Candidature de l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU : faut-il s’inquiéter ?

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal Bin Farhan Bin Abdullah Al Saoud a affirmé, le 19 mai à Alger, le soutien de son pays à la candidature du voisin de l’Est au Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent. Dans un contexte de tensions accrues entre les deux États “frères”, la candidature de l’Algérie devrait-elle  inquiéter le Maroc ?

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Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. Crédit: AFP

Ce qui a été annoncé : Le chef de la diplomatie saoudienne Fayçal bin Abdullah Al Saoud a affirmé, hier jeudi, le soutien de son pays à la candidature de l’Algérie au Conseil de sécurité (CS) de l’ONU pour la période 2024-2025 en sa qualité de membre non permanent pour la zone Afrique. Actuellement, trois pays africains occupent des sièges au Conseil de sécurité. Il s’agit du Gabon et du Ghana,  dont les mandats se terminent en 2023 et du Kenya dont le mandat se conclut en 2022.

L’annonce a été faite lors d’un point de presse conjoint avec son homologue algérien Ramtane Lamamra, tenu à l’issue de l’audience que lui a accordée le président, Abdelmadjid Tebboune.

Le contexte : En février 2021, le Conseil exécutif de l’Union africaine, lors de sa 38e session, avait soutenu la candidature d’Alger à l’organe décisionnel de l’ONU. Or, notre voisin de l’Est n’est pas le seul candidat africain à cette instance pour la période  2024-2025. Le Conseil panafricain a également soutenu la candidature du Sierra Leone en tant que membre non permanent pour la zone de l’Afrique de l’Ouest.

L’Assemblée générale des Nations unies choisira cinq nouveaux membres non permanents du CS en juin 2023, lors d’un vote public.

Pourquoi cela compte? En tant qu’organe décisionnel des Nations Unies, le Conseil de sécurité traite des grands dossiers internationaux, et notamment celui du Sahara. Un conflit dans lequel le Maroc estime que l’Algérie est partie prenante du fait de son soutien financier et logistique au Polisario.  L’instance vote chaque année une résolution dans laquelle elle proroge le mandat de la Mission des Nations Unies au Sahara (Minurso) et dresse un état des lieux de la situation sur le terrain.

Les enjeux

Un soutien arabo-musulman à la candidature algérienne ?
Seul candidat arabe déclaré, l’Algérie pourrait jouir du soutien des États membres du groupe arabe au sein de l’Assemblée générale de l’ONU. Le Sommet de la Ligue arabe, prévu dans la capitale algérienne en novembre prochain, serait dans ce sens opportun pour les Algériens, en vue de mobiliser les dirigeants arabes en faveur de cette candidature. 

Le Sahara, un conflit d’intérêts

Bien que l’Algérie ne se sente pas concernée, le royaume, appuyé par les résolutions du CS, plaide pour considérer son voisin de l’Est, abritant les séparatistes du Polisario, comme partie prenante au conflit du Sahara. 

Depuis 2018, Alger est convoquée aux négociations autour du Sahara, notamment lors des tables rondes, Genève I et Genève II de 2018 et 2019. De même, les dernières résolutions du CS mentionnent de plus en plus l’Agérie, l’impliquant dans le processus de solution de ce litige. Pour Rabat, ces données illustrent de la manière la plus claire, le statut de “partie prenante au conflit” d’Alger.

De son côté, le CS interdit à tout État membre impliqué dans un conflit  de voter lors d’une réunion de discussion de ce différend. “Tout État, qu’il soit Membre des Nations unies ou non, s’il est partie à un différend examiné par le Conseil de sécurité, peut être convié à participer, sans droit de vote, aux discussions relatives à ce différend ; le Conseil détermine les conditions qu’il estime juste de mettre à la participation d’un État qui n’est pas membre de l’Organisation”, indique le site officiel de l’ONU.

La situation avant : Rabat et Alger ont déjà siégé trois fois au Conseil. Dernière adhésion en date, celle du Maroc pour un mandat couvrant les années 2012 et 2013. En janvier 2018, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères Abdelkader Messahel avait affirmé la volonté de son pays de se porter candidat à l’instance exécutive des Nations unies pour la période 2019-2020. Néanmoins, Alger avait finalement abandonné son projet de candidature au profit de l’Afrique du Sud, dont le mandat a expiré fin décembre 2020.

Pour en savoir plus : En janvier dernier, cinq nouveaux membres non permanents on joint l’instance exécutive de l’ONU. Il s’agit notamment de l’Albanie, le Brésil, les Émirats arabes unis, le Gabon et le Ghana. Ils y siègent pour le mandat 2022-2023.