Dans la famille, ils sont gardiens de but de père en fils. Lors des qualifications pour le Mondial 2018, Munir Mohand Mohamedi, s’est démarqué par sa rapidité et sa force mentale. Des atouts qui lui ont permis de garder sa cage inviolée tout au long du parcours des Lions de l’Atlas.
Six matches, 0 but encaissé. Munir Mohand Mohamedi est le seul gardien de but à avoir gardé ses cages inviolées lors de la qualification pour le Mondial, direction la Russie. « C’était quelque chose de très important pour Hervé Renard et pour toute l’équipe de ne pas encaisser un but pendant la qualification, surtout à domicile. Ce travail d’équipe est historique!« , commente le joueur de 28 ans qui a intégré l’équipe nationale en 2015 grâce au soutien de Khalid Fouhami, entraîneur des gardiens sous l’ère Badou Zaki.
« Notre première rencontre remonte à février 2015, en Espagne. J’étais allé le rencontrer après avoir contacté son club, Numancia, pour qu’ils me donnent des informations et pour avoir des vidéos des 16 matches qu’il avait joués », nous raconte l’ancien international marocain. « J’ai trouvé un gardien de 1m90 très explosif, souple, qui lit bien le jeu et l’anticipe », analyse-t-il. « J’en ai parlé à Badou Zaki, j’ai insisté et je l’ai convaincu de l’appeler« , se félicite Khalid Fouhami. C’est ainsi que le natif de Melilia, et donc détenteur de la nationalité espagnole, a rejoint les Lions de l’Atlas.
« Cela m’a surpris qu’ils viennent me chercher, c’est un moment que je n’oublierai jamais. J’étais au cinéma, et mon téléphone a sonné. Quand j’ai vu que c’était un numéro marocain, je suis sorti pour décrocher. C’était Khalid Fouhami« , nous raconte Munir Mohand Mohamedi. Alors âgé de 26 ans, le jeune homme n’est pas retourné à sa séance de cinéma, préférant aller annoncer la bonne nouvelle à sa famille. « Ma mère est la première personne que j’ai appelée, elle a commencé à pleurer« , nous confie-t-il.
Family portrait
Il faut dire que le foot est une histoire de famille chez les Mohand Mohamedi. Le père et le frère aîné de Munir étaient eux-mêmes gardiens de but. Né d’une famille originaire de Nador, le jeune joueur avoue « avoir beaucoup regardé son père quand il jouait« . « Quand mon grand frère s’entraînait et partait se reposer, mon père me faisait travailler sur les tirs. Un jour de match, un gardien s’est blessé et mon père a proposé de me mettre devant la cage« , se souvient Munir Mohand Mohamadi qui depuis, n’a plus quitté les buts.
« J’ai toujours voulu être gardien de but« , confesse l’international marocain qui commence en club amateur en 2008 à Sebta. En octobre 2009, il rejoint le club de Melilia avec qui il passe professionnel à partir de juillet 2010. Quatre ans plus tard, il arrive en deuxième division espagnole avec Numancia.
Numancia, je t’aime moi non plus
« Dès le premier jour, il s’est démarqué par sa force et sa rapidité et il faisait des sauts impressionnants« , nous explique Francisco Sanz, l’un des entraîneurs des gardiens de Numancia. « En quatre saisons avec nous, il a beaucoup évolué sur sa capacité de concentration, il se situe bien et il a amélioré son jeu de pieds« , analyse l’entraîneur espagnol qui loue les qualités de » travailleur » d’un joueur « humble« , « optimiste« , « qui veut progresser« , et qui a « le sens de l’humour« . « Il pourrait encore s’améliorer sur le plan tactique et au niveau de sa concentration sur 90 minutes de jeu, ce qui est essentiel pour un gardien de but« , concède néanmoins le technicien.
Titulaire à Numancia durant la première partie de la saison l’an passé, Munir Mohand Mohamedi est devenu remplaçant, notamment après son départ à la CAN 2017 au mois de janvier. « C’est le problème d’être en équipe nationale, le club ne va pas l’attendre« , explique Khalid Fouhami.
