Affaire des huiles empoisonnées : une solution qui se fait attendre

Vieille de 50 ans, l’affaire de l’huiles empoisonnées n’a toujours pas connu d’épilogue. Le ministère de la Santé apporte pour la première fois des précisions.

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La ligue marocaine des victimes des huiles empoisonnées défend et réclame le versement des indemnisations aux victimes des hules frelatées Crédit: DR
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L’affaire remonte à il y a un demi-siècle, mais le dossier est toujours non résolu. A Meknès, en 1959, des commerçants peu scrupuleux ont vendu aux Marocains des huiles de moteurs d’avion mélangées aux huiles de consommation. Bilan : 20.000 victimes, dont 700 réclament toujours des indemnités  La ligue marocaine des victimes des huiles empoisonnées les défend et réclame le versement des indemnités décidées à l’issue du procès en 1960 mais qui n’avaient pas été perçues.

Actuellement, elles sont de 1000 dirhams par adulte et de 200 dirhams par enfant à charge. Au total, un montant qui s’élève à  30 millions de dirhams est toujours réclamé par les victimes. A force de persévérance, la ligue a arraché une convention tripartite ratifiée en 2010, par les ministères des Finances, de la Santé et la Fondation Hassan II pour les Œuvres sociales des anciens militaires et anciens combattants. Elle fixe notamment des indemnités pour 400 victimes et prévoit la mise en place de projets sociaux.

Les victimes affirment pour leur part ne recevoir qu’une partie de leur dû, et s’interrogent sur le sort de la totalité des indemnités. Contacté par Telquel, le ministère de la Santé s’est pour la première fois exprimé sur ma question. « Au lendemain de la signature de cette convention, nous avons transféré l’ensemble des dossiers des malades à la Fondation Hassan II des anciens militaires et anciens combattants », souligne le ministère  qui ajoute avoir « soldé les comptes financiers et administratifs des malades ». En clair : le ministère assure ne plus avoir de rôle dans le processus d’indemnisation. Mais le département d’El Ouardi nous assure qu’il continue de dispenser des prestations médicales aux victimes des huiles au sein des hôpitaux militaires et de l’hôpital Al Ayachi à Salé.

Le département d’El Ouardi apporte d’autres précisions. « Quelques mois après la signature de la convention, le ministère a reçu 331 nouveaux dossiers de victimes d’empoisonnement de la part de l’hôpital Al Ayachi de Salé. Le 16 mars 2011, les dossiers ont été transmis à la Fondation Hassan II », explique-t-onLe ministère de la Santé signale également que le 27 mai 2014, le département a été convoqué par l’institution du Médiateur. Une réunion ayant regroupé les trois parties lors de la signature de la convention en 2010. Les conclusions :

– Rendre effective la commission tripartite dans les plus brefs délais pour qu’elle se penche sur la révision des dispositions de la convention de 2010 et examine les dossiers des 331 nouvelles victimes ;

– Le ministère des Finances est chargé de la mission de coordination entre les différentes parties ;

De même source, on apprend qu’une prochaine réunion sous la houlette du ministère des Finances se tiendra pour examiner la situation des victimes qui ne bénéficient pas encore du système des indemnités. Mais aucune date n’a encore fixéeL’affaire des huiles empoisonnées risque donc de traîner encore longtemps dans les placards.

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