2022, 2026, 2030... Quand le monde arabe divorce autour de l'organisation des Coupes du Monde

Candidat malheureux à l'organisation du Mondial 2026, le Maroc n'a pas pu compter sur les votes de plusieurs pays arabes dont quatre du Golfe. Si les Marocains en veulent surtout à l'Arabie saoudite accusée d'avoir fait campagne en faveur du trio nord-américain, au Koweït, un hashtag a vu le jour pour demander pardon au Maroc.   

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Présentation en 2015 au Qatar, d'un stade destiné à accueillir la Coupe du Monde de football 2022 Crédit: FIFA

Comme prévu, la FIFA a annoncé le 13 juin le nom de la candidature qui se chargera de l’organisation de la Coupe du monde en 2026. Sans réelle surprise, le trio Etats-Unis, Canada, Mexique a été désigné par 134 voix contre 65 pour le Maroc, alors que trois pays se sont abstenus de voter (Cuba, Slovénie, Espagne) et qu’un seul (Iran) a rejeté les deux candidatures. Le détail des votes, pays par pays, rendu public par la FIFA quelques minutes après l’annonce du résultat, révèle en revanche quelques surprises.

Sur les six pays que compte aujourd’hui le Conseil de coopération du Golfe (CCG), seuls deux ont voté pour le Maroc, à savoir Oman et le Qatar. Dans la soirée suivant le vote, ce dernier a même assuré au roi Mohammed VI de son « plein soutien » dans le cas où le Maroc présenterait sa candidature à l’organisation du Mondial 2030. Une candidature confirmée depuis par le ministre de la Jeunesse et des sports, Rachid Talbi Alami.

Les pays arabes et/ou musulmans qui n’ont pas voté Maroc ont quant à eux suscité l’ire des internautes marocains, mais aussi celle d’une partie de la presse nationale. « Ils sont au nombre de 22 pays, et ne jurent (en théorie) que par les liens de sang, de la langue, d’une histoire et d’une géographie commune. Mais le vote, qui s’est tenu aujourd’hui à Moscou (…) a de nouveau apporté la preuve qu’il ne s’agit là que de belles paroles. La réalité est autre, la vérité ailleurs », écrit notamment Le360.ma.

Au Koweït, un hashtag demandant pardon au peuple marocain que sa fédération ait voté contre sa candidature a vu le jour sur Twitter et Facebook. Depuis mercredi soir, des centaines de tweets ont été postés sur les réseaux sociaux. « Nous souhaitons que le ministre du Sport soit jugé. Le vote du Koweït est pour les Arabes, quoi qu’il en soit (…) On demande des excuses au peuple marocain pour le comportement de notre fédération qui ne nous représente pas », écrit un internaute dans un tweet.

Mais s’il est une « attitude » qui a provoqué l’indignation au Maroc, c’est celle de l’Arabie saoudite. Le Royaume a non seulement voté en faveur du trio nord-américain, mais il est aussi soupçonné d’avoir fait pression sur plusieurs pays arabes et asiatiques pour qu’il en fasse autant.

En réponse au vote et au lobbying de l’Arabie saoudite, plusieurs internautes marocains ont affiché leur soutien « inconditionnel » à la Russie. Les deux pays se sont en effet affrontés ce le 14 juin en ouverture de la Coupe du monde 2018. Le match s’est soldé par une large victoire de l’équipe hôte sur le score de 5 à 0.

« Le souci, c’est que demain les Saoudiens ne pourront pas supporter notre équipe adverse (l’Iran) », se moque dans un tweet l’un des internautes.

« Riyad ne s’est pas contenté de voter contre le Maroc, il a aussi mené une intense campagne dans le Golfe et en Asie », avance par ailleurs un « bon connaisseur du dossier » cité par Le Monde. « C’était une façon de s’opposer au Qatar (avec lequel l’Arabie saoudite entretient un contentieux politique) qui avait déclaré son soutien au Maroc. Mais c’est aussi dû aux pressions économiques venues des Etats-Unis », a-t-il ajouté.

En novembre dernier, le média américain The Intercept affirmait que les Emirats arabes unis (EAU) menait une guerre économique contre le Qatar. L’information leur avait été livrée par le groupe de hackers « GlobalLeaks », après le piratage de la boite de messagerie de Yousef Al Otaiba, ambassadeur émirati aux États-Unis. Selon le média, le but d’une telle manipulation financière était de mettre à mal l’économie du Qatar et de tenter de le dissuader de ne pas organiser la Coupe du monde 2022.

Le Monde va plus loin. Outre les Emirats, c’est maintenant l’Arabie saoudite qui se serait fixée comme objectif de dépasser le Qatar sur la scène sportive mondiale. « L’Arabie saoudite est prête à tout faire pour que le Qatar se voie retirer l’organisation de la Coupe du monde », a fait savoir un « bon connaisseur » de la scène footballistique proche-orientale basé à Doha, au journal français. « Le sport a été identifié comme un levier de rayonnement par les autorités saoudiennes qui sont décidées à rattraper leur retard sur le Qatar », a ajouté la même source.

Les Saoudiens iront-ils jusqu’à présenter leur candidature pour organiser le centenaire de la Coupe du Monde en 2030, face au Maroc et à l’Uruguay qui a aussi déjà annoncé une candidature conjointe avec l’Argentine et le Paraguay ?

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