Confié au cabinet Boston consulting group il y a plus d’un an, le tant attendu diagnostic de la Vision 2020 a enfin été dévoilé le 1er juin par le nouveau ministre du Tourisme, Mohamed Sajid. Réunis au Sofitel de Casablanca autour d’un ftour, les professionnels du tourisme ont ainsi pu assister à la présentation des dysfonctionnements de la stratégie. Vague, l’étude, qui a coûté au ministère 7 millions de dirhams, « ne révèle pas grand-chose », nous confie un responsable présent à l’événement. Gouvernance défaillante, absence de stratégie digitale, promotion insuffisante… Voilà en substance le diagnostic de BCG. « La Confédération du tourisme avait d’ailleurs fait le même diagnostic deux ans plus tôt », réagit un opérateur.
La gouvernance, notre parent pauvre
Quel mode de gouvernance faut-il adopter pour le tourisme ? La question n’a jamais été tranchée par les ministres précédents. Et c’est là où le bât blesse, explique l’étude. « Il y a grand déficit de gouvernance, on l’a toujours dit. On ne sait pas que type de gouvernance on veut avoir », commente notre source. Qu’en est-il de l’absence de communication et des conflits entre les différents acteurs ? Le document est muet à ce sujet. « On ne s’est pas attardé sur ces points-là », poursuit l’opérateur. Le diagnostic met plutôt l’accent sur la gouvernance centrale qui renvoie au rôle du ministère du Tourisme. « Il doit être un porteur de la stratégie au sein du gouvernement, il doit défendre la cause du tourisme. Il doit aussi faire des arbitrages et fédérer, quand il le faut, plusieurs ministères autour de lui : Le Transport, l’Intérieur, les Finances, l’Education… », explique notre source, résumant la recommandation de BCG.
Le monde du digital
Le déficit sur le plan digital n’a pas échappé aux concepteurs de l’étude. « Quand vous faites un commentaire désobligeant sur une destination en Turquie, vous avez une armée d’internautes pour couvrir votre commentaire par d’autres commentaires positifs. Ici, il se passe le contraire, les gens noircissent encore le tableau », déplore notre interlocuteur, pour qui « le digital reste entièrement à faire ». Quid de la concurrence de Booking, d’Airbnb autres sites de réservations en ligne ? L’étude ignore ce point. « C’est la résultante du fait que le Maroc n’a jamais su prendre le virage digital. La nature ayant horreur du vide, ils ont pris d’assaut le marché, et cela prouve qu’il y a marché et une qualité », nuance un des responsables présents lors de la présentation du diagnostic.
Parmi les recommandations de BCG : donner un coup d’accélérateur à Marrakech et Agadir, « deux destinations, avec leurs arrière-pays, qui sont prêtes à relever le challenge de répondre à un public et à une demande plus importante ». D’ailleurs, une commission d’experts sera constituée, avant la fin de l’année, entre les professionnels et le ministère, et qui sera élargie à l’ONMT et l’ONDA, pour établir quelques recommandations, de telle sorte que les deux villes puissent relever le défi. Mohamed Sajid s’est déjà réuni avec les professionnels d’Agadir et entend bientôt rencontrer les opérateurs des autres villes touristiques.
Du changement dans l’air
Côté aérien, le diagnostic propose de renforcer les dessertes aériennes auprès des marchés traditionnels, comme la France, le Royaume Unie, l’Espagne ou l’Allemagne. « Il faut développer des lignes point à point sur des bassins émetteurs qu’on connait, car ça ne sert à rien de cibler de nouvelles destinations alors que les marchés traditionnels ne sont pas pleinement exploités. Je préfère doubler ou tripler les dessertes sur des marchés demandeurs plutôt que d’aller chercher des clients ailleurs », résume notre source.
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