En signe de protestation contre cette reconnaissance unilatérale, le président palestinien Mahmoud Abbas a décidé de ne pas recevoir le vice-président américain Mike Pence lors d’une visite prévue à la mi-décembre en Israël et dans les Territoires palestiniens, a fait savoir samedi à l’AFP son conseiller diplomatique Majdi al-Khalidi.
Des Palestiniens sont de nouveau descendus samedi dans les rues à Jérusalem-Est ainsi qu’en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l’armée israélienne depuis 50 ans. Ils ont lancé des pierres vers les forces israéliennes pour protester contre la décision américaine. Ces dernières ont répliqué en tirant des balles en caoutchouc ou réelles et des gaz lacrymogènes.
Lors d’une « journée de colère » vendredi à Jérusalem, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, des milliers de Palestiniens avaient affronté des soldats et policiers israéliens. Deux Palestiniens avaient été tués et des dizaines blessés.
Plusieurs roquettes ont en outre été tirées depuis jeudi à partir de la bande de Gaza, limitrophe du sud d’Israël, contre le territoire israélien sans faire de victimes. Certaines ont été interceptées et une est tombée dans la ville israélienne de Sdérot mais sans exploser.
En représailles, l’aviation et l’artillerie israéliennes ont visé des cibles « militaires » dans la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, considéré comme une organisation « terroriste » par Israël.
Samedi à l’aube, deux activistes palestiniens ont été tués dans un raid aérien contre une base de la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, à Nousseirat, selon un responsable du Hamas.
La veille, une quinzaine de Palestiniens avaient été blessés dans les raids israéliens.
Cet accès de violences est survenu après la décision mercredi de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et de transférer à l’avenir l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers la Ville sainte, un geste rompant avec des décennies de diplomatie américaine et internationale.
Jérusalem, avec ses lieux saints juifs, chrétiens et musulmans, constitue un sujet passionnel. Depuis la création d’Israël en 1948, la communauté internationale n’a jamais reconnu cette ville comme capitale. Elle considère que son « statut final » doit être négocié entre Israéliens et Palestiniens.
Israël occupe Jérusalem-Est, partie palestinienne de la cité, depuis 1967. Elle l’a annexée et a proclamé toute la ville comme sa capitale « éternelle et indivisible ». L’ONU n’a jamais reconnu cette annexion. Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
En solidarité avec les Palestiniens, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi dans plusieurs pays contre l’initiative de M. Trump, applaudie par ailleurs par la classe politique israélienne.
Sans être pour l’instant massive, la mobilisation nourrit les craintes internationales que M. Trump n’ait ouvert la boîte de Pandore.
L’ONU est « particulièrement inquiète des risques d’une escalade violente« , a déclaré vendredi soir Nickolay Mladenov, coordonnateur spécial de l’ONU pour le processus de paix, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité à New York.
La décision de M. Trump « ne favorise pas la perspective de paix dans la région« , ont affirmé les ambassadeurs de France, Royaume-Uni, Italie, Suède et d’Allemagne à l’ONU.
Rejetant « les sermons et les leçons », l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley a répété que M. Trump n’avait « pas pris position sur les limites ou les frontières ». Elle a assuré que les Etats-Unis, plus que jamais isolés, restaient engagés dans le processus de paix israélo-palestinien, au point mort depuis 2014.
Pour les dirigeants palestiniens, la reconnaissance par M. Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël préempte les négociations sur le statut de la ville et empêche les Etats-Unis d’assumer leur rôle historique de médiateur dans le processus de paix.
En annonçant sa décision, M. Trump a dit qu’il envoyait prochainement son vice-président Mike Pence au Proche-Orient.
Mais le grand imam d’Al-Azhar, influente institution de l’islam basée au Caire, a annulé sa rencontre avec M. Pence prévue en Egypte le 20 décembre.
Le pape des coptes d’Egypte Tawadros II a aussi indiqué qu’il refusait de recevoir le vice-président américain.
En Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan tente de s’imposer comme le héraut de la cause palestinienne en organisant la semaine prochaine un sommet de l’Organisation de coopération islamique (OCI) à Istanbul.
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