Nigeria : pénurie d’essence chez le premier producteur de pétrole en Afrique

Le Nigeria, premier producteur de pétrole en Afrique, fait face depuis une semaine à une pénurie de carburant dans ses stations essence, causant d’importants embouteillages dans les principales villes du pays.

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Des automobilistes patientent des heures dans une station essence de Lagos, au Nigeria, le 9 février 2022. Crédit: Pius Utomi Ekpei / AFP

Pays prisé par le Maroc et l’Algérie dans le cadre des partenariats concernant le projet du gazoduc afro-européen, le Nigeria fait face aujourd’hui à une crise anecdotique compte tenu de sa position de leader en termes de production de pétrole et de gaz naturel.

Devant les stations essence encore ouvertes à Abuja et à Lagos, bouillonnante capitale économique de 20 millions d’habitants, les files de voitures s’étendent sur des centaines de mètres.

Essence importée frelatée

En cause, l’importation dans le pays d’une importante quantité d’essence frelatée par quatre négociants, a accusé la compagnie pétrolière nationale (NNPC) qui tente depuis une semaine de retirer ce produit contaminé du marché. La semaine dernière, plusieurs automobilistes et conducteurs de motos ont eu leur véhicule endommagé par ce “carburant”.

Depuis 4 h du matin (3 h GMT), Shade Adisa patiente tant bien que mal au volant de sa voiture, coincée dans une queue qui s’allonge à l’entrée d’une station essence du quartier de Lagos Island. “Je me suis réveillée très tôt pour pouvoir faire le plein, mais vu la queue je ne suis pas près d’en avoir avant 8 h”, dit cette avocate.

Malgré tout le pétrole qu’il extrait, le Nigeria doit importer la majorité de son carburant

Malgré tout le pétrole qu’il extrait, le Nigeria doit importer la majorité de son carburant. Les quatre raffineries de ce pays de 220 millions d’habitants ne fonctionnent pas, ou alors en deçà de leur capacité.

Face au manque d’essence disponible, le tarif des transports a augmenté dans plusieurs villes, contraignant nombre d’habitants à parcourir de longues distances à pied. “Il est difficile de se rendre au travail ces jours-ci. Avant, je dépensais 1500 nairas (environ 35 dirhams) par jour dans les transports, mais depuis le début de la pénurie, j’ai dépensé plus de 2000 nairas (50 dirhams)”, a déclaré Gafaru Adebayo.

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Selon la Banque mondiale, quatre habitants du Nigeria sur dix vivent sous le seuil international de pauvreté (1,90 dollar américain par jour et par personne). Et dans ce pays qui souffre également d’un manque criant d’électricité, ceux qui peuvent se le permettre dépendent de générateurs à essence ou gazole pour alimenter leur maison et leur commerce une bonne partie de la journée. “Même à la maison, j’ai dû doubler mes dépenses en gazole pour faire marcher mon générateur”, se plaint M. Adebayo, fonctionnaire à Lagos.

Les compagnies chargées de la vente de carburants ont affirmé que plusieurs stations tentaient toujours de restituer l’essence frelatée qui leur avait été fournie la semaine dernière, se retrouvant ainsi empêchées de stocker et de vendre des produits non contaminés.

(avec AFP)