de corner défensif, d’avaler des rillettes de porc pour vérifier que le diable islamique est bien chassé de l’équipe.

Un malheureux footballeur a d’ailleurs plié bagage et quitté le stage, parce qu’il faut aussi préciser que personne n’a jugé utile de prévenir l’effectif plus tôt de la mise en place de l’inquisition footballistique. Tout cela, bien entendu, est une bouffonnerie ridicule, car personne ne doute que si Kylian Mbappé était musulman, on lui servirait le ftour en pleine surface de réparation sans hésiter. à la lecture de cette information, le Boualem a été peiné de constater à quel point il était impopulaire au pays des lumières.

Là-bas, la droite déteste tellement les gens comme lui qu’elle s’est précipitée dans les bras du sionisme, regardez un peu le chemin parcouru. En fait, qui détestent-ils donc : les Arabes ou considérés comme tels, les musulmans ou leur religion ? Disons, pour simplifier, les couscoussovores islamiques et leurs fougueuses manifestations d’existence, voilà une définition qui peut convenir à englober ce qui les irrite. C’est un peu triste, car le Boualem aime beaucoup de choses qui relèvent de la culture française… Mais il est un homme plein de fierté, et cela peut changer très vite.