Histoire. Le Maroc avant l'islam

L’arrivée de l’islam au VIIème siècle est un moment fondateur et essentiel dans la formation de la nation marocaine. Mais avant que les troupes musulmanes n’atteignent les frontières du Maroc, ce dernier avait déjà une identité, une histoire et une spécificité géographique et culturelle. Retour sur les origines d’un vieux pays et une très ancienne nation.

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De nombreux historiens marocains aiment rapporter, avec une certaine délectation, cette anecdote qui s’est déroulée dans la cour d’un calife abbasside à Bagdad. Un courtisan, croyant flatter le calife, explique à ce dernier que le monde ressemble à un immense oiseau, dont la tête se trouve en Orient, les deux ailes se déploient au Yémen et en Syrie, le cœur est en Irak, tandis que la queue se situe à son occident, le Maghreb. Un Marocain présent à la cour du calife intervient alors pour confirmer les propos du courtisan en disant : “Oui, le monde ressemble effectivement à un paon”, allusion faite au chatouillant et bel éventail de plumes que forme la queue du paon, la partie la plus noble de cet oiseau. Le calife a souri de la remarque de son hôte marocain et l’a récompensé, pour son mot d’esprit et sa fierté nationale. Comme l’indique cette anecdote, les Marocains ont toujours eu la conviction chevillée au corps d’appartenir à une entité géographique distincte et à une culture et une histoire spécifiques. Leur pays n’est pas exclusivement berbère, arabe, musulman, juif ou africain, mais il est tout ça à la fois. Un mélange, une synthèse.

Un pays mythique
Son ancien nom, Al Maghrib Al Aqsa, l’Extrême Occident, traduit cette singularité et cette spécificité, même aux yeux des étrangers qui le percevaient comme une terre lointaine, excentrée, qui fascine et intrigue. Divers mythes et légendes expriment la curiosité que suscitait le “Far West” du monde : c’est là que vivait Atlas, le géant de la mythologie grecque, qui donne son nom à la chaîne de montagnes, condamné par Zeus, pour son insoumission, à porter sur ses puissantes épaules la voûte céleste. C’est à Tanger que Hercule a ouvert le détroit de Gibraltar en fendant d’un vigoureux coup d’épée deux montagnes, séparant ainsi définitivement l’Europe de l’Afrique. Et c’est dans cette contrée que les Atlantes, peuple mythique descendant du dieu de l’océan, se sont installés pour fonder un empire puissant qui s’étale, selon la légende, du Sénégal aux îles britanniques. L’histoire du Maroc, avant l’avènement de l’islam au 7ème siècle, démontre la spécificité culturelle et géographique du Maroc, “pays détaché de tout autre pays”, comme le décrivait Ibn Khaldoun. L’histoire ancienne démontre comment le Maroc s’est fait et formé de mélanges entre des vagues successives de races, de cultures, de religions et d’influences venant de tout horizon, et dont l’islam et l’arabité ne sont qu’une composante, essentielle et importante.

“Soukan al maghrib al awaloun”
Sans remonter à des temps immémoriaux, il est généralement admis que les premiers habitants du Maroc sont les Berbères, un ensemble de populations apparues depuis plus de 9000 ans en Afrique du Nord suite à des vagues migratoires venues du Proche-Orient. Le déplacement de groupes venant d’Orient et leur installation au Maroc constituent une caractéristique de l’histoire du pays au fil des siècles. Un autre courant migratoire préhistorique est venu de la Méditerranée pour s’agréger et se fondre aux populations venues de l’Orient, pour donner aux habitants du Maroc et du Maghreb une originalité physique et culturelle.
Dans son monumental Histoire des Berbères, Ibn Khaldoun attribue l’origine du mot “berbère” à la difficulté des dialectes parlés par les populations du Maghreb, que les différents envahisseurs n’arrivaient pas à déchiffrer et comprendre. Le grand historien explique alors que le mot “barbara” en arabe signifie des cris incompréhensibles ainsi que les rugissements du lion. Ibn Khaldoun reprend dans son explication une origine plus ancienne du mot berbère, qui dérive du mot latin Barbarus, signifiant étranger à la langue et à la culture des Grecs, et désignant aussi les populations qui vivaient en dehors de l’empire romain.
La question de l’origine des Berbères a toujours été un enjeu crucial et important, qui dépassait le cadre de la connaissance scientifique. La recherche historique a été souvent mise à contribution pour servir des ambitions politiques et forger une vision idéologique de l’identité du Maroc et de son histoire. Ainsi, de nombreux auteurs colonialistes ont voulu prouver l’origine européenne des Berbères, en recourant parfois à des acrobaties scientifiques et des arguments vaseux. La présence de groupes au teint et aux yeux clairs dans certaines zones montagneuses du Maroc a été présentée comme la confirmation que les Berbères sont des descendants de tribus celtes venant du nord de l’Europe. Cette interprétation visait à légitimer la colonisation française en trouvant une origine ethnique commune avec la population autochtone et semer la division entre les Arabes et les Berbères. La recherche anthropologique et archéologique moderne a totalement démonté et invalidé l’hypothèse de l’origine européenne des Berbères, très en vogue sous la période coloniale.

