Imaginez une solution pour valoriser les têtes, viscères, arêtes, et tous les produits de la mer qui, autrement, iraient à la poubelle. Pour l’industrie de la pêche, ce remède miracle, c’est la farine de poisson. Les parties non utilisées dans les usines de conserverie, de transformation ou sur les marchés sont ainsi broyées, brûlées, séchées. La poudre ou les granulés obtenus sont destinés à la consommation animale et parfois humaine.
Si l’industrie est polluante, car elle relâche nombre de fumées lors de la cuisson, et de produits néfastes dans l’environnement — sang, tissus et autres déchets organiques —, elle permet d’éviter de gâcher de la matière première. Une valorisation bienvenue dans un secteur mis à mal par la surexploitation des stocks halieutiques. Mais comme l’enfer est pavé de bonnes intentions, la farine de poisson met en danger l’avenir des eaux marocaines.
Comment la farine a gagné du terrain
Tout d’abord, un constat. En 2009, le royaume exporte 76.000 tonnes de farine de poisson sur l’année. 13 ans plus tard, en 2022, le même produit dépasse la barre des 200.000 tonnes expédiées vers les marchés étrangers. Près du triple, donc.
Au niveau des prix, à la fin des années 2000, l’exportation de farine de poisson pèse 526,2 millions de dirhams, soit 3,8% de l’ensemble des exportations des produits de la mer. Un peu plus d’une décennie plus tard, la même denrée a atteint une valeur de 2,9 milliards de dirhams, et 10% des exportations halieutiques du Maroc. La belle affaire.