Automobile : à la recherche d’un nouveau constructeur, Rome contacte le chinois BYD

Le géant automobile chinois BYD a indiqué avoir été contacté par le gouvernement de Giorgia Meloni qui cherche à faire venir en Italie un second constructeur pour augmenter la production de voitures et mettre ainsi fin au monopole de Stellantis.

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Nous avons quelques contacts pour en discuter”, a déclaré Michael Shu, patron de BYD Europe, en marge du Salon de l’automobile de Genève lors d’une interview avec l’agence Bloomberg publiée lundi soir.

Interrogé mardi par l’AFP, le ministère italien des Entreprises n’a pas souhaité commenter. La nécessité d’une autre usine en Europe “dépend de nos ventes — pour l’instant, nous progressons très bien”, a expliqué Michael Shu. Mais “il est trop tôt” pour se prononcer sur une décision concernant une seconde usine, a-t-il ajouté.

Le groupe chinois compte ouvrir dans trois ans en Hongrie sa première usine européenne de fabrication de voitures de tourisme, afin de stimuler les ventes dans la région. Il suit ainsi l’exemple de Toyota, qui a ouvert sa première usine européenne en Angleterre en 1992. Mais le constructeur japonais a mis près de dix ans avant d’en ouvrir une autre, en France. BYD a dépassé Tesla fin 2023 comme principal producteur de voitures électriques dans le monde et a d’autres projets d’usines en dehors de l’Europe, de l’Asie du Sud-Est au Brésil.

En pleine polémique avec Stellantis sur les subventions de l’État pour les véhicules électriques, le ministre des Entreprises Adolfo Urso avait lancé l’idée de faire appel à un second constructeur afin d’atteindre son objectif de porter la production italienne à un million d’unités par an. “Des négociations importantes sur un plan international sont en cours depuis des mois pour faire venir un second constructeur automobile en Italie”, a-t-il assuré à la mi-février, sans dévoiler les noms des groupes contactés.

Stellantis a augmenté sa production en Italie l’an dernier de 9,6 % à près de 752.000 véhicules et si le groupe arrivait à maintenir ce rythme, l’objectif d’un million de voitures pourrait être atteint “très, très rapidement”, a affirmé son directeur général Carlos Tavares. Un objectif qui pourrait toutefois être compromis, selon lui, si un autre constructeur commençait à produire en Italie. “Si nous invitons davantage de constructeurs automobiles chinois à produire en Europe, pensez-vous que cela va aider ?” a-t-il lancé à la mi-février devant des journalistes.

Stellantis préférerait le Maroc ?

Depuis quelque temps, le Maroc est à nouveau dans le collimateur de Stellantis, et cette fois le pays a beaucoup à gagner compte tenu de la situation dans laquelle se trouve l’industrie et, surtout, des relations envenimées du géant franco-italien avec l’Espagne et l’Italie. Début février, Carlos Tavares s’est adressé au gouvernement espagnol pour lui demander de contribuer à la construction d’une Gigafactory pour les batteries de voitures électriques dans la région de Figueruelas, à Saragosse.

La démarche du Portugais n’est pas surprenante, il veut la même chose que ce que Volkswagen a obtenu lors de la dernière étape d’Herbert Diess, qui a signé une mise de fonds de plusieurs millions de dollars pour l’usine de batteries de Sagunto. Pour l’instant, le gouvernement n’a pas fait de déclaration, mais il y a eu une réponse de l’Italie, qui a reproché le manque d’aide pour l’achat de modèles à zéro émission, et qui s’est adressée aux fournisseurs nationaux en soulignant “la nécessité de trouver des formules créatives” pour réduire le coût des voitures électriques.

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Le PDG de Stellantis, Carlos Tavares, aurait également envoyé une lettre à Giorgia Meloni, évoquant le Maroc comme un pays avec des conditions idéales pour les investissements. Cette mention n’a pas manqué de faire réagir la leader du parti politique italien Frères d’Italie, qui a affirmé : “Nous défendons nos intérêts nationaux et nous voulons établir un rapport équilibré avec Stellantis pour défendre la production en Italie. Si vous voulez vendre une voiture à l’international en la commercialisant comme un bijou italien, cette voiture doit être fabriquée en Italie.”

Tavares a ensuite accusé le gouvernement italien de ne pas prendre ses responsabilités face à l’absence de subventions pour l’achat de voitures électriques, mettant ainsi en danger l’économie italienne. L’avenir des usines de Mirafiori et de Pomigliano d’Arco, qui produisent la Fiat 500 électrique, est également incertain et la querelle entre le géant automobile et l’Italie soulève bien des questions sur la production et la vente de voitures électriques dans le pays.

(avec AFP)