À 35 ans, Kodjovi Gameli Kodjoaku, alias Eli, a tout d’un grand patron. Sa passion pour la radio et son désir ardent de contribuer à l’épanouissement de la jeunesse africaine font de lui aujourd’hui le Monsieur Afrique de Hit Radio. Pourtant, son handicap et son domaine d’études ne le prédestinaient pas à une telle carrière. « J’ai fait des études en comptabilité au Sénégal, que j’ai dû interrompre en 2004 suite à une maladie de l’œil. Je suis donc devenu un malvoyant », nous raconte ce père de famille de nationalité togolaise.
Sa vie a pris un nouveau tournant, un soir, alors qu’il était de retour de son boulot d’animateur radio qu’il exerçait depuis 2005 au Sénégal. « Je suis tombé sur une interview de Younes [Younes Boumehdi le PDG de Hit Radio] sur une chaîne d’information. J’ai pu remarquer qu’on partageait les mêmes visions pour un même continent, une même cible. Naturellement, je l’ai contacté pour venir en aide et en soutien à ma jeune et petite radio que j’avais créée à Lomé (Togo) », se souvient-il. Le contact établi, les deux hommes ont décidé en 2012 de créer Média Holding, une société anonyme qui devra porter le développement de la marque Hit radio sur le reste du continent. « C’était une rencontre fortuite mais qui porte ses fruits aujourd’hui », se réjouit Eli.
Des débuts « compliqués »
Depuis, Kodjoaku s’occupe du développement en Afrique subsaharienne de Hit radio avec des équipes basées à Lomé et à Abidjan, mais aussi avec le soutien et la supervision depuis Rabat de Younes Boumehdi et de toute son équipe. Une tâche « qui paraissait facile au début de l’aventure » et dont « la gestion technique s’est avérée plus compliquée au fur et à mesure que nous nous faisons attribuer d’autres licences ». Les difficultés étaient principalement liées « à l’instabilité de l’électricité et au problème de l’Internet dans certains pays ». Aussi, les négociations pour la licence, variant selon les pays, rendaient certains « très difficiles d’accès », regrette le directeur Afrique de Hit Radio. De même, ajoute-t-il, à chaque nouvelle licence décrochée, « c’est une nouvelle radio qu’il faut gérer, puisque chaque pays dispose de son programme local ».
Autre problème, son handicap. « Mon quotidien est très difficile à supporter. Entre faire lire mes mails par mes collaborateurs, passer des appels téléphoniques, se faire assister lors de mes voyages, la tâche est compliquée pour moi » reconnaît -il. « Fermer les yeux pendant cinq petites minutes et vous comprendrez mon propos », dit-il amusé tout en rassurant : « Je peux vous dire aussi que j’ai un sixième sens, et des fois je pense en avoir un septième qui me permet d’être au même niveau que ceux qui ont une vue normale. En plus, j’ai des collaborateurs extraordinaires qui m’aident au quotidien ».
« Faire goûter les bonnes sonorités de Hit Radio » à toute l’Afrique
Ces obstacles d’ordre technique et personnel n’ont cependant pas eu raison de cette alliance créée par ces deux hommes passionnés de radio, puisque Hit radio est aujourd’hui présente dans une quinzaine de villes en Afrique subsaharienne. « Notre première licence a été célébrée en Centrafrique, au moment où le pays était en pleine guerre civile. C’était inoubliable car on se voyait conquérir le reste de l’Afrique en partant du centre », se rappelle Kodjoaku.
Une fois la Centrafrique conquise, plus rien n’arrête Eliko. Il a réussi à s’implanter dans plusieurs pays en Afrique centrale, de l’Ouest et de l’Est et compte dans sa prochaine étape « faire goûter les bonnes sonorités de Hit Radio » à la Guinée-Conakry, au Cameroun, au Bénin, au Mali, à la Guinée équatoriale et au Ghana, qui sera sans doute le premier pays anglophone où la radio marocaine s’implantera.
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Grand fan du Maroc et de Mohammed VI
Hormis la radio, Eli a d’autre ambitions. « J’ai une passion pour le transport aérien, le e-commerce et j’aime entreprendre ». Mais il consacre beaucoup de temps à son premier amour, la radio. « Ce travail, couplé à mon handicap, ne me permet plus de faire autre chose, mais je suis sûr que j’aurai le temps un jour pour me consacrer à ces autres passions qui viennent naturellement au second plan ».
Aujourd’hui, si Eli collabore avec une radio marocaine, c’est aussi parce qu’il est un grand fan de Mohammed VI et du Maroc qu’il a visité quelques années plus tôt avant sa rencontre avec Youness Boumehdi, comme il nous l’assure.
« J’ai visité le Maroc pour la première fois en 2003 pour des raisons de santé oculaire. J’ai été impressionné par ce pays qui a une longueur d’avance sur les pays de l’Afrique subsaharienne. Sa Majesté Mohammed VI, dans sa nouvelle vision d’une coopération active Sud–Sud, donne l’occasion à nos pays de viser le même niveau de développement que le Maroc », nous explique-t-il. Ce dernier déclare avoir « une grande admiration et un énorme respect » pour le souverain et avoir fait partie de plusieurs délégations accompagnant le roi au cours de ses tournées africaines.
Aujourd’hui, celui qui passe toute l’année entre Lomé, le siège régionale de Hit Radio et Abidjan, reste convaincu qu’« attirer les jeunes par la musique est ce qu’il y a de plus simple à faire de nos jours » et que participer à leur éducation, à leur épanouissement et à leur rêve de voir le continent émerger « reste un défi exaltant que nous devons relever avec brio ».
Une ambition qui, selon lui, conforte le groupe Hit Radio « dans la première position en Afrique en termes de radios de divertissement et surtout des plus grands réseaux de radiodiffusion en Afrique, fait à 100% par des Africains ».
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