Bienvenue chez les Maures
Dans l’Antiquité, la population berbère d’Afrique du Nord était appelée “les Libyens”. Ce nom recouvrait, chez les historiens grecs et romains, une vaste entité géographique qui s’étendait sur ce qui correspond de nos jours au “Grand Maghreb”. Connus pour leurs qualités militaires et guerrières, les Libyens, ou “les Lebou”, ont pu même accéder au pouvoir en Egypte, avec le roi Chéchonq 1er, pour fonder une nouvelle dynastie de pharaons en 950 avant J.-C. Cette date est considérée comme le début du calendrier berbère.
Mais un autre nom, plus précis, est apparu chez les auteurs grecs et romains pour désigner la population qui se situe à l’ouest de l’Afrique du Nord : les Maures. On ne connaît pas beaucoup de choses, à défaut de traces et de documents écrits, sur cet essaim de tribus berbères qui habitaient sur un territoire correspondant en grande partie au Maroc actuel. D’origine phénicienne, le mot Maures signifie “les Occidentaux” et servait à distinguer géographiquement ce territoire des autres régions d’Afrique du Nord. Le nom de ce peuple aura un autre destin, quand les Espagnols vont l’utiliser, suite à la fin de la présence musulmane en Andalousie, pour désigner ce que nous appelons de nos jours les Maghrébins. Située entre l’Atlantique et oued Moulouya, la population maure était composée essentiellement d’agriculteurs, de pasteurs et de nomades. Le contact avec les Phéniciens, qui ont installé des comptoirs et des escales dans différents endroits du Maroc, a permis aux tribus maures de développer des structures politiques et administratives qui se transforment à partir du IVème siècle avant J.-C en royaume. Les princes et les hauts fonctionnaires maures utilisaient le phénicien comme langue administrative et diplomatique, tandis que les différents dialectes berbères constituaient la langue d’échange entre les populations. La chute de Carthage, qui a entraîné l’effondrement de la puissance phénicienne et l’apparition de l’empire romain, a permis au royaume des Maures d’émerger et de sortir de l’ombre. Les rois maures vont alors entrer dans des alliances complexes avec les Romains pour élargir leur territoire au détriment des autres royaumes berbères d’Afrique du Nord, et notamment les voisins numides.

 

