Les enseignants contractuels montent au créneau et ravivent leur mouvement de grève

On aurait pu s'attendre à une trêve ramadanesque et à la mise en stand-by de leur mouvement. Mais pour les enseignants contractuels, la lutte ne s'arrête pas : après une série de grèves les 22 et 23 avril, le 24 avril sera la grande journée de mobilisation nationale pour leur mouvement d'humeur. Et c'est loin de s'arrêter là.

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Marche des enseignants contractuels Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Plus rien ne les arrête. Pas même le ramadan. La Coordination des enseignants contractuels a décidé de monter au créneau et de raviver un mouvement qui ne s’était pas fait entendre depuis leur immense manifestation à Rabat, le 6 avril dernier. Celle-là même qui avait conduit à une vingtaine d’arrestations au sein des enseignants, dont Nezha Majdi, après une intervention brutale de la police.

Cette semaine, ils ont décidé à nouveau de se faire entendre. “Dans le prolongement de notre lutte contre la contractualisation, la coordination nationale des professeurs qui se sont vu imposer la contractualisation mène une grève nationale pour une période de quatre jours, les 22, 23, 24 et 26 avril courant”, explique à TelQuel Abdel Hafid Aït Aoumz, membre du Comité national des médias pour la Coordination nationale des professeurs contractuels.

Pour le mouvement, la journée du 24 avril est à marquer d’une pierre blanche. “La coordination organisera des marches de protestation et des rassemblements, le 24 avril dans divers villes pour marquer le deuxième anniversaire de l’assassinat du martyr des contractuels, Abdellah Hajili”. Presque dans toutes les revendications du mouvement, l’ouverture d’une enquête indépendante sur les circonstance de la mort de celui qu’il surnomme “le père spirituel des contractuels” fait partie de la liste.

Ce père d’une enseignante contractuelle était venu soutenir sa fille lors d’une manifestation du mouvement le 24 avril 2019. Lors de la dispersion de la manifestation, Abdellah Hajili est blessé à la tête et au thorax. Il décèdera deux jours après son transfert au CHU Ibn Sina à Rabat, sans jamais être sorti du coma où il était plongé. Depuis, les contractuels le considèrent comme un martyr pour leur cause. Aujourd’hui, deux ans après sa mort, on attend toujours les conclusions de l’enquête ouverte par le procureur du roi près de la Cour de Rabat qui s’était saisie du dossier.

Pour autant, faut-il voir un parallèle entre la reprise de ce mouvement de grève des contractuels et la récente sortie de Saïd Amzazi, répondant à une série de questions aux gouvernements ? Le 19 avril dernier, dans ses réponses devant le Parlement, le ministre de l’Education nationale est allé jusqu’à nier l’existence de la contractualisation, décrivant ce système de recrutements via les AREF comme ayant permis plus de “justice territoriale. La riposte des contractuels ne s’était pas fait attendre sur leur page Facebook où les propos du ministre ont été démantelés au vitriol.

Loin de cette passe d’armes verbale, la Coordination des enseignants insiste sur l’existence d’aucun lien entre la sortie du ministre et la reprise de leur mouvement. “Les déclarations du ministre par lesquelles il tente de tromper l’opinion publique, nous y avons répondu et les avons dénoncées comme des mensonges et des tromperies. Ces marches visent à commémorer le deuxième anniversaire de la mort du martyr Abdellah Hajili, éclaircit encore Abdel Hafid Aït Aoumz.

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