Agriculture : le Royaume-Uni à l’honneur du SIAM 2023

Le Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM) revient en 2023 après trois années de report pour cause de pandémie. Ce mardi 10 janvier à Rabat, le ministre de l’Agriculture a dévoilé les grands axes du rendez-vous, en compagnie de l’ambassadeur du Royaume-Uni, futur invité d’honneur. Les détails.

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Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, lors de la conférence de presse du SIAM, le 10 janvier 2023 à Rabat. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Fin de la parenthèse pandémique. Le SIAM sera de retour du 2 au 7 mai prochain à Meknès. Cette 15e édition, placée sous le thème “Génération Green, pour une souveraineté alimentaire durable”, aura comme invité d’honneur le Royaume-Uni.

Vieux partenaire commercial du Maroc, le royaume aux 67 millions d’habitants succède à la Suisse, invitée de l’édition 2019. “Le SIAM se positionne à ce jour comme le premier salon en Afrique, en plus de son positionnement par rapport aux salons de l’agriculture les plus reconnus dans le monde”, s’est notamment félicité le ministre de l’Agriculture, Mohammed Sadiki, lors de la conférence de lancement.

Rassembler à Meknès différents acteurs du secteur agricole, créer un système d’émulation pour une agriculture en constante évolution, création d’un pôle B2B… le ministre affiche l’ambition d’“accompagner l’agriculture dans ses transitions économiques, sociétales et climatiques”.

Des économies en projection

Mohammed Sadiki prévoit l’arrivée d’exposants issus de plus de 60 pays, avec une forte présence africaine dans le cadre des accords de partenariat conclus par le royaume avec de nombreux pays du continent. En s’attardant sur la thématique choisie pour cette année, le responsable gouvernemental a expliqué que “l’agriculture est l’un des rares secteurs à n’avoir pas suspendu ses activités en période de pandémie”, estimant que “la vraie sécurité est alimentaire” et que le Maroc “n’a pas connu de problèmes de pénuries alimentaires durant la pandémie grâce aux orientations royales”.

Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts.Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Entre 2008, année de lancement du Plan Maroc Vert, et 2022, Sadiki observe quelques similitudes : “À l’époque, on était au lendemain d’une crise mondiale qui avait engendré une hausse des prix des énergies et des produits agricoles et alimentaires. La différence avec 2022, c’est que la notion de mondialisation des chaînes de production illimitées a aujourd’hui été remplacée par celle de la souveraineté agricole et alimentaire”, a déclaré le ministre en défendant le nouveau plan gouvernemental baptisé Génération Green.

Un des objectifs est d’atteindre “un million d’hectares de surface irriguée en 2030 en économisant près de 3 millions de mètres cubes d’eau”, a chiffré le responsable. Des économies, a-t-il ajouté, “qui permettront de produire davantage, car pour avoir une souveraineté alimentaire, nous devons produire dans le cadre de systèmes agricoles durables”. Ces efforts de production devraient également toucher “des catégories agricoles de base qui permettent de sécuriser le marché intérieur, de valoriser les ressources en eau, et de créer de la richesse via une politique d’emploi dans le secteur agricole”. En marge du SIAM de cette année à Meknès, les Assises de l’agriculture devraient approfondir ces réflexions.

Friands de tomates marocaines

Convié à cette conférence de lancement, l’ambassadeur du Royaume-Uni à Rabat, Simon Martin, entrevoit dans le SIAM “une occasion formidable pour présenter l’expertise britannique dans ce secteur clé”. Il s’agira également de “célébrer, encourager et profiter du potentiel qui existe entre nos deux royaumes dans le secteur agricole”, a souligné le haut diplomate avant de rappeler que cette invitation intervient deux ans après l’entrée en vigueur de l’accord d’association maroco-britannique.

Le traité bilatéral a notamment “renforcé les échanges commerciaux dans le secteur débattu”, a rapporté l’ambassadeur. Selon les chiffres récents exposés et arrêtés au deuxième trimestre de 2022, les échanges commerciaux entre les deux royaumes ont atteint 2,7 milliards de livres sterling, soit une trentaine de milliards de dirhams, ce qui représente plus de 50 % de plus par rapport à 2021.

Les fruits et légumes représentent plus d’un tiers des exportations marocaines vers le Royaume-Uni. “C’est quelque chose d’absolument étonnant, mais on ne peut pas s’arrêter là. Nous avons cet accord d’association qui est un mécanisme intergouvernemental pour encourager l’investissement et la commercialisation dans nos deux pays”, a commenté Simon Martin.

60 % des sardines, 25 % des tomates et 20 % des fruits consommés au Royaume-Uni proviennent du Maroc.Crédit: Unsplash

Le SIAM constitue, dans ce sillage, “une très bonne opportunité de présenter les capacités et compétences britanniques disposant de technologies de pointe dans l’utilisation de l’eau, les systèmes d’irrigation, les technologies de la chaîne du froid, l’ingénierie de semences, etc.”

Au cours de son intervention, l’ambassadeur a spécifiquement mentionné la filière des tomates, le Royaume-Uni étant devenu le deuxième consommateur de tomates marocaines. “Quand je parle avec ma mère qui vit Birmingham, elle me fait toujours la remarque au sujet des fruits rouges marocains de plus en plus présents dans les supermarchés”, a-t-il déclaré, “mais c’est aussi un secteur très vulnérable aux changements climatiques, pour lequel nous devrions détailler les opportunités dans un cadre de développement durable”, a observé Simon Martin.