La surpêche, le “mal de mer” du littoral marocain

[Sauver le littoral, ép. 2] Alors que la mer entre toujours davantage dans les considérations stratégiques du Maroc, la question de sa préservation demeure en arrière-plan. La baleine dans la pièce : la surpêche, première responsable de la dégradation avancée de l’environnement maritime marocain.

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Le port de Casablanca. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Nous sommes arrivés à un effondrement de la biodiversité marine. Les prévisions scientifiques des Nations unies prédisent un effondrement des pêcheries commerciales d’ici 2048. C’est catastrophique, et le Maroc ne fait pas bande à part sur le sujet”, avertit d’emblée Lamya Essemlali.

“Nous sommes arrivés à un effondrement de la biodiversité marine et le Maroc ne fait pas bande à part sur ce sujet”

Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France

La présidente de l’association de protection des mers et océans Sea Shepherd France souhaite pour cela créer une association au Maroc de protection de la biodiversité marine. Car 2048 peut sembler loin, mais l’effondrement n’est pas l’affaire d’une journée. Déjà, les effets de l’appauvrissement de la perte de biodiversité océanique se font ressentir. “On a des poissons de plus en plus petits. C’est un signe que les populations sont en train de s’effondrer, car les poissons ne vivent plus suffisamment longtemps pour se reproduire”, s’inquiète-t-elle.

Mais pour le Maroc, cette réalité est parfois difficile à observer : “Je suis dans l’institution qui a le monopole des moyens au Maroc en ce qui concerne la mer, et en tant que chercheur, je n’ai pas nécessairement les données”, confie Hicham Masski, écologue à l’Institut national de recherche halieutique (INRH).

“On a des poissons de plus en plus petits. C’est un signe que les populations sont en train de s’effondrer, car les poissons ne vivent plus suffisamment longtemps pour se reproduire”, alerte Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France.Crédit: DR

Ce qui dérange le plus l’écologue, c’est qu’en tant qu’acteur associatif et citoyen, il n’a pas accès à des données qui devraient être publiques. “Il y a 10-15 ans, l’INRH produisait un rapport d’état des ressources et des écosystèmes qui était directement publié sur le site, et qui a permis d’établir un tableau d’évolution de la biodiversité sur 50 ans. Aujourd’hui, l’Institut a créé un portail auquel on ne peut avoir accès que quand on a le code”, explique-t-il. Pourtant, une loi du Royaume oblige les institutions à publier leurs informations. “L’INRH a, dans ses statuts, l’obligation de publier ses résultats. Et ce n’est pas fait. Pourquoi ? C’est le Maroc, c’est la culture du secret”, avance Hicham Masski.

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