Rabat, noire de monde ce mardi après-midi. Des centaines d’enseignants contractuels sont descendus dans les rues de la capitale pour manifester, après l’appel lancé par leur Coordination nationale, affiliée au Syndicat national de l’enseignement (SNE/CDT) pour une grève nationale les 6 et 7 avril.
Malgré le déploiement d’un impressionnant dispositif sécuritaire, les forces de l’ordre n’ont pas réussi à contenir le cortège qui a presque occupé toute la longueur de l’avenue Hassan II, de l’immeuble Saada jusqu’à hauteur du Cinéma Paradise, situé sur le même boulevard. Par endroit, la circulation routière a été perturbée par les centaines de manifestants qui défilaient dans le centre de la capitale.
La démonstration a été amplifiée par les directs Facebook, les images ou courtes vidéos échangées via WhatsApp qui ont été partagées par des participants à la marche. Elle s’est globalement déroulée sans heurts même si parfois la police a tenté de les confiner à un périmètre spécifique, ce qui a provoqué de légères échauffourées. Pourtant, cette grande manifestation n’était pas censée se tenir dans le centre-ville de Rabat.
Pour anticiper cette situation, les autorités de la wilaya de Rabat avaient évoqué les mesures sanitaires et l’apparition de nouveaux variants du coronavirus pour interdire les deux manifestations prévues par la Coordination nationale des enseignants contractuels.
Interdiction bravée
“Dans le cadre des mesures préventives prises par le gouvernement pour endiguer la propagation du Covid-19, notamment suite à l’apparition de nouvelles souches, et prenant en considération la prolongation de l’état d’urgence sanitaire au 10 avril 2021, les autorités locales annoncent l’interdiction de tout attroupement ou rassemblement sur la voie publique pour éviter toute violation des dispositions de l’état d’urgence sanitaire”, avait justifié la wilaya dans un communiqué où elle nomme explicitement les enseignants contractuels.
Mais les contractuels n’ont jamais tenu compte de cette interdiction. Lundi 5 avril dernier, des dizaines d’enseignants affilées aux AREF ont anticipé une marche aux abords de la Bibliothèque nationale. Alors qu’ils tentaient de rejoindre le centre-ville, les forces auxiliaires ont réussi à les bloquer au mur faisant face à la Faculté des Lettres.
“Nous ne renoncerons pas à nos libertés et à notre droit de manifester. Nous serons donc à Rabat les 6 et 7 avril pour porter nos revendications, même dans les conditions les plus extrêmes. Les autorités seront pleinement responsables de la répression et des arrestations qu’elles commettent et qu’elles continuent de commettre.”, confiait à TelQuel, lundi dernier, Latifa El Makhloufi, membre de la Coordination nationale. Ce qui laisse présager une seconde marche.