Jeu de rois…
Pendant trois siècles, la dynastie des Bocchus a régné sur le pays des Maures, qui ressemblait beaucoup plus à une confédération de tribus dotée d’un chef qu’à une monarchie centralisée. La fondation du royaume des Maures et son étendue exacte demeurent peu connues en raison de la rareté et la quasi-inexistence même de documents écrits. Les quelques mentions qu’on retrouve chez des historiens romains permettent de croire qu’il s’agit d’un royaume qui s’étendait du nord du Maroc jusqu’à l’Atlas et dont l’oued Moulouya était une frontière naturelle qui le séparait de la Numidie, royaume berbère oriental, parfois allié et souvent concurrent.
Pendant longtemps, le royaume des Maures était ami et soutien des Romains dans leurs différentes luttes en Afrique du Nord. Ainsi, à la fin du IIIème siècle avant J.-C, le roi Baga a fourni à Scipion l’Africain, le célèbre général romain, des contingents de combattants pour livrer un combat final contre la puissante Carthage. La victoire des Romains sur Carthage et la destruction de cette dernière ont dessiné un nouveau visage de la Méditerranée et de l’Afrique du Nord. Un empire est né de cette victoire. L’alliance des Maures avec l’empire romain a permis à la dynastie des Bocchus d’étendre son royaume, de grignoter sur le territoire des voisins et de gagner en pouvoir et en influence. Le déclenchement d’un conflit, entre Rome et le royaume berbère de Numidie, a été une occasion saisie par les Bocchus pour étaler d’une façon spectaculaire le domaine des Maures.
C’est alors que vers 109 avant J.-C, Jugurtha, le jeune roi numide, refuse le plan proposé par Rome de partager son royaume entre différents héritiers, déclenchant ainsi une longue guerre avec les Romains. Jugurtha se tourne alors vers son voisin et beau-père Bocchus 1er, roi des Maures, pour l’aider et le soutenir dans son combat. Mais le roi maure, craignant une réaction dévastatrice de Rome et pensant d’abord à son propre intérêt politique, a fini par livrer son gendre Jugurtha à ses ennemis. La contrepartie de la trahison a été grande : Bocchus 1er a reçu des Romains toute la partie occidentale du royaume numide, qui s’étendait sur une grande partie de l’Algérie actuelle. Les nouveaux sujets des rois maures ont perdu progressivement leur ancienne appellation et le nom de leur royaume déchu, la Numidie, va disparaître pour devenir le pays des Maures.
Mais l’emprise des Romains ne cessera de grandir et leur contrôle sur l’Afrique du Nord atteindra des proportions considérables. La chute du royaume des Maures en l’an 40 avec l’assassinat de Ptolémée, le dernier souverain de la dynastie des Bocchus, a mis fin aux royaumes berbères et placé l’Afrique du Nord sous administration romaine directe.

L’exception culturelle
Pays excentré, bordé de mers et traversé par de massives chaînes montagneuses, représentant peu d’intérêt économique pour les grandes puissances de l’époque, le Maroc antique n’a subi qu’une faible influence culturelle et politique de ses envahisseurs. Les Romains, les Vandales et les Byzantins ont pu successivement occuper le Maroc et empêcher la résurgence de royaumes berbères, mais sans parvenir à marquer profondément sa composition ethnique ou opérer des transformations radicales au niveau de son identité et sa culture. Seul l’islam et les vagues successives de migration arabe réussiront à s’agréger à la composante berbère et fonder les bases de la nation marocaine. Malgré une présence de plus de cinq siècles, les Romains n’ont marqué le Maroc que d’une façon superficielle et l’impact de leur colonisation a été très ténu. La région “Maurétanie tingitane” qui correspondait au Maroc, selon le découpage administratif romain, a été moins latinisée et moins imprégnée par la culture de l’empire, que l’Algérie et la Tunisie. L’occupation romaine est restée confinée à un territoire étroit dans certaines villes comme Tingis (Tanger), Lixus (Larache) et Volubilis. On trouve alors peu de trace de monuments d’envergure que les Romains ont laissés dans d’autres pays, comme les aqueducs, les ponts ou les grandes routes. Deux mondes coexistaient dans ce contexte : une civilisation romaine cloîtrée dans quelques villes-garnisons réservées aux militaires et aux fonctionnaires venus de la métropole et une population qui a gardé intacts ses coutumes, ses traditions et ses dialectes. Les marques de la présence romaine se sont amoindries et effacées avec le rétrécissement de l’empire et l’arrivée de nouveaux conquérants. Vers 429, les Vandales, hordes de tribus germaniques dont le nom est synonyme de destruction, déprédation et pillage, ont envahi le Maroc à la recherche de terres fertiles et de ressources naturelles. Ils se dirigent après vers l’est, pour atteindre l’ancienne Carthage, et ne laissent derrière leur passage que désolation et ruines. Malgré une présence de plus d’un siècle en Afrique du Nord, les Vandales ne laisseront que peu de traces de leur passage au Maroc. Les Byzantins, héritiers de l’empire romain, essayeront de restaurer la gloire et le prestige de leurs ancêtres en partant à la reconquête du Maghreb. Mais ils n’auront que peu de réussite au Maroc et leur zone d’influence est restée limitée à Tanger et Sebta, en raison de la forte résistance opposée par les tribus berbères. Le champ était alors ouvert à de nouveaux conquérants, venus d’Orient, galvanisés par leur religion qu’ils ont pour ambition de répandre et y convertir d’autres peuples : les Arabes.

