Le pays est toujours en proie ce jeudi 12 août à de multiples incendies dévastateurs, qui ont déjà coûté la vie à 41 civils et 28 militaires, selon un dernier bilan officiel publié mercredi soir. Végétation calcinée, bétail agonisant et villages assiégés : les feux ont semé la désolation sur leur passage en Kabylie, une région située à l’est/sud-est de la capitale Alger.
À la préfecture de Tizi Ouzou, zone qui a enregistré le plus de pertes humaines, des images prises par un photographe de l’AFP montrent à perte de vue des secteurs entiers de forêt partis en fumée. Alors qu’ils avaient dû évacuer leur domicile pour fuir les flammes, des villageois ont commencé à regagner leurs villages. Ils constatent alors, dévastés, l’ampleur des dégâts.
Maroc et France à la rescousse
L’un d’eux raconte à l’AFP avoir tout perdu : “Il ne me reste plus rien. Mon atelier, ma voiture, mon appartement. Même le carrelage a été ravagé”. Mais cet homme à “réussi à sauver sa famille”, alors que “des voisins sont morts ou ont perdu leurs proches”, se console-t-il comme il peut.
L’Algérie observe à partir de ce jeudi un deuil national de trois jours, décrété la veille par le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Au quatrième jour de ces incendies, les efforts pour venir à bout des feux se poursuivent dans les nombreuses préfectures.
Avec des moyens souvent limités, pompiers, militaires et volontaires tentent toujours de maîtriser les flammes. Ils sont désormais soutenus par deux bombardiers d’eau loués auprès de l’Union européenne (UE). La France a annoncé mercredi envoyer deux bombardiers d’eau et un avion de commandement. Le Maroc, qui connaît des tensions récurrentes avec Alger, s’est dit aussi prêt à aider en mettant à disposition deux appareils.
Devant l’ampleur de la catastrophe, les appels à l’aide se multiplient dans la société civile, en Algérie et au-delà. Des ONG s’activent en France — où les liens humains avec la rive sud de la Méditerranée sont nombreux — pour envoyer du matériel aux zones sinistrées par l’intermédiaire d’organisations locales.
Dans le pays même, où le choc est immense, “particuliers et associations se mobilisent, sans relâche, en organisant des collectes de vêtements, de denrées alimentaires, de médicaments et de produits d’hygiène”, écrit le site d’information TSA, qui titre sur “le formidable élan de solidarités”.
Vague de chaleur sur la Méditerranée
Alors que l’Algérie fait face à une vague de chaleur extrême, les vents compliquent la tâche des secouristes. Les autorités algériennes ont évoqué la piste criminelle. Quatre “pyromanes” ont jusque-là été interpellés, mais il n’y a pas davantage de détails à ce jour. Le chef d’état-major Saïd Chengriha a rendu visite aux unités de l’armée à Tizi-Ouzou et à Bejaïa, autre commune grandement touchée. Le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane s’est aussi rendu à son tour à Tizi Ouzou.
Chaque année, le nord de l’Algérie est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44.000 hectares de taillis sont partis en fumée. Mais ce phénomène s’amplifie tandis que les incendies se multiplient sur la planète. L’augmentation de la température, la multiplication des canicules et la baisse des précipitations par endroit sont une combinaison idéale.
Une vague de chaleur extrême doit se poursuivre jusqu’en fin de semaine au Maghreb selon différents services météorologiques, avec des températures frisant les 50 degrés. Sur la rive nord de la Méditerranée, la Grèce et la Turquie ont été les pays les plus touchés ces deux dernières semaines.