Face à la polémique, les autorités sanitaires clarifient enfin leur position sur l’utilisation du vaccin AstraZeneca-Oxford. Depuis la fin de semaine dernière, une douzaine de pays ont annoncé suspendre, temporairement, l’utilisation du vaccin britannico-suédois par “principe de précaution”. Des retraits temporaires motivés par la détection de certains cas de complications après avoir reçu le vaccin, notamment des cas graves de formation de caillots sanguins chez certaines personnes vaccinées.
Parmi les premiers pays à suspendre l’usage du vaccin, le Danemark a confirmé la mort d’une patiente sexagénaire des suites d’une thrombose, une obstruction vasculaire causée par la présence d’un caillot sanguin. “Il n’est pas possible actuellement de conclure s’il y a ou non un lien. Nous agissons tôt, il faut une enquête approfondie”, a détaillé Magnus Heunicke, ministre danois de la Santé.
Au Maroc, où sept millions de doses du vaccin AstraZeneca venues d’Inde ont été réceptionnées depuis fin janvier, les autorités sanitaires ont pris leur temps avant de réagir aux retraits en cascade survenus en Europe. Ce mardi 16 mars néanmoins, une réunion du Comité national scientifique s’est prononcée sur l’utilisation du vaccin, recommandant “de maintenir la vaccination par le vaccin AstraZeneca”.
Quatre notifications de thrombose, aucune avérée
Dans une note, les membres du Comité expliquent avoir reçu la notification de quatre cas d’événements thromboemboliques sur les 5.992.783 de doses de vaccin injectées depuis le début de la campagne (4.628.695 pour AstraZeneca contre 1.364.068 pour Sinopharm).
“Pour les deux cas notifiés, nous avons constaté que les vaccins n’avaient pas eu d’incidence sur l’apparition des symptômes thromboemboliques”
Après “analyse approfondie”, le conseil des sages indique que la maladie thromboembolique n’a finalement pas été retenue pour l’un des cas signalés, tandis qu’un autre serait toujours “en cours d’investigation”. Concernant les deux autres cas, le lien entre le vaccin et l’événement thromboembolique “n’a pas été établi”, révèle le comité.
“Pour les deux cas notifiés, nous avons constaté que les vaccins n’avaient pas eu d’incidence sur l’apparition des symptômes thromboemboliques. Ces phénomènes ont été causés par d’autres types de pathologie”, nous confirme Moulay Mustapha Ennaji, directeur du laboratoire de virologie de l’Université Hassan II de Casablanca, membre du comité scientifique national de vaccination.
Selon l’Agence européenne des médicaments, trente cas de thrombose ont été rapportés au 10 mars, sur environ cinq millions d’Européens vaccinés avec le produit du laboratoire suédo-britannique (0,06 pour 1000). Au Royaume-Uni, 35 cas ont été rapportés pour 9.700.000 doses de vaccins (0,04 pour 1000), développe le comité dans son avis. Et de conclure : “Les vaccins utilisés dans la campagne vaccinale continueront à faire l’objet d’un suivi des événements indésirables post-vaccinaux, tout en maintenant la veille scientifique.”