Le collectif Caminando Fronteras a, comme chaque semestre, dressé le bilan des disparitions et des morts sur la route maritime pour rejoindre l’Espagne. Au cours des derniers six mois, c’est la route des Canaries qui a été la plus active et la plus meurtrière du monde pour les candidats à l’immigration. Elle a fait 1922 victimes, durant le premier semestre de 2021. “Un coût insoutenable en vies humaines”, souligne le collectif.
Dangerosité de l’océan, longueur de la route maritime pour rejoindre l’Espagne, manque d’expérience en navigation sont parmi les facteurs de ces drames. Mais, ce semestre, Caminando Fronteras a également détecté “une plus grande précarité dans les bateaux” utilisés. Les bateaux pneumatiques ont représenté 33% du total des alertes sur la route des Canaries.
📢 La Ruta Canaria concentra la gran mayoría de víctimas: 1922 personas muertas y desaparecidas en un total de 57 naufragios. La crisis hispano-marroquí ha aumentado todavía más las deficiencias en los protocolos de rescate #DerechoAlaVida2021 pic.twitter.com/mpwIh7p754
— Caminando Fronteras (@walkingborders) July 7, 2021
Crise Maroc-Espagne
L’autre facteur principal, c’est le manque de coordination entre les pays et notamment, entre le Maroc et l’Espagne. “Cela a été révélé dans la crise hispano-marocaine, qui a eu pour effet d’augmenter la mortalité due à l’utilisation de la vie des migrants comme chantage politique entre les deux pays”, estime le collectif dans son rapport.
Les deux pays font aussi mauvaise figure en termes de capacités de sauvetage. Au Maroc, Caminando Fronteras assure avoir “détecté des pertes de vies humaines dans des sauvetages (…) par manque d’expérience et de moyens ou, dans d’autres cas, par manquement aux responsabilités des services marocains”.
Les cas de Laâyoune et Dakhla
Les départs depuis les deux villes marocaines ont connu “un rebond significatif au lendemain de la crise diplomatique” entre le Maroc et l’Espagne, avec une augmentation importante au mois d’avril. Au départ de Dakhla, les victimes sont surtout des femmes subsahariennes, accompagnées de leurs enfants. “Les disparitions de femmes (227) et de mineurs (64) dépassent celles des hommes (274)”, note le rapport.
Caminando Fronteras enregistre les alertes autour de l’Espagne, le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal. Mais le collectif a exprimé son inquiétude à propos de la route algérienne,“à partir de laquelle peu d’informations sont reçues”. “Connaître la vérité de ce qui se passe sur cette route continue d’être un défi pour notre organisation”, souligne-t-elle.