Le roi Salmane appelle Mohammed VI à "renforcer les liens" entre le Maroc et l'Arabie saoudite

Mohammed VI et le roi d'Arabie saoudite, Salmane al-Saoud, se seraient entretenus le mercredi 20 mars, si l'on en croit l'agence de presse saoudienne SPA. L'appel du souverain saoudien intervient après un automne-hiver agité entre les deux monarchies.

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Mohammed VI et le Roi Salmane Ibn Abdelaziz Al-Saoud lors d'une rencontre à Tanger. Crédit: MAP

Si l’on en croit l’agence de presse officielle SPA, le roi saoudien Salman ben Abdelaziz Al Saoud a appelé Mohammed VI, ce mercredi pour examiner “les relations fraternelles et amicales”, entre leurs deux pays.

Une conversation téléphonique durant laquelle les monarques ont passé en revue les “liens profonds entre les deux pays frères et leurs peuples”, avec notamment la volonté de souligner “leur force et leur volonté de les renforcer et de les développer dans tous les domaines”, explique l’agence de presse. Les récents “développements régionaux et internationaux” ont été abordés au cours de l’entretien. L’agence saoudienne ne précise pas la nature exacte des sujets évoqués. “En fin d’appel, le gardien des deux saintes mosquées a adressé ses meilleurs voeux au roi du Maroc et au peuple marocain frère”, conclut SPA.

Ni l’agence marocaine MAP ni aucun canal de communication officiel marocain n’a fait état de cette conversation à l’heure où nous mettons en ligne.

Cet appel intervient à un moment où la lecture des relations diplomatiques entre les deux monarchies est complexe. Dernier fait en date, un imbroglio survenu début février autour “d’un rappel pour consultation” du Maroc, de Mustapha Mansouri, son ambassadeur en Arabie saoudite. “Les relations entre le Maroc et l’Arabie saoudite sont historiques et solides. Je suis sûr qu’il ne s’agit pas plus que d’une crise passagère et que les relations entre nos deux pays retrouveront leur cours normal”,  avait déclaré ce dernier au site Le360.

Début février, l’agence américaine Associated Press (AP) citait des sources gouvernementales, confiant que le Royaume “a cessé de prendre part aux opérations militaires et aux réunions ministérielles de la coalition menée par le gouvernement saoudien dans la guerre au Yémen”. La même source ajoutait que le Maroc avait “rappelé ses ambassadeurs en Arabie saoudite et aux Emirats”.

Une semaine plus tard, le ministre des Affaires étrangères marocain Nasser Boourita affirmait que les informations circulant au sujet des deux émissaires n’étaientpas correctes. Le chef de la diplomatie marocaine insistait notamment sur le fait qu’un “rappel d’ambassadeur ne peut se faire sans raison déterminée et sans en informer les pays concernés”. Selon lui, les deux ambassadeurs sont venus prendre part à des rencontres à Rabat et sont retournés en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis à l’issue.

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C’est le retrait du Maroc de la coalition militaire arabe au Yémen qui pourrait avoir mis de l’eau dans le gaz entre les deux monarchies. Le 23 janvier, Bourita accordait une interview à la chaîne qatarie, Al-Jazeera, durant lequel il abordait le dossier yéménite qu’il décrivait comme “la pire crise humanitaire au monde”. Dans cet entretien accordé au média principal d’un pays avec lequel l’Arabie saoudite est en crise diplomatique, le ministre rappelait la position de “neutralité constructive” adoptée par le Maroc au déclenchement de la crise du Golfe en juin 2017 entre le Qatar et ses voisins.

Dans la foulée, la chaîne d’État saoudienne Al Arabiya diffusait un sujet sur la question du Sahara. Le programme, entièrement réalisé en motion design, retrace un historique controversé de la région, indiquant que le “Maroc l’avait envahi après le départ des colonisateurs espagnols en 1975”. Suffisant pour attiser la colère de Rabat.

Un coup de froid qui faisait suite à d’autres signaux négatifs envoyés de part et d’autre, entre Rabat et Riyad. À l’automne 2018, le prince héritier Mohammed Ben Salmane opérait une tournée chez les partenaires arabes de l’Arabie saoudite. Une tournée survenue après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, pour réhabiliter l’image du régime saoudien et de son souverain à l’international. Le Maroc, lui, en a été exclu pour des “questions d’agenda” officiellement. Sur Al Jazeera fin janvier, Bourita semblait écarter la question d’un froid diplomatique :  “Les visites officielles, ça se prépare à l’avance conformément aux protocoles. Cela est tout à fait normal”.

A cela s’ajoute le fait que le roi Salmane n’a pas séjourné dans sa résidence de Tanger à l’été 2018, comme il avait pris l’habitude de le faire depuis deux ans, entre farniente et diplomatie. En juin 2018, le vote de l’Arabie saoudite en faveur de l’organisation du Mondial 2026 en Amérique du Nord au détriment de la candidature marocaine n’avait pas non plus aidé.