L’histoire est désormais en marche”, nous confie un participant marocain au congrès extraordinaire de la FIFA qui a attribué, officiellement, le Mondial 2030 au trio Maroc, Espagne et Portugal. Cette décision est l’aboutissement d’un processus long de plusieurs décennies, émaillé d’espoirs et de déconvenues. La Coupe du monde est un catalyseur qui devrait permettre à l’ensemble du pays de travailler en synergie durant les cinq prochaines années. Mais au-delà de 2030, on verra.
Notre pays va donc se mettre en mode “hamla” durant les cinq prochaines années. Le terme désigne la capacité de l’Etat à mobiliser tout ce qu’il a de moyens humains, logistiques et financiers pendant une période déterminée et dans un objectif précis. Un mode où l’on est peu regardant sur le “comment” avec tout ce que cela peut engendrer en termes d’excès, d’inefficacité ou d’abus. Le Mondial est justement l’un des rares événements capables de mobiliser les Marocains derrière un objectif commun. Le Mondial 2022 au Qatar et les injustices subies par notre pays lors de ses multiples candidatures y sont pour beaucoup.
Plus que jamais, il est nécessaire de penser le Maroc au-delà de la deadline de 2030
Le “mode hamla” est déjà enclenché. La modernisation express de villes comme Rabat, Tanger ou Casablanca en est une illustration. La multiplication des contrôles fiscaux et des avis à tiers détenteurs en est une autre. Le besoin est pressant. L’organisation du Mondial 2030 devrait coûter entre 50 et 60 milliards de dirhams aux caisses de l’Etat. Une somme qui servira au financement de chantiers capitaux pour notre pays: extension du réseau des LGV et des autoroutes, déploiement de la 5G, , modernisation des aéroports, constructions d’hôpitaux et de stades modernes. Tous devront être livrés dans un délai de moins de cinq ans. Au bénéfice de nombreux secteurs de l’économie marocaine: BTP, télécoms, tourisme, santé…
Mais la hamla ne peut pas régler tous les problèmes. Il est difficile d’imaginer que le secteur de l’Education bénéficiera de la même attention que les superprojets d’infrastructures. Certaines villes situées en périphérie n’auront pas droit aux mêmes égards que les villes hôtes du Mondial. Et ce, malgré des directives royales visant à faire de la Coupe du monde un vecteur de développement pour l’ensemble du pays.
La Coupe du monde n’est qu’une étape dans le développement de notre pays. L’évènement ne durera qu’un mois et demi et devrait- au mieux- attirer quelques millions de touristes supplémentaires. Plus que jamais, il est nécessaire de penser le Maroc au-delà de la deadline de 2030. Et de se poser la question suivante : comment créer une hamla similaire à celle du Mondial, capable de porter notre pays dans les décennies à venir?