Cop 22 : Quels enjeux pour le Maroc ?

Lors de la visite de François Hollande au Maroc, la question de l'environnement et l'organisation de la COP 21 en France, suivi de la COP 22 au Maroc en 2016 ont été au centre des discussions entre les chefs d'État. Tour d'horizon des grands enjeux de cet événement majeur.

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COP 22 - crédits : AFP

Les 19 et 20 septembre, lors de la visite de François Hollande au Maroc, Ségolène Royal, ministre, de l’environnement du gouvernement français fut du cortège présidentiel. Sa présence et son rôle, prépondérant dans l’organisation de la COP 21 se déroulant en décembre 2015 en France, laissait supposer que la thématique de l’environnement et la succession de l’organisation d’un tel événement par le Maroc, un an plus tard, allaient être au centre des discussions entre Mohammed VI et Hollande. Aussi est-il important de comprendre les réels enjeux, d’un tel événement et les mesures mises en place dès maintenant pour promouvoir ce dernier.

La COP sert à établir un diagnostic sur la situation du réchauffement climatique et à se mettre d’accord sur des actions à mener afin de respecter l’objectif fixé de limiter la hausse des températures à 2 degrés d’ici la fin du siècle. Pour arriver à un accord mondial, cette conférence doit évidemment convier pratiquement tous les États du monde, qui viennent avec bien souvent des intérêts diverses. D’où la difficulté de conclure certains accords. Le leadership du pays hôte est ainsi souvent évalué, en fonction de ce qui a été décidé ou non pendant la COP.

L’Afrique, première concernée par le changement climatique

Selon le rapport 2014 du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), l’Afrique sera, d’ici 2050, le continent le plus concerné par le changement climatique. Le rapport explique que «plus de 500 millions d’hectares de terres ont déjà été dégradés, par suite des effets du changement climatique (érosion des sols, désertification, etc.).» En août dernier, l’Institut mondial des ressources établissait un rapport sur la situation des ressources hydriques de 167 pays, dont le Maroc. Le rapport indiquait entre autres que la situation des ressources risquait de s’aggraver d’ici les 25 prochaines années. Le royaume chérifien figure ainsi parmi les 33 pays les plus menacés. Ainsi donc ces questions relatives à l’environnement et la suite à donner dans la lutte contre le réchauffement climatique concernent directement le Maroc.

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Hollande et Mohammed VI signent « l’Appel de Tanger »

Lors de leur entretien, le président français et le roi ont signé « l’Appel de Tanger ». Un accord binational, dans lequel les deux pays se sont engagés à «n’épargner aucun effort pour œuvrer en faveur de l’adoption, lors de la Conférence de Paris, d’un accord universel, global, durable, équilibré et juridiquement contraignant, s’appuyant sur les objectifs et les principes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et permettant de limiter le réchauffement climatique.» Lors de la signature de cet « Appel de Tanger », le Maroc et La France ont appelé les pays développés à préciser le soutien financier qu’ils apportent déjà et apporteront dans les prochaines années afin d’atteindre l’objectif de mobiliser 100 milliards de dollars par an, à compter de 2020, de sources publiques et privées, en faveur d’actions de lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.

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Le Maroc et sa politique volontariste

Comme un symbole, le Maroc n’a pas attendu qu’on lui confie l’organisation de la COP 22 pour se distinguer comme l’un des acteurs majeurs africains de la lutte contre le réchauffement climatique et dans la préservation de l’environnement. Le Plan national de l’Eau initié par le Maroc en 2013 avait, par exemple, pour objectif de répondre à cette situation de stress hydrique préoccupante. Parmi les actions qu’il préconisait,  le dessalement de l’eau de mer, le captage des eaux de pluie, la déminéralisation des eaux saumâtres et la réutilisation des eaux usées épurées, devaient permettre d’y remédier un minimum. On notera également que le Maroc fut le deuxième pays africain, après le Gabon, à s’engager à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Le pays s’était fixé l’objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 13% en 2030, avec une possibilité de réduction additionnelle de 19% sous réserve d’un appui financier international, qui porterait ainsi l’effort de réduction à 32% à l’horizon 2030.

Le COP 22 aura également des retombées positives pour l’image et l’économie du Maroc. Lors d’une interview au Monde, Sarah Schönfeld, coordinatrice du Club France développement durable et chargée de mission Europe et international au Comité 21, déclarait que «3 à 4000 journalistes doivent être accrédités pour se rendre au Bourget et couvrir la COP21.» Si un tel ratio est similaire lors de l’édition COP 22 à Tanger, la couverture médiatique présente au Maroc en 2016 sera un atout dans la promotion du royaume chérifien, en matière de politique de développement durable. Les retombées économiques d’un tel événement ne sont jamais à négliger. À titre d’exemple, le gouvernement français, pays hôte de la COP 21, table par sur 100 millions d’euros de retombées économiques pour la région Ile-de-France, d’après le ministère de l’Écologie.

Des grands groupes industriels se manifestent

Nombreux sont les Marocains aujourd’hui à s’intéresser de près à la problématique de l’environnement. Que ce soit à titre personnel, à l’instar de Medhi Zairi, invité à la réception royale de Tanger le 19 septembre, en raison de son action en faveur du développement durable, ou en tant qu’entreprise. Progressivement, certains grands groupes industriels présents au Maroc montrent en effet leur volonté de s’intégrer dans une politique majeure de lutte contre la pollution industrielle, en marge de la COP 22 qui aura lieu au royaume en 2016. Vendredi 18 septembre, le groupe Centrale laitière, filiale de Danone au Maroc et Suez ont publié un communiqué officiel indiquant leur partenariat dans la gestion des déchets industriels. Suez, partenaire de la COP 21 précise : «Soucieuse de l’impact environnemental de ses activités de production, Centrale Laitière Danone s’est associée à SUEZ, leader de la gestion des déchets au Maroc, pour gérer les déchets issus de ses 4 usines de production et de nombreuses plateformes logistiques réparties sur l’ensemble du territoire marocain.»

Dans ce communiqué, Jacques Ponty, Directeur général de Centrale Laitière Danone explique que son groupe est pleinement «conscient de son impact sur son écosystème et a engagé depuis 2013 d’importants investissements sur ses infrastructures industrielles et logistiques pour améliorer son empreinte environnementale et son efficacité énergétique», rajoutant que «la gestion complète des déchets industriels, couplés à la recherche de la plus grande valorisation et de recyclage possible, confié au professionnalisme de SUEZ, est un élément réussi de cette ambition »

Sur son blog officiel, le groupe Lydec a également publié un rapport de ses actions en faveur de la lutte contre le changement climatique. Parmi ces dernières, l’«efficacité énergétique, la sobriété énergétique, le recours aux énergies renouvelables, l’optimisation des déplacements et la réduction des émissions » sont les critères prioritaires du groupe.

Si Danone ou la Lydec soignent leur image de marque en communiquant ainsi, il n’en est pas moins important pour le Maroc de compter en son sein des groupes industriels responsables. D’autres grands groupes seront appelés à se mettre au diapason, en marge de l’organisation de la COP 22.

 

 

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