« Durant deux saisons, beaucoup de clubs se sont renseignés sur le profil de Munir, mais le club ne veut pas le laisser partir« , nous révèle-t-il, alors que le jeune gardien est encore en contrat avec le club espagnol jusqu’en juin 2018.
De son côté, l’entraîneur espagnol Francisco Sanz explique que le club a deux bons gardiens de but et qu’il est difficile de faire repasser le Marocain titulaire.
« Je ne veux pas forcément changer de club, mais je veux jouer en compétition pour bien m’entraîner pour le Mondial, car j’ai la responsabilité d’être prêt. Si c’est à Numancia, c’est bien et cela me plairait« , confie le portier, qui n’exclut donc pas un départ à six mois de la Coupe du monde.
« Il a la capacité d’évoluer en Liga [première division espagnole, NDLR] », estime Khalid Fouhami. « J’espère que le club va le laisser partir, car il en a besoin« . L’ancien gardien international a beaucoup d’espoir dans son poulain. « Il peut aller très loin« , poursuit-il. Munir, lui, espère suivre les pas de son modèle, le légendaire Badou Zaki.
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Bon élève au niveau international
Il est vrai que Munir Mohand Mohamadi a fait ses preuves en équipe nationale marocaine depuis le 28 mars 2015. En 23 matches internationaux, il ne s’est incliné qu’à 11 reprises. « J’aime être gardien et faire des arrêts. C’est un poste solitaire et à responsabilité qui nécessite d’être concentré pendant tout le match même si parfois j’ai envie de courir sur le terrain avec mes coéquipiers« , explique le joueur.
Son premier match international, il l’a joué contre l’Uruguay, en mars 2015 à Agadir. « Yassine Bounou s’était blessé et ne pouvait pas jouer, Badou Zaki a accepté qu’il aille sur le terrain. C’était le moment ou jamais, même si le match n’était pas facile et qu’il y avait beaucoup de public« , se rappelle Khalid Fouhami. Le match se solde par une défaite du Maroc (0-1).
« Je l’avais prévenu qu’au niveau international les joueurs sont véloces. Mais il a eu des problèmes pendant le match. Il était un peu lent, mais maintenant il prend l’information avant de recevoir le ballon. Il est aussi capable de jouer court ou de faire plusieurs contrôles si nécessaire. Il est vraiment à l’écoute de ce qu’on lui dit« , témoigne encore Fouhami.
En route vers le Mondial
Munir Mohand Mohamedi entretient « une très bonne relation » avec Hervé Renard qui a remplacé Badou Zaki à la tête de la sélection en février 2016. Seul bémol, la barrière de la langue. En effet, le portier ne maîtrise parfaitement que le rifain et l’espagnol. Du coup, c’est anglais que le technicien français lui fait parvenir ses instructions.
Cela n’a visiblement pas trop perturbé les performances de Munir durant les qualifications. « Les arrêts qu’il avait à faire, il les a faits ! Le bon gardien est celui qui a peu de moments de s’illustrer et qu’il le fait« , commente Khalid Fouhami.
« Le jour du match contre la Côte d’Ivoire, mon rêve s’est réalisé. Mais pour moi, le plus important est de rendre beaucoup de gens heureux« , témoigne Munir Mohand Mohamedi. De l’autre côté de la Méditerranée, ses coéquipiers et entraîneurs de Numancia ont suivi le match contre la Côte d’Ivoire dans le bus sur un ordinateur, alors que le club était en déplacement pour un match de championnat.
« Nous nous sommes beaucoup réjouis pour ce succès, le sien, mais aussi celui de son pays. Il le mérite pour le travail qu’il a fourni« , explique son entraîneur à Numancia.
Mais le joueur garde la tête sur les épaules : « Je suis très tranquille avant d’aller au Mondial qui est très difficile. Mais nous allons jouer tos les matches à fond », promet le joueur qui espère que cette participation au Mondial russe lui permettra de franchir un nouveau cap dans sa carrière, et de se rapprocher encore plus de son idole Zaki qui avait disputé celui de 1986 au Mexique.
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