Hydorcabures: Daoudi admet (enfin) que les distributeurs ont explosé leurs marges

Lahcen Daoudi reconnait que les distributeurs de carburant ont augmenté considérablement leurs marges lors de la libéralisation du secteur et la suppression de la subvention. 

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Lahcen Daoudi
Lahcen Daoudi, Crédit : Tniouni

Quand en avril dernier nous avons posé la question au département de Lahcen Daoudi pour savoir si en libéralisant le marché le gouvernement avait pris en compte la probable explosion des marges des opérateurs qui en résulterait, nous avons eu ceci pour réponse: « Cette constatation doit à notre sens être nuancée et ne peut faire l’objet d’une affirmation aussi forte qu’après analyse fine de la composition des résultats de toutes les entreprises du secteur, et leur évolution dans le temps« .

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Depuis l’entrée en vigueur de la libéralisation, le ministère des Affaires générales semble avoir plus de visibilité sur cette question. Lahcen Daoudi a été questionné ce mardi 6 juin par un député à la Chambre des représentants sur les prix à la pompe et les changements dans la structure des tarifs qui ont mené à l’augmentation des prix. « Ce qui a vraiment changé depuis la libéralisation de ce secteur, ce sont les niveaux des marges qu’appliquent les opérateurs« , a répondu le ministre cité par nos confrères du 360. « Il est effectivement inconcevable qu’un opérateur double ses bénéfices d’une année à l’autre en profitant de la libéralisation« , a déploré Lahcen Daoudi. Le ministre des Affaires générales admet donc clairement et sans équivoque les constats de l’enquête publiée par le magazine TelQuel, et qui prouve – chiffres à l’appui – que les opérateurs du secteur ont bien profité de la levée des subventions et du désengagement de l’État pour s’enrichir.

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Mohamed El Ouafa, prédécesseur de Lahcen Douadi à ce poste, pensait que la concurrence entre les opérateurs jouerait le rôle de régulation et ferait en sorte que les prix n’augmentent pas. El Ouafa présentait cet argument il y a quelques semaines encore, en expliquant à Telquel qu' »en levant la subvention sur les hydrocarbures, l’État marocain a poussé les sociétés opérant dans le secteur à aller vers plus de concurrence et plus d’optimisation et de rationalisation des coûts« . Pour lui, « l’un des effets pervers de la subvention des produits est justement le gaspillage, et la non-recherche de solutions technologiques innovantes, de nature à diminuer les coûts et donc à augmenter les profits. Donc en levant la subvention, l’État n’a fait que replacer les sociétés dans un cadre normal d’activité ».

Tous les faits prouvent désormais le contraire y compris les propos de l’actuel ministre des Affaires générales, qui refuse par ailleurs de tirer de conclusions hâtives sur l’existence d’une entente sur ce marché sensible.

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Lahcen Daoudi a assuré devant les parlementaires que son département travaille actuellement « afin que le consommateur ne paie plus le prix de la libéralisation au profit des distributeurs« . Il avait en effet annoncé lors de précédentes sorties médiatiques l’ouverture d’une enquête à ce sujet.

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