C’est déjà presque la fin de l’année. Le temps passe tellement vite. C’est ce que tout le monde se dit. C’est presque la fin de l’année mais pas encore l’heure des bilans. Il se passe encore plein de choses sérieuses dans le plus beau pays du monde. D’ailleurs, en ce moment, se joue probablement l’un des plus grands chantiers du pays. Un chantier qui peut concrètement changer la vie, le quotidien, la réalité de millions de personnes. Un chantier qui peut potentiellement consacrer l’égalité entre femmes et hommes. La consacrer pleinement.
Les partis politiques, les acteurs associatifs, les religieux sont consultés. Et pour le coup, il n’y a pas besoin d’être un fin connaisseur de la scène politique du plus beau pays du monde pour prédire que le PJD va se saisir de cette occasion afin de revenir sur le devant de la scène. Le Code de la famille, c’est un sujet parfait pour les islamistes. Et comme prévu, le PJD considère que le référentiel islamique est “le point de départ de cette réforme et la ligne rouge à ne pas franchir”. Simple. Clair. Net. Les islamistes sont islamistes. Rien de nouveau sous le soleil.
Pourtant, certains commentateurs commentent, l’air presque étonné : “Les islamistes montent au créneau.” Mais bien évidemment qu’ils montent au créneau. Ils montent au créneau avec leurs grands classiques. Ils refusent l’abolition irrévocable du mariage des mineurs. Ils refusent tout changement quant au système d’héritage.
À ceux qui osent dire qu’il est inique envers les femmes, non, rétorquent-ils, il est “incontestable” parce que coranique. Point. Ils sont populistes, liberticides et avec un fort potentiel nauséabond : exactement comme ils sont. Là encore, rien de nouveau sous le soleil. Toi, tu ne partages pas grand-chose de commun avec eux, le fond de leur idéologie et la manière dont ils la brandissent, mais tu ne peux que reconnaître leur cohérence.
“Les islamistes font et ne cessent jamais de faire. Ils s’expriment. Ils prennent position. Ils dénoncent. Ils condamnent. Ils invectivent. Ils sont droits. Droits dans leurs bottes qui claquent”
Et en face ? Ceux qui ne sont pas d’accord. Ceux qui s’opposent à eux. Ceux qui ne se reconnaissent pas dans le projet de société proposé par ces barbus de la cervelle. Ceux-là, que font-ils ? Toi, tes cousines féministes, tes potes droits-de-l’hommistes, tes copains universalistes, tes oncles anciennement de gauche, ta mère et ses grands principes, ta tante et ses grands discours ? Concrètement, vous faites quoi ? Les islamistes font et ne cessent jamais de faire. Ils s’expriment. Ils prennent position. Ils dénoncent. Ils condamnent. Ils invectivent. Ils sont droits. Droits dans leurs bottes qui claquent.
“On veut bien ne plus couper la main du voleur mais on refuse d’accorder l’égalité dans l’héritage”
Et en face d’eux, il y a quoi ? Quelques balbutiements, un peu d’hésitation, beaucoup de bégaiements. Vous êtes ok pour vous vautrer allègrement à la fois dans la modernité et dans la tradition, mais vous ne voulez surtout pas choisir. La Charia dans certaines occasions et le droit international dans d’autres. On veut bien ne plus couper la main du voleur mais on refuse d’accorder l’égalité dans l’héritage. On est adeptes du Sud global mais pas au point de concéder son confort. Prompts à condamner l’Occident mais pas prêts à y renoncer. Le cul, non pas entre deux chaises, mais un peu sur chacune des deux chaises. En tentant de tenir en équilibre. À toi, tes potes et ceux qui vivent comme toi, les jeux d’équilibriste et leur fragilité. Aux obscurantistes de tous poils, la cohérence. Les trajectoires droites et leur force. A ceux qui refusent ce sinistre projet de société de se dresser. De se tenir droit. Sans bégayer.