Le retrait de la CGI de la bourse inquiète les petits porteurs

Après l'annonce du retrait de la CGI de la bourse, les petits porteurs s’inquiètent du prix des actions qui sera fixé et parlent déjà d’action en justice.

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Crédit : Yassine Toumi.

La CGI se retire de la bourse de Casablanca "" href="http://telquel.ma/2014/10/22/cgi-se-retire-bourse-casablanca_1420280" target="_blank">La CGI a fait part le 22 octobre de sa volonté de se retirer de la bourse de Casablanca. L’annonce arrive en plein scandale autour du projet Madinat Badis d’El Hoceima. La décision a été prise sur demande du ministre des Finances, ce qui ne surprend pas Karim Yousfi, commissaire aux comptes et porteur d’actions CGI, « étant donné que l’Etat est actionnaire principal, cela ne me paraît pas irrégulier ».

La CGI va maintenant évaluer le prix de ses actions, puis soumettre sa demande au Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) qui tranchera sur la recevabilité de retrait. « Le CDVM donnera juste son avis mais l’étude du prix est réalisée par un cabinet indépendant », nous précise Alae Yahya, analyste financier. Le temps ensuite de vendre les actions, l’affaire devrait durer entre trois et six mois.

L’ évaluateur qui fixera le prix des titres sera choisi par CDG développement, actionnaire principal de la société. L’entreprise peut réaliser cette évaluation comme elle l’entend : « Pour que le CDVM donne son accord, l’entreprise devra quand même donner un minimum de références. Mais il peut s’agir d’un cabinet de conseil comme une banque d’affaires », nous précise Farid Mezouar, ancien analyste directeur du site flm.ma.

Rachid El Rhana, administrateur du forum de la bourse de Casablanca s’inquiète déjà : «  Il n’y a pas de méthode d’évaluation universelle donc on ne fait pas confiance. Ils vont sans doute faire un mélange entre plusieurs méthodes d’évaluation qui les arrangent. C’est déjà ce qui s’est passé avec Mediaco ». L’entreprise  de manutention Mediaco avait annoncé sa sortie de bourse en septembre dernier, huit ans après son entrée. Son action avait perdu 94 % de sa valeur depuis 2006.

« On se sent trahis »

Les petits porteurs attendent donc impatiemment de savoir à combien pourront-ils revendre leurs actions. Ils sont tous très surpris : « La majorité avait acheté au moment de l’euphorie, les gens croyaient en la bourse, dans la pierre. Comme c’est une entreprise étatique, ils pensaient pouvoir avoir confiance », explique Rachid El Rhana.

Une vraie douche froide alors que l’entreprise était plutôt sur une bonne pente. «  La CGI était comme un arbre planté il y a sept ans et demi. Les premiers fruits commencent à apparaître.  Et là, avant que les fruits naissent, on dit qu’on va couper l’arbre », image Karim Yousfi, qui a pour 6 millions de dirhams d’actions à la CGI, dont certaines achetées à 2260 dirhams alors qu’il craint de les perdre à moins de 300. A noter que le dernier cours de l’action était de 725 dirhams. Il ajoute : « Le cours remontait ces derniers mois parce que les grands projets ont commencé à être livrés. Puis il y a eu le scandale cet été. Mais la CGI n’a pas de problème de rendements, c’est un problème de management et de deniers publics détournés ». « On se sent trahis. Les fraudeurs malhonnêtes ont eu notre peau », s’attriste un autre porteur qui possède 600 actions, Zahire Abdeljallil.

Les petits qui vont payer pour les gros ?

Ces investisseurs craignent de payer le prix de la mauvaise gouvernance dont ils ne sont pas responsables : « S’il y a eu gonflage et risque, le cours risque de s’écrouler donc si la CGI avait maintenu son titre en bourse, cela aurait fait encore plus scandale », imagine Karim Yousfi. Il ajoute : « S’ils veulent liquider et renationaliser d’accord, mais qu’ils assument le coût sans nous le faire porter. L’épargnant ne saurait être tenu pour responsable des erreurs initiales de l’Etat qui a décidé de transformer le but d’une de ses institutions de mission d’intérêt général non lucrative à mission et objet lucratif. »

Comme nous le rappelle Farid Mezouar, « l’OPR [l’Offre publique de retrait, demandée par la CGI, NDLR] n’oblige pas les petits porteurs à vendre, ils peuvent rester actionnaires. C’est là que la décision de la RMA de rester ou non va être déterminante. Si elle reste dans le tour de table, la gouvernance va rester figée entre actionnaires privés et publics. »

Le CDVM pointé du doigt

Ces actionnaires déplorent un manque d’honnêteté  de longue date : « Il y a eu un mensonge flagrant sur le business plan », nous expliquent plusieurs d’entre eux. A ce sujet, ils dénoncent le CDVM, qui à les croire, n’a en réalité aucun pouvoir. « Nous avons demandé des explications, nous avons alerté sur l’incohérence entre le business plan et les résultats mais  les représentants du CDVM nous ont répondu qu’il ne se sont prononcés ni sur le business plan ni sur les valeurs, qu’ils donnent juste leur accord. Pour monsieur tout le monde, ce visa était un gage de sécurité ». Pourtant, les règles du CDVM sur ce point sont claires. Dans la note d’information de l’introduction en bourse de la CGI il est spécifié que « le visa du CDVM n’implique ni approbation de l’opportunité de l’opération ni authentification des informations présentées« .

Lors de son entrée en bourse, la CGI avait prévu des résultats nets de 1 151 millions de dirhams pour l’année 2010. Ils n’ont été que de 838 millions. Même tendance en 2011 : 2 266 millions de dirhams estimés contre 438 millions effectivement réalisés.

Action en justice ?

Les petits porteurs s’organisent, échangent leurs informations sur un forum dédié à la question. Plusieurs parlent même de poursuite judiciaire, même s’ils n’ont aucun recours pour dénoncer le prix qui sera fixé. « Si c’est nécessaire, on poursuivra le directeur général de la CGI et le président de la CDG puisque ce sont eux la cause de cette ruine. Nous sommes actionnaires au même titre que l’état donc celui qui vole l’état nous vole nous. Moi j’irai jusqu’au bout en tous cas », nous confie  Karim Yousfi. Pour l’heure, la fixation d’un prix de l’action défavorable à tous les porteurs n’est encore qu’une crainte et rien ne prouve que ce sera le cas. Cependant, ceux qui ont acheté l’action à un prix avoisinant les 2000 dirhams accuseront indéniablement une perte. Les porteurs voient ainsi s’éloigner l’espoir que l’action s’apprécie et qu’ils puissent récupérer leur investissement.

Cette sortie de la bourse risque de dissuader des investisseurs étrangers, et même nationaux. Mais pour le moment, « la bourse se porte bien et il n’y a pas de panique » nous assure Alae Yahya justement en séance boursière.

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  • je suis désolé pour les petits porteurs dont je faisais parti il y a quelques années mais après la crise financière de 2008, j’ai revendu tous les titres de mon portefeuille actions avec perte mais en tirant quelques leçons quand on est un boursicoteur amateur comme ce fut le cas pour moi.
    1) ne pas garder ses actions trop longtemps .
    2) les revendre dès que leur prix augmente sur le marché.
    3) ne pas écouter les soit disant experts et autres analystes financiers mais par contre, faire confiance à son flair et à son instinct.
    4) et de manière générale, s’éloigner de la bourse des valeurs et faire bon usage de la sienne et laisser ce domaine aux professionnels.