La FIFA, qui s’était prononcée en mars lors d’une réunion de son Conseil à Miami en faveur de cet élargissement à 48 équipes, s’appuyant sur une étude de faisabilité, avait inscrit le passage de 32 à 48 équipes dès 2022 à l’ordre du jour de son prochain congrès le 5 juin à Paris, mais a indiqué mercredi soir que “dans les circonstances actuelles, une telle proposition ne pouvait être mise en oeuvre”.
Bénéfices juteux sur le papier
Le projet de Gianni Infantino se heurtait à un obstacle géopolitique majeur avec le blocus imposé au Qatar par plusieurs pays voisins. “L’implication de ces pays dans l’organisation du tournoi conjointement avec le Qatar implique la levée de ce blocus, en particulier la levée des restrictions sur les mouvements de personnes et de biens”, soulignait ainsi l’étude de faisabilité soumise en mars aux membres du Conseil de la FIFA.
Cette étude de faisabilité consultée par l’AFP assurait également qu’une Coupe du monde au Qatar avec 48 équipes au lieu de 32 générerait “entre 300 et 400 millions de dollars de revenus supplémentaires”. Dans le détail, la FIFA tablait sur 120 millions de dollars supplémentaires de droits TV, 150 millions de dollars en droits marketing et 90 millions de dollars en billetterie.
Des spécialistes du marketing et des droits TV se disaient cependant “sceptiques” sur les prévisions “optimistes” de la FIFA concernant ces revenus supplémentaires.
Une faisabilité plus hypothétique sur le terrain
Ce format à 48 équipes, déjà entériné pour le Mondial 2026 qui sera disputé dans trois pays (Etats-Unis, Canada et Mexique), implique de passer de 64 à 80 matches. Sa mise en place dès 2022 aurait nécessité qu’un pays voisin du Qatar, comme le Koweït ou Oman, accueille des matches. “La FIFA et le Qatar ont conjointement exploré toutes les possibilités pour accroître le nombre d’équipes de 32 à 48 en impliquant des pays voisins”, explique le communiqué de la FIFA. “A la suite d’un processus de consultation approfondi (…) il a été conclu que dans les circonstances actuelles une telle proposition ne pouvait être mise en oeuvre”.
La FIFA et le Qatar ont “également étudié la possibilité pour le Qatar d’accueillir le tournoi à 48 équipes en abaissant notamment les exigences de la FIFA”, ajoute l’instance. Mais une analyse commune a conclu qu’en raison “de l’avancée des préparatifs, plus de temps était nécessaire et une décision ne pouvait être prise avant juin. Il a donc été décidé de ne pas aller plus loin dans cette option”.
Infantino résigné
Le Mondial 2022 au Qatar conserve donc son format original avec 32 équipes et “aucune proposition ne sera soumise au congrès de la FIFA le 5 juin à Paris”, ajoute l’instance.
Le Comité suprême du Qatar, en charge de l’organisation du tournoi, a réagi en assurant que le pays avait “toujours été ouvert à l’idée d’un tournoi élargi en 2022 si un modèle opérationnel viable avait été trouvé et si toutes les parties avaient conclu qu’une édition élargie à 48 équipes était dans l’intérêt du football et du Qatar en tant que pays hôte”.
Mais il a estimé qu’il manquait de temps pour faire une évaluation plus détaillée avant la date-butoir de juin et a “pour cette raison décidé de ne pas aller plus avant dans cette direction”.
L’annonce du maintien à 32 équipes pour 2022 sonne comme un échec pour Infantino qui s’était démené un peu partout dans le monde pour défendre son projet, avec apparemment l’appui de l’Arabie saoudite. L’Italo-Suisse poursuit dans le même temps son projet de Coupe du monde des clubs à 24 équipes dès 2021, que ne soutient toutefois pas l’UEFA.
“Le football transcende certes beaucoup d’obstacles mais Infantino n’a pas compris que le football ne pouvait pas transcender les conflits géopolitiques”, analyse un bon connaisseur du football mondial. “Très peu de gens croyaient dans ce projet d’Infantino, donc voir que la FIFA y renonce ne constitue pas une énorme surprise”.
A la tête de la FIFA depuis février 2016 où il a succédé à Sepp Blatter contraint à la démission en raison d’un vaste scandale de corruption, Infantino, unique candidat, est assuré d’être élu pour un deuxième mandat le 5 juin lors du congrès de la FIFA à Paris.