Station de dessalement de Casablanca : le PJD revient à la charge et exige l’annulation du soutien financier au projet

Le Parti de la justice et du développement (PJD) appelle à l’annulation d’un soutien financier controversé alloué à un projet de dessalement dans la région de Casablanca-Settat. Selon le parti, ce dossier, qui bénéficie à une entreprise liée au chef du gouvernement, illustre les dérives d’un gouvernement trop prompt à engager des décisions au profit de ses propres intérêts.

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Abdelilah Benkirane lors de la conférence de presse du PJD, le 19 décembre 2024. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Lors d’une réunion de la Commission nationale des investissements présidée par le chef du gouvernement le 29 janvier, plusieurs projets stratégiques ont été approuvés, dont certains avec des mécanismes de soutien spécifiques.

Le financement octroyé le 10 décembre 2024 à une entreprise impliquée dans un consortium pour un projet de dessalement a rapidement suscité l’indignation. Le PJD y voit un exemple flagrant de conflit d’intérêts, qui a même fait l’objet de débats lors d’une session parlementaire consacrée à des questions constitutionnelles.

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Au-delà de cette affaire, le PJD critique vivement le climat politique actuel, accusant le gouvernement et les partis de la majorité de se lancer dans des campagnes électorales prématurées. Pour le parti, ces initiatives détournent l’attention des véritables besoins de la population, notamment dans des domaines essentiels comme l’éducation, la santé et l’emploi. Le retard dans l’exécution de projets de réhabilitation des zones sinistrées par le séisme à Al Haouz renforce, selon le PJD, la sensation d’un gouvernement déconnecté des réalités du terrain.

Le PJD exhorte, de surcroît, le chef du gouvernement à réactiver la Commission nationale de lutte contre la corruption, aujourd’hui paralysée au point de faire déserter certains de ses membres. Le parti réclame également l’élaboration rapide d’un nouveau cadre légal visant à sanctionner l’enrichissement illicite et à encadrer les conflits d’intérêts, des réformes qu’il juge indispensables pour restaurer la confiance dans les instances publiques.

Le parti note que, malgré quelques initiatives récentes — une session du 31 janvier consacrée aux réformes du secteur de l’éducation et une autre du 29 janvier portant sur la gestion de l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé — les efforts du gouvernement restent avant tout formels. Pour le PJD, ces rencontres semblent davantage servir d’image que d’opération concrète pour résoudre les problèmes structurels qui minent divers secteurs stratégiques du pays.

Enfin, le débat sur la régulation des prix des médicaments vient s’ajouter aux griefs du PJD. Le parti déplore l’inaction du gouvernement face à la pression du lobby pharmaceutique, pointant du doigt des marges bénéficiaires jugées excessives — pouvant atteindre 300% selon les déclarations récentes de Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du budget. Le PJD insiste sur la nécessité pour le gouvernement, qui détient le pouvoir de fixer les prix via la législation sur les produits pharmaceutiques, de prendre des mesures immédiates pour encadrer ces pratiques et protéger le système de santé national.