Mon objectif à terme est de créer une association au Maroc qui s’adresse aux Marocains”, soutient Lamya Essemlali. Activiste de longue date, la présidente de Sea Shepherd France veut donc créer une association dans le pays où elle a découvert son amour pour l’océan. L’objectif de l’ONG serait de protéger des orques dans le détroit de Gibraltar, mais pas seulement : cette dernière “ne se limiterait pas à la préservation d’une espèce en particulier, elle aurait un objet social plus vaste autour de la préservation de l’océan”, précise la militante.
Une mission qui ne connaît pas de frontière… Lamya Essemlali a travaillé sur ces sujets en France, “beaucoup” ; en Espagne, “un peu” ; mais jamais au Maroc, “et ça fait longtemps que j’ai envie de le faire”, explique-t-elle. Et de s’enthousiasmer : “C’est intéressant de voir comment chaque pays gère cet enjeu-là” !
Dans le Royaume, elle souhaite s’adresser directement aux acteurs de la société civile, sur le terrain, “car beaucoup de choses découlent de la sensibilisation et du lien qu’on peut créer entre les gens et la mer (…) il faut faire en sorte que les Marocains prennent conscience de leur chance d’avoir un si grand littoral, et qu’ils s’engagent à le préserver”.
Par ailleurs, elle souhaite, à force de présence sur le terrain, parvenir à parler à la fois aux pouvoirs publics, aux ONG, aux pêcheurs et aux scientifiques. “Nous avons tous des expertises différentes et complémentaires, et ça permet de mettre en place des feuilles de route efficaces, pérennes, socialement justes et écologiquement efficaces”, détaille-t-elle, consciente néanmoins que la création et le développement d’une association est un “vrai défi”.
Un atelier “algue et microscope” sous haute surveillance
Mais un défi de quelle ampleur ? C’est la question que TelQuel a posée à Hicham Masski, écologue et membre fondateur en 2002 d’une association, Okéanos, qui partage les ambitions de Lamya Essemlali. Une chose est certaine pour le chercheur et militant, c’est que la démarche associative peut être “un élément salvateur pour la société marocaine”. Mais “réussir à travailler de manière désintéressée dans le Royaume, c’est très compliqué”, met-il en garde. Depuis 20 ans qu’il travaille, sur les plages ou dans les écoles, à sensibiliser les jeunes marocains à la richesse de la biodiversité marine, Hicham Masski sait combien “l’action associative pâtit de la bureaucratie”.
