Après les accusations de Zefzafi, le Parquet général se dit prêt à ouvrir une nouvelle enquête

Le ministère public s’interroge sur “le bien-fondé” des allégations de viol et de torture de Nasser Zefzafi par des agents de police au vu de leur timing, “deux ans après sa condamnation”.

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Nasser Zefzafi. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Moins d’une semaine après la fuite sur les réseaux sociaux d’un enregistrement de Nasser Zefzafi — dans lequel celui-ci accuse les policiers ayant procédé à son arrestation de “torture” et de “viol” —, le Parquet général a réaffirmé à travers un communiqué publié mardi 5 novembre sa “disposition à ouvrir une nouvelle enquête si le détenu […] apporte de nouvelles preuves”.

La même source ajoute que “cette affaire a été portée devant la justice et que ce détenu avait confirmé, lors de sa comparution pour la première fois devant le Parquet, le 5 juin 2017, en présence de sa défense, n’avoir subi que de la violence au moment de son interpellation à Al Hoceima, ce qu’il avait justifié par la présence de cicatrices, de légères blessures constatées alors sur son corps, lesquelles ont été notifiées dans le procès-verbal de son arrestation et qui s’étaient avérées être dues à sa résistance farouche et violente au moment de son interpellation par les éléments de sûreté”.

Le communiqué du procureur général près la Cour d’appel de Casablanca indique également que Nasser Zefzafi “n’avait évoqué aucun attentat à la pudeur, ce qu’il pouvait réclamer devant le Parquet général directement après la fin de la période légale de son arrestation, mais avait au contraire déclaré que les éléments de la police judiciaire ayant mené l’enquête l’avaient bien traité et ne lui avaient fait subir aucune violence ni torture lors de l’interrogatoire”.

Lors de son interrogatoire en première instance par le juge d’instruction, le leader du Hirak rifain “avait allégué avoir fait l’objet d’une tentative d’attentat à la pudeur, à savoir un attouchement anal par un bâton lors de son arrestation par les éléments de la police”, rapporte le communiqué du Parquet général, précisant que “l’expertise médicale à laquelle il a été soumis le 8 juin 2017, a démontré qu’il n’a fait l’objet d’aucune agression, de viol ou d’attentat à la pudeur et que ses blessures établies dans le procès-verbal de la police judiciaire remontent à la date de son arrestation le 29 mai 2017”.

Enfin, pour le ministère public, “le fait d’attendre plus de deux ans après sa condamnation, en première instance puis en appel, pour réitérer les mêmes allégations et de manière obscène, telles que rapportées dans l’enregistrement audio, mais qui n’ont jamais été évoquées tout au long de son procès, est du moins surprenant et soulève de nombreuses questions quant au bien-fondé de ces allégations”. Pour rappel, Nasser Zefzafi avait été condamné en juin 2018 par la Chambre criminelle de première instance de Casablanca à 20 ans de prison ferme. Une peine confirmée en appel en avril dernier.

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Les allégations de torture des prisonniers du Hirak, particulièrement de Nasser Zefzafi, sont récurrentes depuis l’arrestation du leader du mouvement de contestation rifain, en juin 2017. En avril 2018, lors de sa comparution devant le juge de la Chambre criminelle de première instance de Casablanca, il racontait déjà les circonstances de son arrestation et accusait les agents de police de “torture physique et psychologique”. Ces allégations avaient été contredites par le Parquet lors du procès.

En juillet 2017, les extraits d’un rapport du CNDH sur les allégations de torture proférées par les détenus du Hirak avaient fuité dans la presse, provoquant une réaction de la Direction générale de la sûreté nationale et du ministère de la Justice. Ce rapport n’a jamais été publié.

La fuite de l’enregistrement audio de Nasser Zefzafi avait provoqué, le 1er novembre dernier, le limogeage du directeur de la prison de Fès, où Nasser Zefzafi purge sa peine de réclusion et la suspension de trois fonctionnaires du même établissement pénitentiaire. Elle aura valu également au leader du Hirak une privation de visites familiales et de communication familiale ainsi qu’un placement en cachot pour une durée de 45 jours.

 

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