Le 16 mai dernier, les prix des hydrocarbures au niveau des différentes stations ont baissé de 33 à 40 centimes le litre. Le groupement des pétroliers du Maroc a affirmé à nos confrères de l’Économiste que ces baisses sont la répercussion de la variation du cours du pétrole à l’international. Cette baisse des prix intervient dans un contexte de grogne générale. Les associations de protection de consommateurs ne cessent d’affirmer que les prix sont trop élevés.
TelQuel a d’ailleurs publié le 12 mai dernier une enquête prouvant que les distributeurs répercutent systématiquement les hausses des prix du carburant à l’international sur le consommateur. L’enquête montrait aussi que ces distributeurs n’en faisaient pas autant pour les baisses, du moins pas dans les mêmes proportions. Les éléments factuels rapportés sont remontés jusqu’à Lahcen Daoudi, le ministère des Affaires générales et de la gouvernance, qui a affirmé que son département ouvrirait une enquête.
Le sujet a également été évoqué au parlement ou Omar Balafrej de la Fédération de la gauche démocratique a adressé un courrier à Abdellah Bouanou, président de la commission des finances, pour lui demander la mise en place d’une mission d’enquête sur le secteur des hydrocarbures. Une demande qui n’a pas encore reçu de réponse de la part du président de la commission que Telquel a essayé de joindre, sans succès.
Les deux initiatives ne sont pas les premières du genre. Le Conseil de la concurrence se penche depuis quelques semaines sur la question, après deux saisines. L’une émane d’une association dénonçant une entente sur les prix, tandis que la seconde saisine est le fait d’un opérateur qui se plaint d’un monopole de l’un des distributeurs sur l’importation du fuel industriel.
Plusieurs indices
Si Abdelali Benmour, président du Conseil de la concurrence, ne peut se prononcer sur les enquêtes en cours, il n’hésite toutefois pas à nous affirmer que plusieurs problèmes ont été relevés au sein du secteur. « Nous observons une différence insignifiante des prix entre opérateurs. Ils ne dépassent pas quelques centimes alors que leur structure des prix de revient doit normalement être très différente« , affirme-t-il.
« Les coûts pour une multinationale qui engage des frais de par le monde ne sont pas les mêmes que pour une société marocaine. Il est donc bizarre que les prix ne fluctuent pas plus que cela« , ajoute le président du Conseil de la concurrence. Abdelali Benmour avance un deuxième indice: « il y a des changements de prix quasi simultanés le 1er et le 16 de chaque mois« , explique-t-il.
Autre indice et pas des moindres: « les bénéfices de certaines sociétés ont augmenté de façon vertigineuse« . Enfin, il y a des difficultés d’accès à l’information. « Quand l’information n’est pas accessible, c’est qu’il y a anguille sous roche« , tranche Benamour. Le président du Conseil de la concurrence rappelle que tous ces éléments ne sont pas des preuves, mais « des indices que le rapporteur chargé de l’étude doit creuser« . « C’est très difficile d’avoir de l’information. Et pour ce dossier, je dois vous dire que même l’administration ne coopère pas beaucoup« , souligne encore notre interlocuteur. L’administration, rappelons-le, veut elle-même mener une enquête.
En attendant les résultats de toutes ces enquêtes lancées, Abdelali Benmour est catégorique, « le gouvernement n’avait voulu voir dans la libéralisation que le soulagement de la caisse de la compensation et il n’a pas mis en place une politique de concurrence dans ce secteur. Il y a un déficit à ce niveau et c’est ce qui crée les problèmes actuels« , conclut-il.
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