À écouter Abdellatif Lakhlioui, l’heure est grave. Le directeur délégué de la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC) estime que son industrie « peut disparaître si on ne fait rien ». Le secteur, qui représente un chiffre d’affaires de 40 milliards de dirhams et emploie près de 400 000 personnes, a été touché par la crise économique, et donc du BTP, et n’arrive toujours pas à se relever. Ce 4 octobre, la FMC a publié alors un communiqué de presse à l’attention des secrétaires généraux des partis politiques. Un document aux airs d’appel au secours. La fédération y liste les obstacles qui plombent la compétitivité des industriels marocains par rapport à ses concurrents étrangers : les taxes spécifiques (sur le ciment, le fer à béton, le sable…) et le manque de réglementation, pourtant nécessaire pour attirer les investisseurs. Abdellatif Lakhlioui fait par exemple référence à la nouvelle législation sur l’exploitation des carrières, qui n’est toujours pas entrée en vigueur faute de décret d’application. Autre doléance : le prix des combustibles. Étonnant quand on sait que les carburants ont tout de même baissé ces dernières années, mais « on a beaucoup souffert quand le pétrole était à 100 dollars et les espagnols, principaux concurrents, utilisent le gaz naturel, beaucoup moins cher », nous précise le directeur délégué.
Des problèmes conjoncturels et structurels qui mettent en péril la survie d’un secteur qui se portait pourtant bien avant la crise. « Nous sommes un des rares pays qui couvre 90 % de ses besoins en matériaux de construction », nous explique Abdellatif Lakhlioui, qui estime que ce ne sera bientôt plus le cas. D’après lui, plusieurs usines de briques rouges et de carreaux ont fermé ces derniers mois, et alors que le Maroc exportait plus de marbre qu’il n’en importait, la balance s’est aujourd’hui inversée.
D’après le responsable, les différents ministères contactés ces dernières années (de l’Industrie, de l’Habitat ou des Finances) ont été surpris des doléances des industriels et n’avaient pas conscience de leurs problématiques. Le secteur se félicite quand même de la signature, en mars dernier, de conventions concernant la création de cinq écosystèmes (préfabriqués, marbre, céramique, acier et valorisation des déchets par les cimentiers).
Mais que veulent concrètement les industriels du secteur ? Pourquoi ce timing qui peut surprendre, étant donné que la loi de finances est déjà prête ? « Les partis n’ont pas de programmes détaillés en économie, on souhaite déjà qu’ils intègrent nos problèmes », nous explique le directeur délégué de la fédération. Le communiqué conclut par une question ouverte : « Quelles stratégies pourraient être mises en place, à moyen et long terme, pour accompagner et aider le secteur de l’industrie des matériaux de construction à affronter cette situation de crise, la dépasser et œuvre à sa sauvegarder et à sa pérennisation ? ». C’est à la prochaine formation gouvernementale d’y trouver une réponse.
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