Chakib Benmoussa a qualifié de “sain” le débat sociétal accompagnant les nouvelles conditions édictées par le ministère pour son concours des enseignants. “Cela concerne les familles marocaines qui se sacrifient pour parvenir à une école de qualité, qui soit efficace”, a commenté le ministre dans cette interview télévisée de 30 minutes diffusée sur 2M.
Choix “irréversible”
Sur l’accès au concours, s’agissant de la fixation de l’âge de 30 ans, Benmoussa a expliqué que la présélection est désormais “basée sur l’excellence”, et que les futurs enseignants “doivent être formés pour pouvoir faire avancer le système”.
Intégrer les plus de 30 ans dans le corps éducatif “ne nous aidera pas à atteindre les objectifs souhaités pour l’avancement du secteur” d’après Benmoussa, qui a démenti toute atteinte à un droit constitutionnel garantissant la prise des fonctions publiques par tous les Marocains, quel que soit leur âge.
Il a également fait remarquer que les candidats ayant obtenu leur licence dans les filières des sciences de l’éducation ont la priorité d’accès à l’emploi. “Ces licenciés ont suivi une formation pratique et théorique dans le domaine de l’enseignement”, a justifié le ministre.
“Il n’y a pas de loi qui nous empêche de recourir à d’autres conditions d’accès à l’emploi”, a indiqué le ministre, qui promet que ces nouveaux critères de sélection “permettront d’atteindre la qualité souhaitée”. Il a également soutenu que “les textes réglementaires en vigueur permettent au secteur de l’Éducation nationale de fixer un âge pour les candidats d’au moins 18 ans et n’excédant pas 45 ans”.
Le responsable du gouvernement a déclaré qu’un certain nombre de secteurs gouvernementaux se basent à leur tour sur l’âge requis dans leur concours, précisant sur ce sujet que “jusqu’en 2012, cette condition était auparavant exigée pour accéder aux Centres régionaux des métiers de l’éducation et de la formation, qui étaient la principale porte d’accès au poste d’enseignant”.
Recrutement optimal
Benmoussa a également démenti toute motivation d’ordre budgétaire dans la mise en place des nouvelles conditions d’accéder au métier d’enseignant. Idem par rapport à un supposé lien de causalité entre ces nouvelles mesures et le rééquilibrage des caisses de retraite. “Ce n’est pas l’obsession du ministère”, a-t-il rétorqué, tout en estimant que l’impact de ces décisions sur la situation financière des caisses de retraite du corps enseignant “ne sont que minimes”.
Sur ses rapports avec les syndicats après cette annonce très commentée, le ministre a déclaré que ceux-ci lui ont exprimé leurs positions et qu’il leur a lui-même expliqué “le contexte dans lequel intervient cette mesure, qui est de protéger cette noble profession”.
Benmoussa dit également “comprendre” la réaction des candidats de plus de 30 ans, tout en mettant leur problématique dans le cadre global du marché du travail. La recherche d’enseignants ayant obtenu des mentions au baccalauréat et en licence a également provoqué un vif débat. Mais pour le ministre, “la mention ne suffit pas pour connaître la compétence du candidat”, précisant que son département n’exclura pas ceux qui n’ont pas une mention. “Nos décisions sont basées sur un certain nombre de critères qui visent à employer ceux qui ont les capacités de travailler et de transmettre un savoir de qualité”.
Autre nouveauté apportée au concours cette année, l’obligation de rédiger une lettre de motivation jointe au dossier de candidature. “Le but est de voir les raisons qui ont poussé le candidat à postuler pour réussir le concours”, a justifié Benmoussa, concluant que “47.000 candidats se sont inscrits en l’espace de 4 jours”.
Selon les chiffres rapportés au cours de cette interview, 43 % des postulants ont une mention. “Cela indique qu’il y a une forte demande de la part des candidats ayant obtenu avec excellence leurs diplômes”, a estimé le ministre.