Sommet arabe : ces chefs d’État qui n’y participent pas

Plusieurs leaders de taille se sont excusés pour des raisons médicales, internes ou même régionales, de leur non participation au Sommet de la Ligue arabe, les 1er et 2 novembre à Alger.

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Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita (en bas à droite) lors du Sommet de la Ligue arabe à Alger, le 31 octobre 2022. Crédit: @ArabSummitAlg22 / Twitter

Le 31e Sommet de la Ligue arabe au niveau des chefs d’État débutera cet après-midi dans la capitale algérienne, mais plusieurs présidents, rois et princes ont déjà annoncé leur non-participation, un fait rare pour l’organisation panarabe.

Mohammed VI, absent pour raisons “régionales”

Après une longue polémique sur une éventuelle participation personnelle de Mohammed VI, le roi ne se rendra pas au Sommet d’Alger. Un déplacement qui aurait été considéré comme un signe de rapprochement et de réconciliation entre les deux pays, dont les relations diplomatiques sont gelées depuis plus d’un an, à l’initiative de l’Algérie.

L’absence du monarque a été confirmée, lundi 31 octobre, par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Dans une déclaration accordée à la chaîne d’information saoudienne Al Arabiya, le chef de la diplomatie a indiqué que la non-venue du roi à Alger était liée à des raisons “régionales”.

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De leur côté, nos confrères de Jeune Afrique font allusion à la réception peu diplomatique accordée à la délégation marocaine conduite par Bourita. Le magazine explique également l’absence de Mohammed VI par celle des chefs d’États considérés alliés proches du royaume sur la scène arabe.

Cette réunion rejoint donc la longue liste de sommets arabes boycottés par le monarque, depuis celui de 2005 organisé à Alger, jusqu’alors unique visite royale dans ce pays frontalier.

Arabie Saoudite : MBS s’excuse, MBZ aussi

Considéré comme l’un des pays membres les plus influents de la Ligue arabe, l’Arabie Saoudite ne sera représentée cette année que par son ministre des Affaires étrangères.

Après une première confirmation de la présence du roi du puissant royaume du Golfe, Ryad a ensuite annoncé que le prince héritier et dirigeant de facto du pays, Mohamed Ben Salmane, surnommé MBS, conduirait la délégation saoudienne à Alger. Cependant, la présidence algérienne a annoncé le 23 octobre que MBS s’était excusé auprès du président Abdelmadjid Tebboune de ne pas pouvoir participer au sommet pour raisons médicales.

“Le prince héritier souffre d’une affection à l’oreille qui rend les vols de longue distance difficiles. (…) La pression dans l’avion peut provoquer un bouchon dans l’oreille durant des semaines”, lit-on dans un tweet de Ali Shihabi, un analyste saoudien proche du gouvernement.

Quelques jours plus tôt, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita était reçu en Arabie Saoudite pour remettre un message du roi Mohammed VI à son homologue saoudien Salmane Ben Abdelaziz.

Nasser Bourita reçu par le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères à son arrivée à l’aéroport de Ryad, le 17 octobre 2022.Crédit: Agence de presse saoudienne

De son côté, le président émirati Mohamed Ben Zayed a informé de sa non-participation au Sommet, sans dévoiler les raisons derrière cette décision. Cette participation aurait été la première du genre pour MBZ en tant que président. Il a décidé d’envoyer son vice-président, le gouverneur de Dubaï Mohamed Ben Rached Al Maktoum. Selon nos informations, ce dernier séjournerait dans sa résidence à Rabat et se déplacerait à Alger, au lieu de résider dans la ville hôte de l’événement.

Jordanie, le prince héritier mais pas le roi

La Jordanie, un des alliés les plus proches du Maroc du monde arabo-musulman, ne sera pas représenté au Sommet par son monarque Abdallah II, proche de Mohammed VI, MBS et MBZ. En effet, le prince héritier Hussein Ben Abdallah remplacera son père, pour la première fois, lors de cette réunion de l’organisation panarabe.

Sans expliquer l’absence du monarque, le royaume hachémite a indiqué que le prince de 28 ans dirigerait la délégation jordanienne et prononcerait le discours au nom de son père lors du sommet.

Les leaders d’Oman, du Liban, du Bahreïn et du Koweït eux aussi absents

Le président libanais Michel Aoun était parmi les premiers à annoncer sa non-venue, en raison de l’achèvement de son mandat le 31 octobre. Beyrouth sera donc représentée par son chef de gouvernement, Najib Mikati. En effet, Aoun a quitté dimanche ses fonctions et le palais présidentiel, sans qu’un autre président ne soit élu ou nommé par le Parlement de son pays.

Pour sa part, le sultan d’Oman, Haïtham ben Tariq, a décidé de ne pas se rendre personnellement au Sommet. C’est plutôt le vice-Premier ministre chargé des relations et Affaires de coopération internationale et représentant spécial du sultan, Asaad bin Tariq Al Said, qui se déplacera dans la capitale algérienne.

Comme ses amis MBZ et MBS, le roi bahreïni Hamad Ben Issa Al Khalifa a aussi délégué la représentation du petit royaume du Golfe à l’un de ses ministres. Il s’agit du vice-Premier ministre Mohamed Ben Moubarak Al Khalifa, un cousin germain du roi.

Quant au Koweït, il sera représenté par son prince héritier Mishal Al-Ahmad Al-Jaber, qui remplacera l’émir du pays Cheikh Nawaf al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, qui s’est, lui aussi, excusé de son absence sans en citer les raisons.

À noter que ce sommet est le premier du genre depuis le début de la pandémie. Généralement organisé fin mars chaque année, le sommet d’Alger a été reporté plusieurs fois, en raison, entre autres, de divergences sur l’ordre du jour de la réunion.