La situation est difficile, les amis, et ce n’est pas Zakaria Boualem qui l’affirme. Le MarocModernesarl lui-même a annoncé un chômage en “hausse notable”, avec un taux qualifié d’historique, tels sont les vocables utilisés dans les communiqués. Oui, nous avons un chômage tellement ancien et respectable qu’il est devenu un notable, un peu comme un personnage historique, et c’est très beau.
“Le Boualem a relu plusieurs fois la phrase avant de s’extasier sur la capacité de nos politiques à empiler les lieux communs et les généralités, parfois dans la même déclaration, sans jamais se trouver embarrassés”
Si vous connaissez le Guercifi, vous savez probablement à quel point il est nul en économie, surtout marocaine, et vous vous demandez bien quel type d’analyse foireuse il s’apprête à déployer sans vergogne dans les prochaines lignes. Aucune, rassurez-vous, le bougre essaye juste de comprendre ce qui nous arrive, ce n’est pas chose facile.
Il a ainsi cliqué sur la Toile, avec humilité, et il a appris que notre gouvernement était “choqué”, le pauvre. Il est ainsi tombé sur une déclaration de son porte-parole annonçant que ce chiffre était dû à, tenez-vous bien, “la sècheresse et aux problèmes du pays”. Il a accueilli cette excuse avec un soupir de dépit, sans doute l’effet de l’âge. Puis, il a relu plusieurs fois la phrase avant de s’extasier sur la capacité de nos politiques à empiler les lieux communs et les généralités, parfois dans la même déclaration, sans jamais se trouver embarrassés.
Toujours pas plus avancé, le Guercifi a poursuivi son enquête, et il a découvert que ce même gouvernement avait annoncé, dès ses premiers jours, la création d’un million d’emplois pendant son quinquennat. On se demande d’ailleurs bien pourquoi ils s’étaient lancé un pareil défi alors que personne ne leur avait rien demandé. C’est vrai, après tout, il n’y a aucune raison particulière de promettre quoi que ce soit quand on attend aussi peu de vous et que, en plus, il est peu probable qu’on vous demande des comptes. Mais nous sortons du sujet, qui consiste, rappelons-le, à comprendre pourquoi nous sommes historiquement au chômage.
D’après les recherches du Boualem, en vrac, sont mis en cause le système éducatif, le climat, l’informel, et même le mauvais œil. C’est assez triste, en vérité, puisqu’il faut rappeler que depuis que le pays est passé sous le régime de la SARL avec la mise en avant politique des entrepreneurs, on pensait vraiment que ses locataires allaient pouvoir trouver un emploi plus facilement. Après tout, à force de répéter qu’il fallait gérer un pays comme une entreprise, on pensait presque pouvoir devenir rentable : la désillusion est cruelle. Mais ne comptez pas sur le Boualem pour vous expliquer les raisons de ce plantage, encore moins de vous proposer la moindre solution, il ne faut pas trop lui en demander.
“La certitude, la prouesse, et même l’hommage, c’est celui qui consiste à saluer la grande capacité des Marocains à subir dans la dignité les affres d’une économie qui les malmène depuis des année”
Ce qu’il peut faire, par contre, et ce peut être utile, allez savoir, c’est de partager avec vous une impression et une certitude. L’impression, c’est que le Maroc a perdu la main sur le Maroc, et c’est assez grave en vérité : on pourrait décider de changer à peu près tout sans que rien ne change. Et la certitude, la prouesse, et même l’hommage, c’est celui qui consiste à saluer la grande capacité des Marocains à subir dans la dignité les affres d’une économie qui les malmène depuis des années.
L’accumulation absurde de crises, du Covid à celle de l’eau en passant par la monumentale hausse des prix, et par-dessus le marché un tremblement de terre, voilà ce que les locataires ont dû se taper ces derniers mois. Le tout dans le silence et la tempérance, on se demande comment ils font pour garder la tête hors de l’eau. Il faut donc noter que, contrairement à ce qu’on répète souvent, ils sont peut-être plus compétents que leur gouvernement. C’est tout pour la semaine, et merci.