Liberté économique: le Maroc bon élève malgré les faiblesses de sa justice

Le think tank américain Heritage Foundation a publié son classement sur la liberté économique dans le monde. À la 86e place, le Maroc est le mieux classé du Maghreb, mais reste desservi par sa justice.

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Le port de Tanger Med en 2015. Crédit: Fadel Senna/AFP

Le Maroc apparaît à la 86e place dans l’Index de la liberté économique établi par Heritage Foundation, un think tank américain libéral basé à Washington. Le royaume se retrouve bien loin devant ses voisins d’Afrique du nord. La Tunisie occupe le 123e rang, tandis que l’Algérie se classe 172e. Avec une note de 61,5 (contre 61,3 l’année dernière), le Maroc arrive à la 9e place au niveau de la région Mena juste avant la Tunisie, le Liban, l’Égypte, l’Iran et l’Algérie, mais bien loin derrière les Émirats arabes unis et le Qatar.morocco index economic freedom

Dans cette 23e édition publiée en février, l’organisme compare 186 pays sur dix critères, des droits de propriété à l’entrepreneuriat. Avec une vision libérale de l’économie, le think tank définit la liberté économique comme « un droit fondamental à chaque être humain de contrôler son travail et sa propriété ». En toute logique, on retrouve donc Hong Kong, Singapour, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et l’Australie dans le top 5.

Les points forts du Maroc

L’étude considère que le Maroc « bénéficie d’un engagement en faveur de réformes économiques encourageant un secteur privé qui évolue de façon dynamique« . Le point fort réside dans un marché ouvert où le niveau des libertés commerciale, financière, et  d’investissement est élevé.

« Le commerce est important dans l’économie marocaine. La valeur des imports-exports pris ensemble correspond à 81% du PIB« , constate le rapport qui s’adresse à la fois aux chercheurs, aux enseignants et aux étudiants, mais surtout aux décideurs politiques et à ceux qui travaillent dans le business et la finance. « Les investisseurs domestiques et étrangers sont souvent traités de façon égale par la loi. Le secteur financier est compétitif et il y a une campagne en ce moment pour améliorer la transparence et la modernité« , félicite le think tank américain.

La justice, talon d’Achille

Le premier problème pointé du doigt par l’organisme américain est le respect de la règle de droit. Alors qu’il considère que le pouvoir judiciaire n’est pas indépendant, le think tank précise que « les fonctionnaires commettent des pratiques de corruption en toute impunité« . Et d’ajouter que « la corruption est un problème grave dans l’ensemble du gouvernement et de l’application de la loi« . Les critères sur les droits de propriété, l’intégrité du gouvernement et l’efficacité judiciaire ne sont donc pas bien notés. « Le système judiciaire est inefficace et sujet à des retards« , note le rapport. « L’expropriation est aussi possible même si rare »

« Un large segment de la force de travail est marginalisé à cause d’une régulation inflexible du travail« , estime aussi Heritage Foundation qui recommande de mettre en oeuvre des réformes plus profondes. « Les procédures de création et d’enregistrement d’une entreprise privée ont été simplifiées ces dernières années. Malgré certaines améliorations, la rigidité du marché du travail continue de décourager la croissance dynamique de l’emploi« , détaille le think tank.

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