La loi de finances 2015 introduit une nouvelle stratégie culturelle à l’horizon 2020, qui se placerait en rupture avec les précédentes « politiques culturelles » du pays. Son but ? En faire un secteur générateur de revenus et parvenir, à terme, à en faire un levier de développement économique. Mohamed Amine Sbihi, ministre de la Culture, nous explique comment il compte y arriver.
Telquel.ma: Pourquoi la culture a-t-elle longtemps été considérée comme un secteur non prioritaire par le gouvernement ?
Mohamed Amine Sbihi: Les pouvoirs publics ont longtemps pensé la culture comme un secteur qui concernait uniquement l’élite. Il n’y avait donc pas de nécessité, selon ce raisonnement, de prévoir une politique publique. Aujourd’hui, on a enfin compris, avec la crise d’identité et la crise économique que traverse le Maroc, que la culture a un rôle à jouer pour renforcer les valeurs de l’identité marocaine, mais qu’elle peut aussi être un levier de développement. C’est une prise de conscience récente, mais elle est désormais effective.
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Quelles sont les priorités de la stratégie Maroc culturel 2020 ?
Depuis 2012, nous travaillons sur un plan sectoriel avec cinq priorités : mettre en place une politique culturelle de proximité afin de répondre aux besoins en infrastructures culturelles dans les différentes régions, accompagner la création à travers des fonds de soutien, valoriser le patrimoine culturel, ainsi que renforcer notre présence à l’international avec une diplomatie culturelle plus active. Tout cela grâce à un cinquième point: une gouvernance de qualité pour accompagner tous ces projets.
La culture est un domaine transversal qui a besoin d’une stratégie plus globale pour que les différents intervenants du secteur coopèrent davantage et qu’ils aient plus de moyens à leur disposition. C’est tout le sens de cette stratégie culturelle 2020.
Comment le Maroc peut, à terme, faire de la culture un secteur générateur de revenus ?
Il est aujourd’hui impératif d’en faire un levier de développement économique. Les industries culturelles créatives peuvent représenter jusqu’à 6% du PIB dans les pays développés. Il s’agit donc de mettre en place des structures d’accompagnement, que ce soit au niveau de la création, de la production, de la diffusion, de la commercialisation et de l’exportation. Dans tous les pays du monde, la culture est soutenue par les pouvoirs publics, mais doit aussi être soutenue par des entités économiques et culturelles, comme les maisons d’édition, les maisons de production musicale et le réseau des librairies. Sans ces entités économiques nous ne pouvons aspirer à une politique culturelle cohérente du pays.
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