Quand l’islam débarque
Après la mort du prophète Mohammed, les musulmans vont se lancer, tous azimuts, dans des conquêtes fulgurantes et rapides, avec des troupes légères et peu fournies en hommes et en armes. En quelques mois seulement et avec une petite armée composée de 4000 hommes, les guerriers arabes ont pu venir à bout des Byzantins en Egypte et annexer l’ancienne terre des pharaons au jeune empire musulman. Mais les choses sont différentes et compliquées au Maghreb face à la farouche résistance berbère. Pour l’armée musulmane, il a fallu plus d’un demi-siècle de combats, de raids et de négociations pour contrôler définitivement l’Afrique du Nord : autant de temps nécessaire pour conquérir la Syrie, l’Egypte, l’Iran et l’Espagne réunis ! Oqba Ibn Nafiî, personnage légendaire et combattant fervent et obstiné, symbolise la dureté de la tâche et la violence de la résistance opposée par les Berbères. Nommé par le calife Yazid en 669, Oqba s’est lancé dans une vaste offensive générale au Maghreb. Après avoir défait les Byzantins et construit Al Kairouan, la ville tunisienne, il pousse un long raid vers la pointe occidentale du Maghreb et atteint Tanger, puis chevauche jusqu’au sud du Maroc, pour arriver aux “pays des Noirs”. Selon la légende rapportée par des historiens musulmans, Oqba avança avec son cheval dans les flots de l’Océan Atlantique, ou “la mer des ténèbres” selon l’appellation arabe, et prend à témoin Dieu que s’il avait la possibilité d’étendre sa conquête au-delà de l’océan il n’aurait pas hésité à le faire. En route vers Al Kairouan, Oqba est tué, près de Biskra en Algérie, dans un combat contre la tribu des Awraba dirigée par Kousseila, le chef berbère. Après la mort de Oqba, de nouvelles campagnes militaires musulmanes sont menées au Maghreb et peu d’entre elles atteignent le Maroc. L’alliance des Byzantins et des tribus berbères a donné de la tablature aux troupes envoyées par les califes de Damas et retardé la domination musulmane sur l’Afrique du Nord. Une femme s’est illustrée dans la résistance des tribus berbères de l’Aurès, en Algérie, et a obligé les troupes musulmanes à battre en retraite. Dihiya ou Damiya, selon les sources, surnommée Kahina par les historiens arabes, est passée dans la mythologie maghrébine pour avoir fait face, jusqu’à sa mort, à l’avancée des troupes musulmanes. Mais une nouvelle et dernière offensive a été l’œuvre de Moussa Ibn Noussaïr en 704. Impétueux, fin négociateur et chef militaire déterminé, Moussa Ibn Noussaïr réussit à conquérir tout le Maroc et à convaincre les Berbères de se convertir à l’islam. La nouvelle religion adoptée par les Berbères leur offre alors un lien solide permettant de transcender les divisions locales et tribales et de cimenter les différentes composantes de la population vivant au Maroc. Beaucoup de Berbères ont intégré l’armée musulmane et participé activement et ardemment aux conquêtes menées sous la bannière de l’islam. L’un d’entre eux, Tariq Ibn Ziad, sera même chargé par Moussa Ibn Noussaïr de lancer les troupes à la conquête de l’Espagne. Tout un symbole.

Chronologie
• 10 000 Av. J.-C : Apparition des ancêtres directs des Berbères au Maroc.
• 1100 Av. J.-C : Les Phéniciens installent leurs premiers comptoirs commerciaux.
• 203 Av. J.-C : Massinisa fonde le royaume numide.
• 105 Av. J.-C : Bocchus 1er étend le royaume des Maures vers l’est.
• 40 Ap. J.-C : Assassinat de Ptolémée, dernier roi maure.
• 285 : Les Romains se replient et abandonnent le Maroc.
• 430 : Début de l’invasion vandale.
• 533 : Les Byzantins tentent de reconquérir le Maghreb.
• 681 : Oqba ibn Nafiî arrive au Maroc.
• 711 : Tariq Ibn Ziad débarque en Espagne.

