La famille de l’artiste a indiqué que l’artiste s’était éteinte à son domicile de Détroit (Michigan) des suites d’un cancer du pancréas. Après avoir annoncé que 2017 marquerait la fin de sa carrière scénique, elle avait programmé plusieurs concerts début 2018, qu’elle avait dû annuler du fait d’une santé trop fragile.
Lors de ses derniers concerts, elle était apparue très amaigrie et affaiblie. En plus de soixante ans de carrière, Aretha Franklin aura incarné la vague soul qui a transformé la musique moderne et inspiré des générations d’artistes. Ouverte aux collaborations, elle aura enregistré avec des artistes de divers univers, classique, pop, rock et rap, capable de transposer sa voix chaleureuse et puissante dans tous les univers.
« Dans l’un des moments les plus sombres de nos vies, nous ne sommes pas en mesure de trouver les mots appropriés pour exprimer la peine qui déchire nos coeurs« , ont témoigné les proches de la légende de la chanson américaine dans un texte transmis par son agente de longue date, Gwendolyn Quinn. « Nous avons perdu la matriarche et le roc de notre famille. L’amour qu’elle avait pour ses enfants, ses petits-enfants, ses nièces, ses neveux et ses cousins était illimité« , poursuit le texte.
La famille se dit « très touchée par l’incroyable effusion d’amour et de soutien » qui a suivi l’annonce lundi de la dégradation de son état de santé. La Reine de la Soul, à laquelle un cancer avait été diagnostiqué en 2010, recevait depuis plus d’une semaine des soins palliatifs à son domicile de Détroit.
Immédiatement, les réactions ont afflué, des artistes aux politiques, dans un éloge à l’unisson. Le président Donald Trump a salué sur Twitter « une femme exceptionnelle qui a bénéficié d’un merveilleux bienfait de Dieu, sa voix« . Elle « était sans pareil« , a tweeté la chanteuse britannique Annie Lennox, pour qui la native de Memphis (Tennessee) restera, dans son registre vocal, ses prestations scéniques et sur disques, « la plus exceptionnelle artiste que le monde ait eu le privilège de voir« . « Je suis assise et prie pour l’âme d’or merveilleuse Aretha Franklin », a tweeté Diana Ross, au sujet de celle qui incarne, comme elle, l’âge d’or de la soul des années 1960.
Fille de pasteur, Aretha Franklin a fait ses gammes en chantant du gospel à la New Bethel Baptist Church, où officiait son père, connu également pour ses engagements en faveur des droits civiques. Bien que révélée à Detroit, où sa famille avait emménagé durant son enfance, elle n’aura pas été une artiste des célèbres studios Motown, son père ayant refusé de la laisser signer avec le jeune label.
Premier titre à 14 ans, premier album sous label Columbia à 19, Aretha Franklin devra néanmoins attendre plusieurs années avant de connaître le succès. En moins de cinq ans, elle enchaînera une série –de « Respect » en 1967 (adapté d’un titre d’Otis Redding) à « Spanish Harlem » en 1971– qui constitueront le socle de son répertoire.
Elle remportera 18 Grammy Awards, les récompenses de l’industrie musicale américaine, dont les deux premiers en 1967 pour « Respect » et le dernier en 2007 pour un titre gospel, « Never Gonna Break My Faith« .Elle aura été la première femme élue au Rock’n’Roll Hall of Fame, le panthéon américain du rock et de la musique populaire.
Entraînée dans le mouvement des droits civiques par son père, elle en deviendra ensuite l’une des messagères, même si elle a toujours assuré n’avoir jamais envisagé le titre « Respect », devenu un hymne émancipateur, comme une chanson engagée. Elle effectuera une tournée avec Martin Luther King, puis chantera lors de ses funérailles en 1968.
« Elle nous manquera« , a écrit Paul McCartney sur Twitter, « mais la mémoire de sa grandeur en tant que musicienne et merveilleux être humain restera en nous à jamais. »
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer