Selon Abdellatif Jouahri, le Maroc vit une situation inédite, où les prévisions de la Banque centrale sont entourées d’une incertitude encore plus élevée que durant la pandémie. Le Covid-19 n’est pas la seule raison derrière cette opacité à court et moyen termes, les conditions climatiques et la guerre en Ukraine entrent également en jeu, clarifie-t-il.
“Les chiffres que nous donnons aujourd’hui sont susceptibles de changer à n’importe quel moment. (…) Dans les prévisions de croissance, nous n’avons pas pris en compte les averses des dernières semaines, sachant qu’elles pèsent positivement sur les cultures printanières. Si ces cultures sont sauvées, on pourrait faire une croissance variant entre 2 et 2,5 %”, rassure Jouahri.
En revanche, le gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM) a averti des répercussions d’éventuelles sanctions ou embargo sur les exportations énergétiques russes. En cas d’un embargo non compensé sur l’énergie russe, il y aurait un lourd impact sur les prix, non seulement de l’énergie, mais des produits alimentaires et des matières premières aussi, a-t-il mis en garde.
Nul besoin de rectifier la Loi de finances
Concernant l’impact de la crise économique sur le budget de l’État, le wali de Bank Al-Maghrib a estimé que la Loi de finances actuelle permettait au gouvernement de faire face à la situation, rapportant à la lettre ce qu’a exposé le représentant du ministère des Finances lors de la réunion du conseil de BAM.
“Les données de la Loi de finances actuelle permettent au gouvernement de faire face à la situation, sans devoir procéder à une Loi de finances rectificative”
“Le ministre du Budget a répondu à cette question. Les données de la Loi de finances actuelle permettent au gouvernement de faire face à la situation, sans devoir procéder à une Loi de finances rectificative”, a-t-il insisté, précisant que l’Exécutif est appelé à mobiliser des moyens en vue de les injecter dans la caisse de compensation, et dans les programmes de financement du tourisme et du transport.
Quant aux recettes, Jouahri fait savoir qu’il y a deux piliers capables de couvrir ses besoins supplémentaires, notamment les financements innovants et les recettes de monopole, l’OCP en particulier. Selon le patron de la Banque centrale, la Loi de finances actuelle prévoyait des recettes de 12 milliards de dirhams provenant des financements innovants, alors que l’Exécutif prévoit actuellement des recettes de 20 milliards de dirhams, soit 8 milliards de dirhams de plus.
Concernant les recettes de monopole, le gouvernement bénéficiera de 4,5 milliards de dirhams supplémentaires, provenant essentiellement des résultats du Groupe OCP. D’après Jouahri, ces sommes serviront à financer la Caisse de compensation ainsi que le plan d’urgence destiné au tourisme (2 milliards de dirhams).
S’agissant du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, Jouahri indique que le gouvernement avait déjà finalisé les contours de la structure. Le fonds mobilisera 45 milliards de dirhams pour soutenir les entreprises nationales.
Il a aussi rappelé que l’économie marocaine se caractérisait par une dominance des TPE (90 %), suivies par les moyennes entreprises (9 %) puis par les grandes entreprises (1 %).