 

Origines. Le juif en nous
Les plus vieux témoignages sur l’ancienneté de la présence juive au Maroc sont épigraphiques. Ce sont ceux des inscriptions funéraires en hébreu et en grec qui ont été trouvées dans les ruines de Volubilis et qui remontent au IIème siècle avant notre ère. Mais la tradition orale des juifs du Maroc fait remonter la présence juive à l’arrivée des premiers bateaux phéniciens, il y a donc plus de 3000 ans ! Durant toute une partie de l’époque phénicienne, puis durant toute la présence romaine, les villes de Chellah (Salé), de Lixus (Larache), de Tingis (Tanger) ont été très certainement des centres de négoce importants pour les juifs du Maroc, qui pratiquaient surtout le commerce de l’or et du sel. Lorsque les Vandales surviennent, ils trouvent des alliés parmi les juifs, et ceux-ci vont connaître une totale liberté de culte pendant un siècle. Mais quand, en 533, le général Bélisaire est envoyé en Afrique du Nord par Justinien, l’empereur de Byzance, pour chasser les Vandales, les juifs vont entrer dans une période très douloureuse de leur histoire. A la veille de la conquête musulmane, plusieurs tribus juives berbères sont identifiées à travers tout le Maghreb. La conquête musulmane sera pour eux une libération. Rachid Benzine

 

Portraits. Figures historiques
Bocchus 1er
Descendant d’une lignée de rois maures qui régnaient sur une grande partie du Maroc actuel. Il réussit, en s’alliant aux Romains, à étendre son royaume et le territoire des tribus maures vers l’est au détriment de ses voisins berbères de Numidie. Après sa mort en 80 avant J-C, le royaume est partagé entre ses deux fils, Bocchus II et Bogud qui vont perpétuer la politique de l’alliance avec l’empire romain.

Juba II
Roi berbère, élevé dès son enfance à Rome sous la protection de Jules César. Réputé pour ses qualités intellectuelles supérieures, les Romains vont le nommer souverain d’Afrique du Nord, où il va rétablir la stabilité et rallier Maures et Numides autour de lui. Il épousa une jeune princesse, fille de la célèbre reine égyptienne Cléopâtre et du général romain Antoine. En plus de son talent politique, Juba II était un érudit et auteur d’une œuvre scientifique considérable, selon les historiens romains. Mort en 23 après J-C, il laissa derrière lui un royaume prospère et pacifié.

Kahina
Beaucoup de choses ont été écrites et dites sur cette reine berbère, où se mêlent légendes, faits historiques et volonté d’en faire le symbole de différentes causes. Chef des tribus berbères de l’Aurès, elle participa activement à la résistance face aux troupes de l’armée musulmane. Les récits et témoignages divergent sur la religion de “la prêtresse” selon le surnom donné par les Arabes : certains prétendent qu’elle était juive, d’autres affirment qu’elle était chrétienne ou païenne. Après des années de combat contre les conquérants musulmans, Kahina est tuée en 698 par le général Hassan Ibn Nouâman. Avant sa mort, elle demande à ses fils de se convertir à l’islam et de rejoindre les rangs de ses adversaires. L’un de ses fils est même nommé chef des troupes musulmanes et combattra aux côtés de ses anciens ennemis et nouveaux coreligionnaires.

Tariq Ibn Ziad
Symbole de la conversion des Berbères à l’islam et du rôle qu’ils vont jouer dans les conquêtes musulmanes, notamment en Europe. Selon les historiens, Tariq était un captif maure affranchi par Moussa Ibn Noussaïr, qui fera de lui son proche lieutenant. Moussa Ibn Noussaïr charge alors Tariq de lancer les troupes de l’armée musulmane, composée en grande partie par des Berbères, à la conquête de l’Espagne. Tariq s’acquitte brillamment de sa mission et défait en quelques batailles décisives les Wisigoths, qui régnaient en maître sur la péninsule ibérique.

 

Tingis, Zilis, Tamudem…Quand le Maroc était chrétien
Le christianisme est attesté en Afrique du Nord à partir du IIème siècle. Il est vraisemblablement arrivé avec la migration de commerçants, de soldats, peut-être de missionnaires venus de l’Empire romain. Le premier document qui nous informe de cette présence chrétienne est constitué par les “Actes des martyrs scillitains”, qui rapportent la condamnation à mort, en juillet 180, d’une dizaine de chrétiens de la ville de Scillium (l’actuelle Kasserine, en Tunisie) qui ont refusé de participer aux cérémonies païennes romaines fondant la vie civique. Mais l’histoire du christianisme au Maghreb est d’abord liée à la personnalité du Carthaginois Tertullien. Né païen, baptisé vers l’an 195, membre de l’élite de la ville créée par les Phéniciens, il va se montrer un grand organisateur et un grand défenseur de l’Eglise d’Afrique. Il nous a laissé une œuvre écrite qui nous permet d’avoir une idée des problèmes qui se sont posés au développement de la foi chrétienne.
En ce qui concerne l’arrivée du christianisme au Maroc, on peut raisonnablement penser qu’elle a pour origine l’Espagne romaine à laquelle la Maurétanie Tingitane a été liée. C’est encore un martyr qui constitue la première preuve de cette présence : le centurion Marcellus, qui eut la tête tranchée, à Tanger en 298, pour avoir décidé d’abandonner la fonction militaire en raison de son appartenance à la foi chrétienne. Le christianisme, en Maurétanie Tingitane comme ailleurs au Maghreb, a dû se développer d’abord chez les habitants d’origine romaine. Puis il a pu toucher des Berbères latinisés (comme le sera, au IVème siècle, le grand Augustin d’Hippone) et d’autres Berbères et Maures. L’extension du christianisme a dû être assez vaste, si l’on en juge au nombre d’évêchés qu’a comptés le Maroc romain : Tingis (Tanger), Zilis (Asilah), Septem (Sebta), Lixus (Larache), Tamudem (Tétouan), Salensis (Salé)… Le site archéologique de Volubilis a livré de nombreux témoignages de la présence chrétienne : des lampes, des céramiques ornées du sigle du Christ, ou de la croix, ou encore de colombes ou d’agneaux. A Aïn Regata, près d’Oujda, on a découvert une table d’autel en marbre. A Lixus, on peut voir les traces d’une petite basilique chrétienne. Par ailleurs, il existe des traditions selon lesquelles des populations noires de la région du Draâ, près de Zagora, auraient été converties au christianisme entre le IIIème et le VIème siècles, par l’intermédiaire de noirs d’Ethiopie liés à l’Eglise copte d’Alexandrie… Vers la fin du VIIIème siècle, ceux-ci seraient rentrés en guerre avec les juifs implantés également dans cette région, qui les auraient défaits. Rachid Benzine

 

Ce qu’il faut lire

• Ibn Khaldoun. Histoire des Berbères (Editions Geuthner 1999). Le monumental livre de l’historien maghrébin est une référence indispensable, notamment sur l’arrivée de l’islam au Maroc.
• Gabriel Camps. Les Berbères : mémoire et identité (Actes Sud 2007). Simple, rigoureux et érudit, ce livre du grand spécialiste de l’histoire berbère est un classique.
• Henri Terrasse : Histoire du Maroc (Frontispice 2005). Indisponible pendant des années, le livre d’Henri Terrasse est incontestablement le must read pour tous ceux qui s’intéressent aux origines et à l’histoire du Maroc.
• Abdellah Laroui. Mojamal Tarikh Al Maghrib (Centre culturel arabe 2007). Dans la partie sur l’histoire du Maroc avant l’islam, Laroui fournit une critique intéressante et sévère des auteurs colonialistes qui ont abordé ce sujet.
• Charles-André Julien. Histoire de l’Afrique du Nord (Payot 1994). Une incontournable référence sur le Maghreb écrit par un grand historien et fervent amoureux du Maroc.
• Michel Abitbol. Histoire du Maroc (Perrin 2009). Didactique, agréable à lire et intéressant, notamment sur l’histoire juive du Maroc.
• Bernard Lugan. Histoire du Maroc (Perrin 2000). Un bon manuel sur l’histoire du Maroc avec un parti pris et des thèses assumés sur la formation de la nation marocaine.

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  • Des approximations poussive et confuse dans un compartimentage qui loin d éclairer ,embrouille surement un lecteur non averti .

    Tendance à minimiser l histoire post musulmane …Le clou pour un journaliste chercheur, est de conseillés en référence Lugan , un chercheur dont les travaux sont décrié par ces péres , lui qui défends des thèses colonialistes et racistes …Les recherches en cours ,dans l archéologie marocaine, ou certaines thèses voir des travaux de recherche récents , facile à consulter , par le biais du net , sont heureusement bien fournis et loin des généralités wikipédiesque.